Roussel en avant-poste de Hollande (IO.fr-21/10/23)

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF-Assemblée nationale, le 3 octobre

Par Daniel SHAPIRA

Dimanche 15 octobre, le conseil national du PCF a adopté une déclaration de rupture avec la Nupes.

Dans la déclaration adoptée par le conseil national national du PCF le 15 octobre, on lit : « La Nupes, telle qu’elle a été constituée après l’élection présidentielle sous la volonté hégémonique de LFI, est devenue une impasse et ne reflète pas l’immense travail que peuvent fournir les militant.es de toutes nos forces politiques pour construire un projet de transformation sociale, écologique et démocratique majoritaire dans le pays. »

Et plus loin : « Il est temps d’ouvrir une nouvelle étape pour la gauche avec un nouveau type d’union. » 

Quelques heures plus tard, sur Franceinfo, Fabien Roussel enfonce le clou en affirmant notamment : « La Nupes nous conduit dans une impasse (…). Je ne peux pas travailler sur la question de la paix au Proche-Orient avec des députés qui refusent de qualifier le Hamas de terroriste. »

Adrien Quatennens a aussitôt répondu dans un tweet : « Crimes de guerre du Hamas : la CGT n’a pas dit “terroriste”. FO n’a pas dit “terroriste”. La FSU n’a pas dit “terroriste”. Solidaires n’a pas dit “terroriste”. Beaucoup de spécialistes ne disent pas “terroristes” pour la raison que “crimes de guerre” est plus fort et juridiquement opérant en droit international. Mais à gauche, quelques opportunistes veulent rompre avec Mélenchon parce qu’il n’a pas dit “terroriste” et veulent faire émerger “un nouveau Front populaire” en prenant pour modèles les syndicats “exemplaires” qui n’ont pourtant… pas dit “terroriste”  ! On appelle cela se payer un prétexte de rupture de la Nupes sur le dos d’un conflit meurtrier ! Là est la faute politique. »

Un prétexte

Oui, la décision de Fabien Roussel et du conseil national du PCF est un prétexte. Car depuis des mois et des mois, Roussel, dont la candidature avait empêché Jean-Luc Mélenchon d’accéder au second tour de l’élection présidentielle, n’a cessé d’affirmer que « la Nupes est dépassée ». Oui, c’est un prétexte.

Et au compte de qui cette décision de mettre fin à la Nupes ? Depuis huit jours, tous les amis de Hollande, hostiles depuis le début à la Nupes, se sont déchaînés. La liste est longue de tous ceux qui ont craché leur venin. Ainsi, par exemple le sénateur PS du Val-d’Oise, Rachid Temal, a été le premier, dimanche 8 octobre, à lancer l’offensive en déclarant : « Celles et ceux qui dans mon parti plaident pour l’alliance avec eux (LFI, Ndlr) doivent ouvrir les yeux et enfin rompre. »

La députée Valérie Rabault, la sénatrice Laurence Rossignol ou encore le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, tous hostiles à la Nupes, et jusqu’à Olivier Faure, se sont déchaînés en exigeant chacun à leur tour la rupture du PS avec la Nupes. A leur suite, le groupe PS du conseil régional d’Ile-de-France a décidé de suspendre ses relations avec leurs homologues Insoumis à l’assemblée régionale.

Nostalgiques du quinquennat Hollande

La palme de cette offensive pour que le PS quitte la Nupes, venant de tous les nostalgiques du quinquennat Hollande, revient sans nul doute à la maire de Paris, Anne Hidalgo. Du haut de ses 1,7 % à l’élection présidentielle, elle a vitupéré dans Le Parisien du mercredi 11 octobre : « Je dis stop ! Mon message s’adresse à ma famille politique. Maintenant il vous faut quoi de plus ? (…) Certains, dans mon parti, avaient pensé qu’il valait mieux obtenir quelques sièges de députés (…). Il faut cesser cette mésalliance (…). Si la direction du PS n’est pas capable de voir qu’il n’est plus possible de fonctionner avec Mélenchon, c’est qu’elle a un gros problème. »

Et ensuite, à la question du journaliste « Pour l’instant, la direction du PS ne vous écoute pas… », elle répond avec un brin de lucidité : « Je sais bien ! De toute façon, ils ne m’écoutent pas depuis un moment. »

Face à cette offensive, Olivier Faure et la direction du PS ont refusé cette exigence en affirmant en substance que c’est à Mélenchon de quitter la Nupes. Ce qui est bien sûr absurde car la Nupes a été fondée sur un programme de rupture basé sur les 22 % obtenus par Mélenchon à l’élection présidentielle. Mardi 10 octobre, le bureau national du PS n’a pu trancher. C’était le conseil national du PS, convoqué le samedi 14 octobre, qui devait trancher. Mais, au dernier moment, il a été annulé. D’où le rôle du conseil national du PCF pour acter cette rupture avec la Nupes. Et sur quelle orientation ce « nouveau type d’union » revendiqué par Fabien Roussel, ce « projet de transformation sociale » distinct du programme de rupture de la Nupes ? Il n’y a pas 36 possibilités : ou bien on s’oriente sur la rupture avec Macron et le quinquennat de François Hollande donc avec le capital, et c’est le programme de la Nupes, ou bien on abandonne cet objectif de rupture et on en revient à « la gauche d’avant » comme l’a qualifiée Mélenchon.

Félicitations

Carole Delga, présidente de la région Occitanie et de l’association de tous les présidents de région, une des plus hostiles à la direction du PS, est allée jusqu’au bout de cette logique en affirmant jeudi 12 octobre sur RMC : « Oui, il faut interdire toutes les manifestations propalestiniennes en France. » Souhait aussitôt exaucé par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, plaçant la France quasiment comme le seul pays au monde où il est interdit de manifester. En tout cas, Fabien Roussel a été aussitôt félicité dimanche soir par… François Hollande en personne qui a appelé la Parti socialiste à « non seulement reprendre son autonomie, mais retrouver sa boussole du point de vue des idées et des positions comme le vient de le décider le PCF » (Le Monde). Eh bien voilà. Tout est dit. La boucle est bouclée, celle de ceux qui ont été rejetés par des millions en 2022.

Delga et Tondelier contre Mélenchon

L’offensive contre La France insoumise bat son plein du côté des « partenaires » de la Nupes. « La Nupes, qui avait été une source d’espoir pour plein de monde, est devenue quelque part un sujet de désespoir, ça m’embête beaucoup », a déclaré la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, Marine Tondelier, samedi 14 octobre sur France Culture. « Le problème (de la Nupes), c’est son pseudo-leader qui passe son temps à provoquer tout le monde par des tweets intempestifs. Je ne sais pas si on peut lui couper Twitter d’ailleurs. » Invitée de Sud Radio le 14 octobre, Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie, a déclaré que « Mélenchon a des considérations électoralistes qui ne sont pas dignes du cadre républicain. LFI a fait une faute morale et éthique. Nous ne pouvons pas travailler avec ces gens-là ».

R.A

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2023/10/21/roussel-en-avant-poste-de-hollande/

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