Reportage : « Blocage paysan et citoyen » en Haute-Loire (IO.fr-24/12/25)

Au rond-point du lieu-dit Les Baraques, le 23 décembre 2025. (Correspondant)

Mardi 23 décembre, au rond-point du lieu-dit Les Baraques, la Coordination rurale et la Confédération paysanne avaient appelé à une opération de « blocage paysan et citoyen ». L’affiche qui circulait sur les réseaux était nette : « Nos vaches valent plus que leurs profits ! ».

Par le correspondant IO.

Mardi 23 décembre, au rond-point du lieu-dit Les Baraques, à quelques kilomètres du Puy-en-Velay, la Coordination rurale et la Confédération paysanne avaient appelé à une opération de « blocage paysan et citoyen ». L’affiche qui circulait sur les réseaux était nette : « Nos vaches valent plus que leurs profits ! »

Dès 10 heures, des tracteurs arrivent avec des pancartes ciblant l’abattage systématique, le Mercosur et, bien sûr, le gouvernement.

Une délégation de la France insoumise arrive, les groupes d’action avaient appelé dans un communiqué « à se mettre à disposition du mouvement ». Un agriculteur : « Les politiques n’ont rien à faire ici ! » mais un autre rétorque : « Tous ceux qui se battent pour nous sont les bienvenus. »

Et les militants LFI conserveront leurs badges sans problème. Plus tard dans la matinée, un jeune agriculteur les interpelle amicalement : « Vous auriez dû amener Marion Meunier avec vous. On la voit partout, et ça fait un moment qu’elle nous défend ! »

Sur le point de « blocage paysan et citoyen », à quelques kilomètres du Puy-en-Velay.

Une délégation de l’union départementale Force ouvrière, qui avait indiqué son soutien au rassemblement, était aussi là. Dans les citoyens venus en soutien des agriculteurs, on notait en effet la présence de nombreux militants syndicaux, tel ce tanneur, militant CGT, venu accompagner son voisin éleveur : « Si on n’appuie pas nos paysans maintenant, en Haute-Loire, on est foutus ! » Une autre : « Je suis là parce que je me souviens quand on a abattu à cause de la brucellose les trente vaches de mon père qui était fermier. Même si j’ai fait un autre métier, je sais ce que c’est comme drame et je ne veux pas que qui que ce soit vive ça ! »

Cette disponibilité des militants syndicaux interroge. Pourquoi leurs confédérations ne les ont-elles pas appelés à soutenir les exigences vitales des agriculteurs qui se heurtent au même gouvernement que celui qui impose aux salariés les fermetures d’usine, le blocage des salaires, la casse de la Sécu ? Est-ce un nouvel avatar de leur prise de position en faveur de « la stabilité » ?

Les agriculteurs, qui viennent à la rencontre des militants venus les soutenir, tiennent à expliquer leur situation.

« Le gouvernement veut une trêve. Nous préférerions être avec nos familles en ce moment, mais ce matin on s’est levés plus tôt pour faire notre boulot et on est venus bloquer parce que l’on pense au collègue à qui on va annoncer demain que l’on abat son troupeau. Ça peut être chacun d’entre nous. Pour lui, il n’y aura pas de fêtes : juste la ruine et des années de travail foutues en l’air. Pourtant, il existe d’autres solutions : la quarantaine, les antibiotiques, la vaccination. On aime nos bêtes, on ne veut pas de ce carnage.

Alors mardi, on était à la préfecture ; vendredi, on a bloqué à Brioude (une sous-préfecture du département) ; aujourd’hui, on est ici et on décidera ensemble comment nous continuons. Même pendant les fêtes. »

« Ça n’est pas mal vu de la population. On nous apporte à manger sur les points de blocage. Les gens nous encouragent même si on les retarde. Ils tiennent à l’agriculture paysanne. »

« Notre sénateur (Laurent Duplomb, LR) , quand je l’entends déclarer à la presse que si on abat son troupeau, il trouvera ça normal… Il ne faut pas être agriculteur pour parler comme ça ! »

« Celui-là, il a pondu une loi pour nous encourager à travailler plus mal et qu’on se mette la population à dos. »

« On dirait que le gouvernement ne veut plus d’éleveurs en France. Les traités de libre-échange c’est de la concurrence déloyale. Il n’y a pas les mêmes normes sociales et environnementales, et maintenant l’abattage des troupeaux ! »

« C’est pour les intérêts de Rousseau (dirigeant de la FNSEA). Il a des actions dans les fermes au Brésil. Un petit éleveur, ils ne savent pas ce que c’est, les têtes de bétail ils les comptent par milliers. »

« Les médias ne disent plus un mot de nous, pourtant il y a encore des actions un peu partout. Ils sont aux ordres des gros. »

À midi, une centaine de paysans et citoyens continuent à occuper le rond-point. Les automobilistes qui sont ralentis prennent la chose avec le sourire. Il y a même des coups de klaxon d’encouragement. Non, décidément, Macron n’est pas parvenu à calmer la colère agricole, ni à tourner la population contre eux.

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« Tant que la ministre ne voudra pas céder, on sera là »

Rassemblement au rond-point d’Aubière en présence de la députée LFI Marianne Maximi. (Correspondant)

Lundi 22 décembre, une cinquantaine d’agriculteurs avec leurs organisations syndicales (confédération paysanne, Modef 63 et Coordination rurale), se sont rassemblés au rond-point d’Aubière, à proximité de Clermont-Ferrand, pour distribuer des tracts à la population lors d’un barrage filtrant.

Ils sont mobilisés pour faire aboutir leurs revendications dont les deux plus urgentes et centrales : – l’élargissement de la vaccination et l’arrêt immédiat des abattages systématiques des troupeaux, qui sont un véritable carnage ; – contre l’accord de libre-échange du Mercosur, qui signe la disparition de la paysannerie.

Des délégations de militants FO et CGT sont venues apporter leur soutien, tout comme la députée insoumise Marianne Maximi et plusieurs militants LFI. La discussion s’est très vite engagée entre les éleveurs et les militants venus les soutenir. L’état d’esprit est à la détermination et au combat : – « Tant que la ministre ne voudra pas céder, on sera là. » ; – « On restera mobilisés tant que nous ne serons pas entendus. » La discussion s’est poursuivie autour d’un vin chaud offert par les manifestants. D’autres mobilisations vont suivre dès janvier.

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/reportage-blocage-paysan-et-citoyen-en-haute-loire-io-fr-24-12-25/

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