
Le 10 juillet, Starmer et Macron ont passé un accord concernant « les migrants ». C’est-à-dire les dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient la guerre et la misère et cherchent à se réfugier dans un pays où leur vie sera moins terrible.
Par Gérard BAUVERT.
Le 10 juillet, le Premier ministre britannique Starmer et le président français ont passé un accord concernant « les migrants ». C’est-à-dire les dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient la guerre et la misère et cherchent à se réfugier dans un pays où leur vie sera moins terrible.
D e barbelés, aux murs hérissés tout autour de l’Union européenne (et en son sein entre les différents pays qui la composent) ils cherchent – de plus en plus difficilement – à éviter les différentes polices et autres milices privées chargées de les traquer et de les refouler. Sans oublier Frontex, « police européenne », qui les pourchasse impitoyablement. N’hésitant pas, entre autres actes barbares, à couler « les petits bateaux » dont parle cyniquement le Premier ministre social-démocrate K. Starmer.
Cet accord, en résumé (après ceux du Touquet en 2003 et l’accord Royaume-Uni-France de 2022), prévoit « le renvoi en France d’un migrant arrivant au Royaume-Uni illégalement et traversant la Manche, en échange de quoi Londres s’engage à accueillir sur son territoire un migrant se trouvant sur le sol français et exprimant sa volonté via une plateforme en ligne de s’installer au Royaume-Uni et justifiant du lien dans ce pays » (AFP).
Cette ignominie est selon Médecins sans frontières « non seulement absurde mais aussi extrêmement dangereuse ». Pour l’association L’Auberge des migrants « les êtres humains sont une simple monnaie d’échange (…) les gens sont vus non pas comme des personnes mais comme des clandestins ». D’autres associations parlent « d’accord de la honte » ou encore « d’accord sordide ».
Le Haut Commissariat aux réfugiés de l’Onu (HCR) estime en revanche pour s’en féliciter que l’accord « s’il est mis en œuvre de manière appropriée, pourrait offrir un accès à la protection aux demandeurs d’asile et réfugiés des deux côtés de la Manche » (AFP). Il fallait oser l’écrire.
Le gouvernement français a doublé la capacité des centres de rétention administrative
21000 personnes – chiffre officiel – ont traversé la Manche dans les six premiers mois de l’année dans des bateaux de fortune. 50 % de plus qu’en 2024. Combien sont morts noyés ? Impossible de le savoir avec exactitude bien entendu. Mais des centaines chaque année au moins. Combinant au marchandage ignoble entre Starmer et Macron, le gouvernement français a décidé de doubler la capacité des centres de rétention administrative.
Pour mémoire, ces camps de la honte comme nous les qualifions depuis leur création, ont été institués en 1981 (29 octobre), sous la houlette de François Mitterrand, par un gouvernement de l’union de la gauche (PS, PC, radicaux…). Ce qui a fait rougir de plaisir le Front national de l’époque. Tous les gouvernements qui se sont succédés, de « gauche », de droite ou d’ailleurs, se sont appuyés depuis lors sur cette loi et ont construit de nouveaux camps de rétention. De 1 400 places à 1 869 avec l’objectif d’atteindre 3 000 places.
Actuellement il y a 24 camps et la construction de 8 supplémentaires est prévue. 46 955 personnes ont fait l’objet d’un placement en rétention en 2023 dont 17 000 dans l’Hexagone et 30 000 dans les ex-colonies françaises, parmi elles 3 262 enfants rien que pour Mayotte où l’administration française (préfet, gendarmerie et police) s’est permise de rattacher artificiellement des mineurs à des majeurs accompagnants pour pouvoir expulser les deux ensemble.
Il y a quelques jours, le gouvernement a décidé de porter le délai de rétention de 90 jours à 210 jours. Il existe aussi des locaux de rétention (LRA) destiné à garder 48 heures au maximum en attendant leur transfert dans un camp de rétention ou… leur remise en liberté. Et il y a les zones d’attente pour personne en instance (Zapi) qui sont juridiquement distinctes des CRA et sont généralement dans les aéroports… Nous nous arrêterons là.
Tout ce système répressif est une énorme machine à fabriquer des clandestins. Le scandaleux accord Starmer-Macron s’inscrit dans un ensemble, dans une logique mise en œuvre dans les sommets de l’Union européenne, de l’impérialisme, depuis des années et déclinée par chacun des gouvernements en fonction de sa situation, de ses besoins, chacun à leur guise. L’UE elle-même a passé des accords avec la Turquie pour parquer des millions d’hommes sur son territoire moyennant finance. Macron, Starmer dont nous avons parlé, mais aussi Meloni avec plusieurs gouvernements de Lybie de Tunisie et l’Albanie. Les cris d’orfraie de certains gouvernements européens concernant la politique de Trump ou d’Orban ne sont que des trompe-l’œil hypocrites. Ils font avec moins de moyens la même chose qu’eux. Abandon du projet Starmer-Macron ! Abrogation de la sinistre loi de 1981 ! Régularisation des sans-papiers !
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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/07/21/refugies-accord-macron-starmer-laccord-de-la-honte/
URL de cet article:https://lherminerouge.fr/refugies-accord-macron-starmer-laccord-de-la-honte-io-fr-21-07-25/