
Nettoyage, soin, artisanat, handicap… Pendant que la France se réveille le matin, la journée a déjà commencé depuis longtemps pour de nombreux professionnels qui ont pris le rythme d’un travail décalé. Nous sommes allés à leur rencontre, dans le Finistère. Pour le cinquième volet de notre série, nous avons suivi une infirmière au service médecine de l’hôpital de Landerneau à sa prise de poste, à 6 h 30.
Par Eloïse LEVESQUE.
Il fait encore nuit noire à Landerneau (Finistère) et Marine Le Droff enfile sa blouse d’infirmière au service de médecine de l’hôpital. Il est 6 h 30. La jeune femme est professionnelle depuis 2018 et cet horaire, pour elle, « c’est une habitude ». Sa mission est de prendre le relais de ses collègues de nuit qui débauchent à 7 h.
« Plus on fait ça tôt, mieux c’est »
Le planning matinal est minuté. « Je fais d’abord un premier tour des chambres pour effectuer les prises de sang prescrites par le médecin la veille », annonce-t-elle. Vu l’heure, elle doit réveiller la plupart des malades. Elle rentre donc à pas de souris. « Je dois reprendre votre date de naissance », souffle-t-elle à son patient, peu disposé à bavarder. Elle explique : « On n’est pas toujours bien reçus mais on n’a pas le choix. La prochaine navette pour Brest est à 8 h 30 pour les analyses. Plus on fait ça tôt, mieux c’est. Certains attendent les résultats pour sortir. La navette suivante n’est qu’à 10 h 45. »
Quatre pour une trentaine de lits
À peine sa tournée finie, elle va prêter main-forte à ses collègues. Comme elle, ils sont quatre à tourner en même temps pour une trentaine de lits à cet étage. Sa présence n’est pas de trop, car justement, Gaëtan, ne parvient pas à piquer un senior. « C’est assez fréquent, note-t-elle. Si aucun de nous n’y arrive, il faudra prendre une veine au poignet. Mais ça fait plus mal. »
Pendant ce temps, au bout du couloir, les aides-soignants préparent les petits-déjeuners. Il y en a 60 à mettre sur plateau et la distribution doit débuter à 7 h 45. « En fonction de l’état de santé, de la capacité de déglutition, on adapte le contenu. Il faudra aider certains à manger », commente Arnaud Prigent, aide-soignant.
« Des maintiens à domicile difficiles »
Marine Le Droff enchaîne avec les perfusions, les constantes et les médicaments. C’est la deuxième tournée des chambres. Beaucoup de lits sont occupés par des personnes âgées. Parmi eux, « on a des détresses respiratoires, des maintiens à domicile difficiles ». Comme Guy, 69 ans, récemment opéré d’un cancer. « Je maigrissais, j’ai été hospitalisé pour que je reprenne du poids. » Ou Marie-Louise, 83 ans. « Je suis diabétique et j’ai eu une grosse fatigue. J’ai un scanner dans trois jours, cela déterminera la suite », ajoute-t-elle. Après leur séjour, certains retourneront chez eux, d’autres partiront en convalescence ou en Ehpad. Le marathon de Marine Le Droff se terminera à 14 h 30, après la transmission au médecin et les soins.
Dix lits supplémentaires cet hiver
En ce moment, le rythme est soutenu mais « constant » pour les 63 équivalents temps plein de l’ensemble du service médecine. Il ira crescendo avec l’arrivée du froid. Pour autant, la direction ne se veut pas inquiète. Contrairement à d’autres services plus en tension, celui-ci « est attractif auprès des candidats. De manière générale, nous arrivons à recruter ». L’établissement a d’ailleurs réussi à embaucher pour ouvrir 10 lits supplémentaires cet hiver. « Le service était confronté à des pics d’activité importants, sur cette période délicate, les années précédentes. Cette création d’unité permettra une meilleure prise en charge des patients cette année, après passage aux urgences ou en accès direct après orientation du médecin traitant », ajoute la direction de l’hôpital. Au total, l’établissement emploie 740 équivalents temps plein.
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