Réforme des retraites. Rennes, Nantes, Paris… colère après la décision du Conseil constitutionnel. ( OF.fr – 15/07/23 )

Des centaines de manifestations ont eu lieu dans toute la France suite à la validation de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel.
Des centaines de manifestations ont eu lieu dans toute la France suite à la validation de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel. | MARC OLLIVIER / OUEST-FRANCE

La validation de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel a renforcé la détermination des opposants au report progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Syndicats et opposants politiques ont appelé Emmanuel Macron à renoncer à la promulgation de la réforme, alors que les heurts et manifestations se sont multipliés dans toute la France.

Huées, consternation et colère ont accueilli vendredi 14 avril 2023 la décision du Conseil constitutionnel de valider l’essentiel de la réforme des retraites, lors de rassemblements dans toute la France qui ont parfois débouché sur des manifestations sauvages émaillées de dégradations.

Il appartient maintenant au président de la République, Emmanuel Macron, de décider de la date de promulgation de la réforme, dont la mesure emblématique, le report progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

La décision du Conseil constitutionnel, tombée peu avant 18 h, y a été accueillie par les huées des manifestants.

Dans la foulée, l’intersyndicale a indiqué « prendre acte » et a demandé « solennellement à Emmanuel Macron de ne pas promulguer la loi ». Les syndicats ont ajouté soutenir les actions et grèves engagées et les initiatives qui seront décidées localement. Avant de conclure sur le réseau social Twitter par « La #ReformeDesRetraites c’est NON !

Environ 4 000 personnes s’étaient rassemblées en début de soirée à l’appel de plusieurs syndicats, dont la CGT et FO, selon une source policière. Plusieurs centaines de jeunes s’y étaient rendues plus tôt, après avoir manifesté au départ de la gare Saint-Lazare.

« C’est scandaleux. Où est la démocratie ? », lance Béa, bibliothécaire de 61 ans. Non loin, un quadragénaire se dit « trop abattu » pour réagir à chaud. « Certains disent que la mobilisation faiblit, moi je crois qu’elle se radicalise », a estimé Raji Aletcheredji, 24 ans, syndiqué Solidaires.

Plusieurs centaines de personnes sont ensuite parties en cortèges sauvages dans les rues du centre de Paris. Ceux-ci ont été émaillés d’incidents et de dégradations et des groupes de manifestants ont parfois été encerclés par des forces de l’ordre.

À 22 h 30, la préfecture de police avait procédé à 112 arrestations. Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a évoqué sur BFMTV une « trentaine de mises à feu de poubelles ».

À Rennes, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre. « C’est une déclaration de guerre », a réagi Fabrice Le Restif, secrétaire de l’Union départementale FO d’Ille-et-Vilaine. « On nous a craché à la gueule, on ne va pas se laisser faire ».

En début de soirée, la porte d’un poste de police a été incendiée avant que les flammes ne soient éteintes au bout de quelques minutes après l’intervention d’un canon à eau. Même scénario sur une des portes du centre des congrès sis dans l’ancien couvent des Jacobins.

« Les dégradations et attaques ce soir à Rennes, contre un commissariat et le Couvent des Jacobins, par des casseurs déterminés à en découdre sont inacceptables », a dit le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur Twitter.

Le mouvement a par ailleurs été très suivi dans tout l’Ouest, de Brest à Angers, en passant par Caen, Cholet, Saint-Nazaire, Lorient, Bayeux ou Saint-Lô. À Nantes, 3 500 personnes sont descendues dans les rues au cours de la soirée pour dénoncer le « mépris du pouvoir ».

Des manifestations et rassemblements ont également été organisés à Lille, Dijon, Caen ou Marseille où des opposants à la réforme des retraites ont envahi les voies ferroviaires de la gare Saint-Charles et perturbé durant plusieurs heures la circulation des trains.

« Gouvernement têtu et sourd »

Dans la cité phocéenne, environ 200 personnes se sont également rassemblées devant la préfecture. « Là je pense que tout le monde est un peu révolté, désabusé, dégoûté parce que là on s’assoit sur la démocratie en fait », a réagi Marion, 35 ans.

À Strasbourg, un rassemblement statique autorisé a réuni 600 à 700 personnes dans le centre. La décision du Conseil constitutionnel a d’abord été accueillie dans un silence manifestement résigné, avant des prises de parole.

Une manifestation sauvage a été organisée avant de prendre fin après 21 h. Les policiers ont fait plusieurs fois usage de lacrymogènes.

À Toulouse où 2 300 personnes s’étaient rassemblées dans l’après-midi pour une manifestation, selon la préfecture, quelques centaines de personnes se sont réunies place du Capitole vers 18 h.

À Bordeaux, après un rassemblement d’environ 400 personnes, une partie d’entre elles ont manifesté à partir de 20 h, dont une bonne partie de manifestants radicaux qui ont causé des dégâts – poubelles brûlées, abribus cassés, vitrines de banques brisées – et lancé des projectiles sur les forces de l’ordre. Celles-ci ont riposté avec des gaz lacrymogènes.

Des manifestations ont eu lieu dans d’autres villes de la région comme Poitiers ou Pau.

À Dijon, bravant la pluie glaciale, et cantonnées sur une place du centre par un important dispositif policier, quelque 200 personnes ont entonné des chants.

À Lyon, 300 à 400 personnes, selon la préfecture, étaient en mouvement dans le centre en début de soirée, éparpillées par petits groupes dans les petites rues mais repoussées par des tirs de lacrymogène

À Grenoble, quelque 200 personnes étaient en manifestation sauvage dans les rues en début de soirée, la police les repoussant à plusieurs reprises.

« Ce n’est pas fini », a promis en réponse l’intersyndicale, convaincue que ne pas promulguer la loi est le « seul moyen de calmer la colère […] ». Le président « ne peut pas gouverner le pays tant qu’il ne retire pas cette réforme », a insisté la numéro un de la CGT Sophie Binet.

L’intersyndicale n’acceptera pas non plus l’invitation lancée par Emmanuel Macron et ne souhaite pas d’échange avec l’exécutif avant le 1er mai, pour lequel le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger appelle à de « grandes manifestations populaires ».

Source : Réforme des retraites. Rennes, Nantes, Paris… colère après la décision du Conseil constitutionnel (ouest-france.fr)

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