
Pas une réunion syndicale de terrain ne se tient, pas une réunion de groupe d’action de La France insoumise, sans que ne soit réaffirmée une exigence, une revendication qui encadre toutes les autres : l’abrogation de la réforme des retraites.
Par Pierre PALETOT.
L’abrogation pure et simple, le refus de l’allongement de la durée de cotisation, le refus du report à 64 ans de l’âge de départ, la défense et le maintien de tous les régimes spéciaux.
La revendication est claire et nette, elle est ancrée dans toutes les manifestations et les grèves du puissant mouvement qui s’est développé pendant six mois avec les organisations syndicales, unies pour la porter. Elle est ancrée dans les centaines d’assemblées générales et les réunions qui ont jalonné ce mouvement.
Cette exigence a été au centre de la déroute électorale subie par Macron à trois reprises en juin et juillet derniers, au centre du mandat confié par les électeurs aux organisations du Nouveau Front populaire (NFP).
Défaite électorale dont Macron a tenté de s’exonérer en utilisant les institutions de la Ve République par un coup de force contre la démocratie, contre la volonté populaire en nommant Barnier Premier ministre d’un gouvernement réactionnaire protégé par le Rassemblement national, le même Barnier qui s’était naguère prononcé pour porter l’âge de départ à la retraite à 67 ans !
Et Barnier de réchauffer le plat du « dialogue social » pour « réfléchir à des aménagements raisonnables et justes de la loi sachant qu’il est impératif de préserver l’équilibre de notre système de retraites, par répartition ». Pour Barnier, il s’agit de mettre les confédérations au pied du mur du dialogue social.
La presse s’est empressée d’assurer le service après-vente du discours de Barnier en soulignant que « les organisations de salariés se montrent ouvertes pour entamer des discussions avec le gouvernement. » Le journal l’Opinion a jugé l’intersyndicale « prête à discuter » et « plutôt séduite par Barnier ».
Tel dirigeant syndical vantant « une stratégie consistant à tenter de s’engouffrer dans les brèches. Sans cadre précis, ne mettons pas de préalable aux éventuelles discussions. »
Mobilisation
« 64 ans, c’est toujours non ! » est le titre du communiqué des confédérations sorti lundi 7 octobre. Elles appellent « le Premier ministre à suspendre immédiatement la réforme pour permettre son abrogation… les mesures d’âge doivent être abrogées. »
C’est le rôle des confédérations syndicales d’entrer en discussion avec le gouvernement pour exprimer cette exigence, mais personne ne peut croire qu’une « conférence de financement » ou un recours au Conseil d’État convaincra le gouvernement Macron.
Alors ? Y a-t-il une autre voie que la mobilisation unie et déterminée ? C’est ce qui se discute dans les réunions syndicales dans les entreprises et les services : à nouveau la préparation du choc pour mettre en échec la réforme des retraites tout comme le budget d’austérité et de saccage des services publics préparé par Barnier.
La tâche de l’heure n’est-elle pas d’engager cette mobilisation, de surmonter les obstacles qui l’entravent, d’utiliser tous les points d’appui pour la conforter ?
Ne serait-il pas plus simple de comprendre qu’aucune hésitation ni connivence au sommet ne peuvent longtemps différer le choc qui se prépare entre la feuille de route du gouvernement Barnier et l’aspiration de la masse des salariés et des citoyens.
Et la même question ne vaut-elle pas aussi à propos des hésitations parlementaires autour des motions de censure du gouvernement ou textes d’abrogation de la réforme Macron, tous soupesés en fonction de considérations qui tiennent peu compte des exigences des électeurs citoyens. Le mandat populaire est intact : abrogation de la réforme des retraites ! Dehors Macron !
MOTION DE CENSURE À L’ASSEMBLÉE « Vous gouvernez par effraction » (Clémence Guetté, LFI) L’Assemblée nationale a rejeté, ce 4 octobre, la motion de censure déposée par le NFP, grâce à l’accord de la droite, des macronistes et du Rassemblement national. « Vous ne pouvez ignorer la violence de ce détournement démocratique. (…) Premier ministre issu d’un parti laminé, et gouvernement issu d’un parti rejeté par trois fois en un mois. Placé sous la tutelle de l’extrême droite alors que deux tiers des Français sont venus lui faire barrage », a déclaré le député et premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, dans un discours acerbe, au cours duquel l’ancien président de la République et député de Corrèze, François Hollande, était absent des bancs de l’Assemblée. « C’est mathématique. Sans le soutien du Rassemblement national, votre gouvernement tomberait. (…) Il y a un accord politique entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen », lance la cheffe de file des Verts, Cyrielle Chatelain. La députée LFI, Clémence Guetté, raille, quant à elle, une « coalition invraisemblable des perdants » composée d’une « cohorte de réactionnaires ». « Vous gouvernez par effraction. (…) Vous n’avez ni la légitimité du Parlement, ni sa confiance », déclare-t-elle en s’adressant au Premier ministre. |
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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/10/09/retraites-abrogation/
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