
Par Raji Samuthiram
Ce mercredi, un membre du GIGN a abattu d’un tir de sniper un homme kanak de 38 ans de la tribu de Saint-Louis, Rock Victorin Wamytan. Une nouvelle victime de la répression coloniale qui se poursuit.
Mercredi 10 juillet, les forces de répression ont encore tué en Kanaky. Cette fois-ci, la victime est un homme kanak de 38 ans, Rock Victorin Wamytan, tué par un tir de sniper d’un membre du GIGN sur la commune du Mont-Dore, à l’Est de Nouméa. L’unité de la gendarmerie nationale est déployée depuis début mai pour mater les révoltes contre le dégel du corps électoral. La victime est le neveu du président du congrès de Kanaky-Nouvelle-Calédonie Roch Wamytan.
Après cette annonce, les médias se sont empressés de relayer l’explication de la gendarmerie, justifiant ce meurtre par la « légitime défense ». Selon eux, les gendarmes tentaient de débloquer une route menant à la tribu Saint-Louis et auraient été ciblés par des tirs. Dans le même temps, se déploie un argumentaire visant à criminaliser la victime, en reprenant la rhétorique du procureur qui a insisté sur les « antécédents judiciaires » de Rock Victorin Wamytan. En 2018, celui-ci avait notamment été condamné à 10 ans de prison pour avoir pris part à des révoltes en 2016 suite au meurtre resté impuni d’un jeune kanak, William Decoiré, issu de la même tribu, par un gendarme lors d’un contrôle.
Une condamnation qui témoigne surtout de la continuité de la répression d’État, 6 ans plus tard.. Ce drame est une nouvelle expression des violences d’État en cours en Kanaky, où les révoltes ont repris en vigueur depuis l’arrestation des leaders de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) et leur déportation dans l’Hexagone, alors qu’un couvre-feu reste en place jusqu’au 15 juillet. Ce nouveau meurtre porte le bilan officiel des morts en lien avec les révoltes à 10, dont deux gendarmes. Un chiffre qui, selon des témoignages sur place, pourrait largement sous-estimer le nombre de victimes kanak.
Dans ce cadre, récemment, 3 500 policiers et gendarmes ont été envoyés « afin de garantir le bon déroulement des opérations de vote. » De plus, les milices coloniales, appuyés par la police et les élus loyalistes, continuent de se faire le relai de la violence de l’État français, à coup de barre de fer, des battes de baseball, et de fusils de calibre 12. Alors que la dissolution de l’Assemblée nationale a conduit au report du dégel du corps électoral, la loi n’est pas encore suspendue et la polarisation reste vive.
Celle-ci s’est exprimée à l’occasion des élections, avec notamment l’élection d’Emmanuel Tjibaou de l’Union calédonienne et du FLNKS à l’Assemblée nationale, dans une victoire historique. De son côté, le faible score du loyaliste Nicolas Metzdorf, député sortant réélu dans la première circonscription, témoigne des difficultés des forces qui ont soutenu et organisé la répression des révoltes. Alors que la colère de la jeunesse kanak continue de s’exprimer contre le dégel et contre l’oppression et la répression coloniale, il est fondamental d’exprimer depuis la France une solidarité avec la lutte pour l’auto-détermination de la Kanaky.
En particulier, le soutien de l’ensemble du mouvement ouvrier et des autres mouvements sociaux en France est indispensable. La séquence électorale et les manœuvres politiques à l’Assemblée qui en découlent ne doivent pas reléguer au second plan les mobilisations en Kanaky, et le soutien au combat indépendantiste ainsi qu’aux familles des victimes dans leur combat pour la justice et la vérité, à la lutte pour le retrait des forces de répression coloniales, ainsi que pour la libération et l’arrêt des poursuites contre les indépendantistes est plus que jamais fondamental.
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