La manifestation organisée par la Confédération paysanne à Carhaix (Finistère) a attiré environ 200 personnes sur le rond-point du Poher, pour dénoncer « la disparition des paysans » et plébisciter « une transition agroécologique ».
Par Anthony RIO.
La circulation est dense ce vendredi 2 février 2024 à midi aux abords du rond-point du Poher, à Carhaix (Finistère). Les automobilistes, obligés de suivre une longue déviation depuis le début du blocage de la route nationale 164, se retrouvent ralentis par une nouvelle manifestation : celle menée par l’union départementale de la Confédération paysanne. Les coups de klaxon se font entendre, en signe de soutien pendant la distribution de tracts. Barbecue et crêpes sont au menu du jour.
« On a décidé de faire cuire des crêpes plutôt que de cramer des pneus au bord de la route », lance Julien Tallec, porte-parole départemental du syndicat, au micro, taquinant au passage la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), qui tient le blocage de la route nationale 164 depuis dix jours. Devant lui, se trouvent environ deux cents personnes, qui applaudissent.
« Reculade sociale et environnementale »
« On a choisi Carhaix car il y a l’usine Synutra à côté, symbole du libre-échange et du modèle agricole breton », continue Julien Tallec, lors d’un discours dans lequel il plébiscite « le retour du bon sens paysan » : « On ne veut pas importer ni exporter si ça met les paysans en concurrence. »
Il fustige des « normes qui posent question » et déplore la mise en pause du plan Écophyto, annoncée la veille par le gouvernement. « Une reculade environnementale et sociale », ainsi que « la disparition des paysans due à l’agrandissement des exploitations, à la baisse des revenus et à l’image qu’on donne. Si on mettait autant d’argent dans la transition agroécologique qu’on en met dans le maintien du système qui nous a amenés au pied du mur, ça fait longtemps qu’on aurait une agriculture plus propre, résiliente et en meilleure santé. »
Dans la foule, on trouve des agriculteurs, mais aussi des sympathisants du syndicat, des membres du Nouveau parti anticapitaliste et de la Confédération générale du travail.
« L’objectif est de produire durablement »
Félice Branger est éleveur laitier à Rostrenen (Côtes-d’Armor). « Je ne me sens pas représenté par ceux qui se font entendre, comme le président de la FNSEA, explique-t-il. On est ici pour dire non aux normes, mais pas toutes. L’objectif est de produire durablement. » Il est venu avec Adrien Le Lay et Camille Rémond, également éleveurs. « Il y a deux mois, ils ont annoncé un grand plan pour planter des haies. Et la semaine dernière, Gabriel Attal a annoncé le passage de quatorze à une seule réglementation sur les haies. On ne comprend pas. »
Une marche vers Nutri’babig
Tristan Le Bideau, 28 ans et conseiller agricole, est venu d’une commune voisine. « Je ne suis pas syndiqué mais cette colère me parle. Je m’occupe des installations et j’aide les exploitations sur l’administratif. Par exemple, les demandes d’aide de la politique agricole commune (Pac), ça n’a jamais été aussi long et compliqué. »
Après plus de deux heures de mobilisation, une petite cinquantaine de personnes se sont dirigées vers l’usine Nutri’Babig de Carhaix pour une marche symbolique, qui a créé quelques embouteillages.
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