Près de 10 000 manifestants ont défilé dans le centre de Lorient (Morbihan) pour protester contre la réforme des retraites ce jeudi 19 janvier 2023. Nous les avons suivis dans le froid et sous la pluie.
Parapluies, gilets orange et bottes de pluie. À Lorient (Morbihan), la manifestation en opposition à la réforme des retraites ne démarre pas sous les meilleurs auspices ce 19 janvier 2023 matin. « Quel temps de chien ! », râle un syndicaliste en remontant son col.
Sous la grisaille, plusieurs milliers de manifestants sont réunis cours de Chazelles. Le départ du cortège, aussi long que le parcours est court, est prévu à 10 h. Familles et amis cherchent leurs proches dans la foule avant le début de la marche. Peu de musique, quelques slogans, et des visages cachés sous des capuches : l’humide défilé s’élance à 10 h 15, sans grand entrain.
« Un super moment en famille »
« Ça fait plaisir de voir autant de monde », se réjouissent Herman Hurtecam et Sandy Chavatel. Le couple de quadragénaires, salarié de Naval Group pour lui, indépendante pour elle, est habitué aux rassemblements du syndicat Force Ouvrière. Il a entraîné ses enfants dans la protestation : Liza, 22 ans, et Mathys, 19 ans, ont tous les deux quitté leur travail – un poste en supermarché et une matinée d’intérim – pour ne pas louper l’événement.
« Nous sommes jeunes mais c’est maintenant qu’il faut lutter contre la réforme des retraites », affirme Liza, qui s’intéresse de plus en plus à la politique. « Et c’est un super moment en famille », ajoute Mathys, grelottant, enchanté que le foyer se retrouve ensuite au chaud dans un restaurant. Après quinze minutes de marche, le groupe est déjà à la moitié du parcours. Autour d’eux, les manifestants avancent doucement, et parlent peu.
« On a connu manif plus chantante »
Dans le caniveau, des restes de pétards et de fumigènes fument encore. « Il faut qu’ils arrêtent, ça suffit maintenant », peste Ronan, après une énième détonation. Sa fille Eryn, en primaire, est au bord des larmes sous son petit parapluie. Les explosions sont loin de la rassurer. « Elle n’a pas école et nous ne pouvions pas la faire garder, explique le papa, alors elle m’accompagne . »
Le duo accélère le pas, descend le cours de la Bôve, arrive déjà devant la sous-préfecture. Il est à peine 11 h. Les Lorientais secouent leur drapeau, soufflent sur leurs mains ou sautillent sur place pour se réchauffer. L’air de « Je ne veut pas travailler », est diffusé par des enceintes afin de réveiller la foule. Sans grand succès. « On a déjà connu une manif plus chantante », avoue Julien Boisnel, qui travaille à Naval Group.
Plus grand monde pour le discours
Finalement lassés d’attendre les retardataires puis des discours qui n’arrivent pas, les manifestants se dispersent, désertent la place Glotin. Ils ne seront plus que quelques centaines à écouter l’intersyndicale saluer « le succès » de cette première manifestation qui a rassemblé 10 000 personnes, 9 000 selon le comptage de la police.
Les syndicats invitent à rester mobilisés et à ne rien lâcher […] S’il faut aller jusqu’à la grève interprofessionnelle reconductible, nous irons !
Ils se réunissent ce vendredi 20 janvier et pourraient décider d’une deuxième manifestation : dès le mardi 24 janvier ou dans une semaine, jeudi 26. Toujours sous la pluie ?
Auteur : Laure-Anne MARXUACH.
Source : REPORTAGE. A Lorient, avec les dix mille manifestants dans la grisaille (ouest-france.fr)