Réformes des retraites : le Sénat vote le texte mais rien n’est réglé à l’Assemblée. ( Marianne – 12/03/23)

Après d’âpres débats, le palais du Luxembourg à majorité LR a voté samedi soir le texte porté par Oliver Dussopt. Mais cela n’augure en rien d’une victoire parlementaire pour le gouvernement la semaine prochaine.

En apparence, une bonne journée pour l’exécutif. Après avoir constaté un reflux de la mobilisation dans les rues ce samedi 11 mars, le gouvernement a eu la satisfaction de voir le Sénat voter la réforme des retraites à une confortable majorité le même jour, peu avant minuit. 195 voix contre 112, mettant fin au premier round parlementaire du texte, avec une journée d’avance sur l’échéance fixée à dimanche minuit, en vertu du 47 alinéa 1, l’article de la Constitution auquel le gouvernement a eu recours pour limiter le temps des débats législatifs. « Une étape importante a été franchie », s’est d’ailleurs félicitée Élisabeth Borne, frustrée de ne pas avoir pu enjamber le même obstacle il y a quinze jours à l’Assemblée, bloquée par la farouche obstruction de LFI. « Enfin, nous y voilà ! », s’est exclamé en écho le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau qui a tout de même pris soin de demander au ministre du Travail Olivier Dussopt de transmettre un message au président Emmanuel Macron. « Nous votons la réforme, mais nous ne votons pas (pour) lui », a-t-il affirmé.

En réalité, rien ne s’est déroulé comme prévu au Sénat, étape pourtant décrite depuis le début par les macronistes comme un parcours de santé, tant Les Républicains menés par Bruno Retailleau et Gérard Larcher ont fait du décalage de l’âge légal de départ à la retraite l’un des fondamentaux de leur positionnement politique.

Les débats ont été plus bien plus âpres qu’envisagé malgré l’absence d’élus LFI et RN au Sénat. Les élus de gauche donnant du fil à retordre aux partisans de la réforme. Une tension inédite s’est même installée. Il a fallu que la majorité LR de la chambre haute déploie des trésors d’ingéniosité, allant puiser dans les tréfonds du règlement interne du palais du Luxembourg pour accélérer l’examen du texte. Quant à Emmanuel Macron, il a dû se résoudre à actionner la procédure du vote bloqué. Celle-ci permet un vote unique sur l’ensemble du texte sans mettre aux voix les amendements auxquels le gouvernement est défavorable.

Vers un 49.3 ?

Préalable plausible à un déclenchement de l’article 49.3 de la Constitution à l’Assemblée la semaine prochaine pour adopter la réforme sans vote, éventualité à laquelle la majorité semble peu à peu se résoudre. Car nul n’était capable ce week-end d’assurer qu’après la Commission mixte paritaire prévue ce mercredi, conclave qui réunit 7 députés, 7 sénateurs, et autant de suppléants dans une salle à huis clos du Palais Bourbon avec l’objectif de parvenir à un compromis sur les mesures que les deux chambres n’ont pas votées dans les mêmes termes, le gouvernement trouvera une majorité à l’Assemblée pour voter son texte, toujours aussi contesté par les Français. Recourir à l’article 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites serait « dangereux » et constituerait « une forme de vice démocratique », a une nouvelle fois prévenu le leader de la CGT Laurent Berger dans une interview au JDD.

Selon le tout dernier décompte fourni samedi soir par l’AFP, à ce stade, entre 30 et 35 députés LR seulement (sur 61) envisagent de voter le texte, une quinzaine de s’y opposer, et environ une dizaine de s’abstenir. Ce qui en l’état, ne permettrait pas au gouvernement de faire passer sa réforme via un scrutin.

par Soazig Quéméner

Source: https://www.marianne.net/politique/reformes-des-retraites-le-senat-vote-le-texte-mais-rien-nest-regle-a-lassemblee

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