
© Stephane AUDRAS/REA
Deux Français sur trois sont favorables à une abrogation de la réforme portée par l’exécutif d’Elisabeth Borne en 2023, selon un sondage Ifop commandé par la CGT. 70 % des sondés disent préférer le système par répartition aux retraites par capitalisation. C’est six points de plus qu’en 2018.
Par Naîm SAKHI.
La CGT n’en a pas fini avec la réforme des retraites de 2023. Ce lundi 14 avril, la confédération de Montreuil a dévoilé un sondage démontrant que 68 % des Français se déclarent favorables à un référendum sur les retraites. La centrale dirigée par Sophie Binet prend ainsi au mot Emmanuel Macron. Lors de ses vœux, le chef de l’État disait envisager la tenue d’un référendum, courant 2025, sans en préciser, depuis, la nature et le calendrier.
Plus intéressant, selon l’étude commandée à l’Ifop, si un tel scrutin était organisé, 65% des Français voteraient en faveur d’une abrogation de la réforme qui a instauré l’âge légal de la retraite à 64 ans, dont 73 % des salariés. Plus largement, 61% des Français estiment qu’il faudrait revenir à un âge de départ à 62 ans. Et 56 % sont favorables à un retour à 60 ans, rejoignant ainsi la position de la CGT.
« Nous voulons l’abrogation de cette réforme. L’intersyndicale a fait la démonstration que d’autres mesures de financement que cette violente réforme des retraites, qu’Emmanuel Macron a imposée par 49-3, existent. Nous ne partons pas d’une page blanche », mesurait Sophie Binet, en décembre, dans nos colonnes.
Depuis, un rapport de la Cour des comptes avait démenti la thèse reprise par François Bayrou d’un déficit caché des retraites des fonctionnaires. Et pour enterrer le dossier des retraites, le premier ministre avait torpillé le « conclave » sur les retraites, qu’il avait lui-même décrété, en fermant la porte à un retour sur la réforme de 2023.
Seuls 29 % des Français font confiance aux retraites par capitalisation
Une majorité de sondés s’inquiète par ailleurs des conséquences du coup de force perpétré contre le mouvement social. Selon l’Ifop, 50 % des actifs « affirment penser avec inquiétude au jour où ils prendront leur retraite », dont 53 % de salariés. De plus, 54 % des actifs pensent ne pas pouvoir travailler à temps plein jusqu’à l’âge de 64 ans, dont 60 % de femmes et 66 % d’ouvriers. Plus inquiétant, 43 % des salariés du privé estiment que leur entreprise ne les maintiendra pas dans leurs effectifs jusqu’à l’âge de 64 ans.
Enfin, au crépuscule du « conclave » entre syndicats et patronat, l’offensive patronale sur l’instauration des retraites par capitalisation battait son plein. Sans effet sur l’opinion publique, selon l’étude de l’Ifop. Ainsi, seuls « 29 % des Français ont confiance dans les marchés financiers pour assurer le financement de leurs retraites », et 70 % d’entre eux déclarent préférer le système par répartition. C’est six points de plus qu’en 2018.
« Attention aux publicités mensongères : dans plusieurs pays où les retraites ont été capitalisées, c’est-à-dire jouées en Bourse pour les intérêts des fonds de pension ou des banques, tout a été perdu lors des différentes crises financières », insistait Thomas Vacheron, début avril, dans nos colonnes. Et le secrétaire confédéral de la CGT de conclure : « Avec la capitalisation, on sait ce qu’on verse mais pas ce qu’on reçoit une fois retraité. Avec le salaire socialisé, on est protégé, avec la capitalisation, on risque de perdre sa pension. »
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