Retraites : les enjeux du « conclave » de Bayrou (IO.fr-21/01/25)

François Bayrou. Patrick Martin, président du Médef (photos AFP).

Ce qu’ils voudraient : ne plus financer le « système par répartition » basé sur des droits.

Par Nicole BERNARD.

Nous sommes fin 2022. Macron s’engage, dans le programme de stabilité adressé à l’Union européenne, à baisser les retraites de 2,2 %. Et, pour cela, il veut reculer l’âge de départ à 65 ans. Le prétexte ? Les retraites sont en déficit.

Ce n’est pas, alors, ce que dit le Conseil d’orientation des retraites (Cor) pour qui « les évolutions de la part des retraites dans le PIB resteraient une trajectoire maîtrisée à l’horizon 2070 » (rapport annuel de juin 2021, confirmé fin 2022).

Macron « remercie » le Cor en changeant son directeur pour mettre son ami Gilbert Cette à la place. Deux ans après, alors que la réforme Macron s’applique depuis septembre 2023, la population veut toujours l’abrogation de la réforme. Le gouvernement Barnier vient de tomber sur cette
exigence.

À la recherche d’un déficit pour ne pas abroger

Le gouvernement Bayrou, toujours à la recherche d’un déficit qui justifierait le refus d’abroger, se tourne vers le Cor qui lui répond que le déficit, compte tenu de l’application de la réforme, tourne autour de 0,4 % du PIB à l’horizon 20301. Gilbert Cette a beau être un ami du président, les chiffres sont les chiffres…

Au point que Bayrou décide de ne pas demander au Cor, comme c’est son rôle, de fournir des chiffres au « conclave » mais de demander à la Cour des comptes. Il est vrai qu’avec l’ex-PS Pierre Moscovici, il pense être tranquille.

Au point que Bayrou invente une nouvelle présentation comptable pour créer, de toutes pièces, un « déficit ».

Mais, s’il ne s’agit pas de résorber un déficit qui n’existe pas, alors quelles sont les motivations profondes du patronat et du gouvernement ?

Le président du Medef Patrick Martin, l’a expliqué (Les Échos du 8 janvier) : « Il faut poser, beaucoup plus fondamentalement, le sujet du niveau et du financement de notre protection sociale ». Ce qui veut dire ? « Il faut ouvrir l’assiette de financement, seule solution pour ne pas étouffer complètement les entreprises qui sont asphyxiées » (idem).

Asphyxiées, les entreprises ? Avec 160 milliards d’aide publique, 78 milliards d’exonérations de cotisations ? « Asphyxiées » lorsque les entreprises du CAC 40 versent 98 milliards à leurs actionnaires !

Le patronat qui, contrairement à ce qu’on nous explique2, n’a JAMAIS accepté la création de la Sécurité sociale, veut utiliser le déni de démocratie que constitue le maintien du gouvernement Macron-Bayrou pour avancer dans la voie de la mise à bas de notre système.

Avec l’aide de la CFDT, dont la secrétaire, Marylise Léon, déclare : « Le sujet du financement de la protection sociale n’est pas nouveau et c’est un sujet sur lequel il faut qu’on puisse travailler effectivement ».

Le patronat ne veut plus payer

Il faut être clair : le patronat ne veut plus payer. Le gouvernement lui a, déjà, donné, beaucoup de satisfactions :

– les cotisations assurance maladie sont passées de 13 à 7 % pour les salaires inférieurs à 2,5 fois le Smic ;

– les cotisations allocations familiales : de 5,25 % à 3,45 % pour les salaires inférieurs à 3,5 fois le Smic.

Le patronat ne veut plus financer « le système par répartition » basé sur les droits3.

Il veut que « dans le cadre de la concertation sur les retraites, soit mise sur la table la question d’une dose de capitalisation afin de trouver des solutions pérennes à la baisse prévisible du taux de remplacement des pensions avec des solutions d’épargne ».

C’est 1945 qui a permis d’en finir avec l’injustice sociale majeure des régimes par capitalisation qui ne profite qu’aux riches puisque la retraite dépend de ce qui a été mis de côté pendant la vie active. Le gouvernement l’a installé depuis 2019 avec le plan épargne retraite déductible des impôts. Qui peut accepter de revenir à un système aussi injuste qui fournit aux investisseurs des revenus juteux ?

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/01/21/retraites-les-enjeux-du-conclave-de-bayrou/

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