Retraites : « Ne nous trahissez pas » (IO.fr-22/06/24)

Lors de la manifestation à l’appel notamment du Nouveau Front populaire, à Paris, le 15 juin (photo AFP).

Ce qui se passe depuis dimanche 9 juin n’a rien à voir avec un simple épisode électoral. Cela a commencé en janvier 2023, lorsque des millions ont manifesté contre la réforme scélérate des retraites…

Par Nicole BERNARD.

« Ne nous trahissez pas » : c’est ce que des centaines de jeunes scandaient lundi soir pendant que les directions des partis de gauche se réunissaient.

Ce qui se passe depuis dimanche 9 juin n’a rien à voir avec un simple épisode électoral, a fortiori concernant des élections européennes dont personne ne sait bien pour qui et pourquoi il vote.

Cela a commencé en janvier 2023. Les millions qui ont manifesté contre la réforme scélérate des retraites ont dû rentrer sans obtenir son retrait exigé par la majorité du pays, faute d’avoir été appelés à bloquer le pays pour faire reculer le gouvernement des riches.

Malgré une mobilisation historique, faute d’un appel à la grève totale, comme en 1995, Macron a pu imposer le recul à 64 ans de l’âge de la retraite. La situation intolérable d’un pays contraint de subir les attaques de plus en plus rudes d’un gouvernement de plus en plus haï est en train de se dénouer. À quel rythme et comment, nul ne le sait. Mais il est impossible de comprendre, autrement, ce qui s’est passé la semaine dernière.

Est-ce un hasard si la question des retraites est au cœur de la situation ?

Après avoir promis qu’il abrogerait la loi d’avril 2023, Jordan Bardella annonce finalement, le 12 juin, que cela dépend des résultats d’un audit des dépenses publiques.

« Peut-être qu’en arrivant au pouvoir, on va se rendre compte que la situation financière est encore plus catastrophique, ce qui pourra réduire nos marges de manœuvre » annonce le député RN Renaud Labaye.

Ça tombe bien. Macron a justement demandé un audit au Conseil d’orientation des retraites.1

Pour être sûr des résultats, le président de la République a nommé, en octobre 2023, Gilbert Cette, un ami de toujours à la présidence du Cor.

Et que nous dit Gilbert Cette ? « Si certaines hypothèses peuvent apparaître optimistes, d’autres peuvent être défavorables : il est très difficile de savoir comment elles vont se combiner » (cité dans La Croix, le 14 juin).

Bref, on n’est sûr de rien ! Enfin, si. Ce dont on est sûr, c’est que le président du Cor, comme son ami Macron, veulent continuer à réduire les retraites.

Pourquoi ? « Même si les dépenses reculent, les ressources diminuent plus encore ».

Que les dépenses reculent, on n’en doute pas une minute puisque c’est le but du report de l’âge de départ. Et le COR nous confirme bien que la pension moyenne diminue et que « les taux de remplacement sont en baisse ».

Mais les recettes ?

Les cotisations baisseraient-elles ? Non. Ce n’est pas cela qui baisse (malgré les exonérations consenties). Ce qui baisse (dans les prévisions) ce sont les financements de l’État pour les régimes spéciaux.

Car si Macron a dû consentir la « clause du grand-père » et maintenir les régimes spéciaux pour les bénéficiaires actuels, il ne veut plus payer pour équilibrer les régimes spéciaux ou les retraites des fonctionnaires.

C’est un pur et simple reniement des obligations que le gouvernement a contractées à l’égard de ses fonctionnaires, des gaziers et électriciens, cheminots, etc.

Ce sont les gouvernements successifs qui ont réduit le nombre de fonctionnaires et d’agents des services publics. Or, le Cor et son président considèrent que ces recettes ne sont pas garanties et qu’on ne peut tabler sur elles à coup sûr.

À préciser que, pendant que le Cor hésite à s’engager sur les obligations de l’État, il n’hésite pas à discuter, sur mandat du gouvernement Borne, de la remise en cause des droits familiaux, c’est-à-dire des dispositions destinées à permettre aux femmes de compenser les inégalités de carrière. C’est le cas des majorations de durée d’assurance pour les mères qui permettent à 85 % des femmes de partir moins tard à la retraite.

Bref, pour le RN comme pour Macron, la réforme des retraites n’est pas terminée.

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Assurance chômage
Attal s’entête Pas de trêve pour les précaires, il leur faudra travailler huit mois sur les vingt derniers mois pour toucher le chômage, contre six mois sur vingt-quatre mois jusqu’ici ! Alors que le président Macron avait annoncé un possible ajournement de la réforme de l’assurance chômage durant les législatives, le Premier ministre Attal a annoncé jeudi 13 juin sur France Inter que le décret durcissant les conditions d’indemnisation des chômeurs serait publié comme prévu « d’ici au 1er juillet », précisant que sa réforme resterait « sur des paramètres qui sont ceux qui avaient été mis en place lors de la réforme de 2019 ». Aucun report, aucune perspective de négociations pour les syndicats qui ont unanimement voté contre le décret mercredi dernier lors de la Commission nationale de la négociation collective (CNNC). Frédéric Souillot, secrétaire général de la confédération Force ouvrière (FO) sur BFM Business a déclaré à ce sujet : « C’est pas qu’on refuse de s’exprimer, on s’exprime sur les revendications et sur le reste. (…) Le seul responsable de cette situation, c’est le président de la République. Sa dissolution, c’est un aveu d’impuissance, et un rejet de ses politiques qu’il a menées depuis au moins 2022. (…) Moi ce que je dis, c’est qu’on va publier nos revendications, et dans nos revendications, il y a la hausse des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites, l’abrogation de la réforme de l’assurance-chômage (…). Aujourd’hui, remettre en cause, réduire encore les droits des demandeurs d’emploi, ce n’est pas ça qui crée du travail. »
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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/06/22/retraites-ne-nous-trahissez-pas/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/retraites-ne-nous-trahissez-pas-io-fr-22-06-24/

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