
Dans les allées du Salon étaient présentées des solutions technologiques censées faciliter la vie des producteurs. Entre quelques innovations bienvenues, sociétés et start-up rivalisent pour survendre les bienfaits de leurs gadgets aux visiteurs.
Par Marie TOULGOAT.
Alors que ruminent les dizaines de vaches et que bêlent les palanquées de moutons qui ont fait le déplacement jusqu’au Salon de l’agriculture, qui fermait ses portes ce dimanche 2 mars, c’est un animal d’un tout autre genre que les visiteurs de la grande messe agricole ont pu observer.
Une sorte de grand chien de plastique et de métal déambule avec sa démarche saccadée dans les allées du parc des expositions de Versailles. Doté d’une petite caméra sur son ventre, le robot quadrupède peut capter des images des sols sans abîmer les cultures.
Des drones pour pulvériser des produits phytosanitaires
Aux curieux qui interpellent les scientifiques de l’Inrae sur cette drôle de machine, l’un d’eux explique. « En naviguant de manière autonome, le robot nous permet de faire des cartographies précises. Il pourrait bientôt être utilisé pour faire des prélèvements », précise l’ingénieur. Si le Salon de l’agriculture foisonne d’animaux d’élevage de toutes races, il regorge aussi de nombreuses technologies qu’institutions de recherche et start-up s’ingénient à présenter au public. Parfois pour le meilleur, quelquefois pour le pire.
Ainsi, à deux pas du robot canidé, un fabricant de drones tente de refourguer ses plaquettes aux passants, assurant que ses produits représentent un gain de temps et de main-d’œuvre pour les cultivateurs. « Quand les exploitations sont grandes, il est difficile pour un viticulteur de savoir précisément combien de pieds de vigne manquent. Grâce à l’intelligence artificielle, nos drones peuvent faire ces analyses », assure la salariée de la start-up Agreego.
En plus des diagnostics, le robot volant pourra même aider à faire des semis, larguant les graines depuis les airs, mais aussi pulvériser des produits phytosanitaires sur les cultures. Les pesticides ont beau être épandus depuis le ciel, il n’y aurait aucun risque de volatilité : « Ils sont beaucoup moins dangereux que d’autres produits », essaie de convaincre la représentante de la société.
« Les paysans se retrouvent dans une situation de subordination »
Plus loin, ce sont des panneaux solaires qu’un autre stand tente de promouvoir. Pourquoi au salon de l’agriculture ? « Nous prospectons auprès d’agriculteurs qui souhaiteraient installer des panneaux photovoltaïques sur leur exploitation. Nous exploitons l’énergie contre un loyer », explique l’employé de la société Samsolar.
L’entreprise aide les agriculteurs, assure-t-elle, puisque ces fermes photovoltaïques représentent un complément de revenus pour les paysans, qui doivent toutefois sacrifier une partie de leur surface agricole. « Nous faisons tout pour ne pas gêner le travail et le passage des machines », s’empresse d’ajouter le commercial, anticipant les critiques. Pas suffisant pour convaincre tous les paysans.
À quelques mètres de là, la Confédération paysanne, syndicat défenseur d’une agriculture durable, jette un regard noir sur l’agrivoltaïsme. « Condamnés à la précarité et privés de liberté dans le choix de leurs pratiques culturales, les paysans se retrouvent dans une situation de subordination où la production alimentaire devient un sous-produit de la production énergétique », dénonce ainsi l’organisation. Pas sûre que certaines de ces technologies soient en effet pensées pour répondre à la crise agricole.
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