Saint-Malo. Les médecins manifestent leur ras-le-bol pendant les vœux de l’hôpital. ( OF.fr – 17/01/23 )

Environ 35 médecins ont manifesté durant les vœux, mais 200 praticiens sur les 300 des trois centres hospitaliers (Saint-Malo, Dinan et Cancale) ont envoyé une lettre ouverte au directeur, élus, conseil de l’Ordre…
Environ 35 médecins ont manifesté durant les vœux, mais 200 praticiens sur les 300 des trois centres hospitaliers (Saint-Malo, Dinan et Cancale) ont envoyé une lettre ouverte au directeur, élus, conseil de l’Ordre…

​La cérémonie des vœux de l’hôpital, mardi 17 janvier 2023, a été l’occasion pour les médecins d’afficher leurs revendications, sans faire de bruit. Après avoir envoyé une lettre à la direction exprimant leur « ras-le-bol ».


Les médecins présents à la cérémonie des vœux, mardi 17 janvier 2023, n’ont rien dit. Mais une banderole dépliée pendant les discours résumait leurs revendications : « On vœux (volontairement écrit ainsi) des soignants et des lits ».

En fait, depuis novembre 2022, un collectif s’est créé au sein des trois établissements du GHRE (Groupement hospitalier Rance Émeraude) de Saint-Malo, Cancale et Dinan. « Il représente les deux tiers des médecins du secteur. Soit 200 praticiens », dit l’un d’entre eux. Mais jusqu’à présent, ils ont été discrets, contrairement aux aide-soignants, infirmiers… qui ont manifesté dans la rue ces dernières semaines. Ou des cadres de santé du CHU de Rennes, en grève le 12 janvier 2023.

Des équipes épuisées, exaspérées

Ces médecins ont choisi de signer une lettre conjointe, à l’exemple des urgentistes, et de l’envoyer à la direction, aux élus, au Conseil de l’Ordre ou à l’ARS (Agence régionale de santé). Mais pas à la presse. « Nous voulions construire un dialogue constructif avec la direction. » Qu’en est-il deux mois plus tard ? « Le dialogue s’installe », souligne un médecin, en nous donnant la lettre.

« La période du Covid a fait voler en éclats une situation déjà bien précaire. Les équipes déjà en tension sont aujourd’hui épuisées, exaspérées, désabusées, est-il écrit. Comme partout dans les hôpitaux de France, la situation de l’ensemble des services du GHRE s’est nettement dégradée. »

Des économies supplémentaires affichées

Selon le collectif, le manque crucial de soignants a entraîné la fermeture de lits dans plusieurs services. « Tout cela alors que le plan de performance envisagé a pour but affiché de réaliser des économies supplémentaires. » Les médecins assistent « désemparés à l’inadéquation inadmissible du nombre de lits, avec le nombre de soignants, à la précarisation de leurs contrats de travail, à la souffrance psychologique majeure équipes ».

Aujourd’hui, « c’est le risque de dommages liés aux soins qui nous inquiète. Nous ne sommes plus prêts à assumer seuls les conséquences médicales d’une situation que nous dénonçons depuis longtemps ». Lors des discours, le Dr Philippe Bahu, président de la commission médicale, qui représente la commission médicale, n’a pas commenté cette manifestation, tout en s’adressant à eux.

« Nous devons prendre soin des soignants »

Il a souligné « le dynamisme de l’établissement. Mais nous voyons bien que ce développement ne se fait pas sans difficulté, avec un déficit de recrutement de personnels para-médicaux. Nous devons prendre soin des soignants, en travaillant sur la qualité de vie au travail, l’attractivité et la fidélisation des emplois. Nous devons aussi réfléchir à la façon dont nous soignons dans les services. »

Philippe Bahu défend la remise en place de réunions de service régulières (deux fois par an). Il a également évoqué « certains dysfonctionnements dans l’organisation médicale, avec des visites, un médecin qui pourrait être joint facilement, monter des projets d’équipe et favoriser l’esprit d’équipe ». Des paroles qui font dire à ses collègues manifestants en aparté, que pour cela, « il faudrait des soignants et des lits… l’objet de notre lettre ouverte. »

François Cuesta, le directeur, a dressé un bilan depuis son arrivée et annoncé les étapes principales de la construction du futur hôpital, dont l’emplacement n’a été pas été dévoilé. | OUEST-FRANCE

Les étapes du futur hôpital annoncées, mais pas l’emplacement

François Cuesta, le directeur des trois centres hospitaliers de Saint-Malo, Cancale et Dinan, n’a pas fait allusion à la banderole dépliée par les médecins, en tenue blanche. Il a d’abord choisi de diffuser une vidéo d’environ quinze minutes, pour montrer les réalisations de l’année, avant de dresser un bilan depuis son arrivée, en 2018.

« Le Groupement hospitalier Rance Émeraude (GHRE), c’est 37 85 agents, soit 266 de plus qu’il y a quatre ans. » Le directeur a également évoqué les 354 millions de dépenses annuelles. « Un quart de plus qu’en 2018. » Mais aussi les2 millions d’investissements dans les appareils biomédicaux, « cinq fois plus. Sans oublier tous les autres investissements ».

« Continuer à avancer sur le grand projet »

L’activité aussi a augmenté. Aux urgences, en hospitalisation, en médecine, en chirurgie, en obstétrique, dont 50 % de progression en hôpital de jour. « L’activité du bloc a augmenté également, à la suite à des recrutements de qualité et diversifiés en chirurgie. Ces quelques chiffres illustrent la formidable dynamique développée en quatre années. »

Un deuxième scanner sera installé fin 2023. La rythmologie aura de nouveaux équipements. Les circuits de la chirurgie ambulatoire seront améliorés. Les consultations externes agrandies. Et l’hôpital de jour bénéficiera de plus de places. Tout en continuant « à avancer sur le grand projet », autrement dit le futur hôpital, dont l’emplacement n’a toujours pas été dévoilé.

François Cuesta, directeur des hôpitaux de Saint-Malo, Dinan et Cancale. | OUEST-FRANCE

« En 2028, le rêve deviendra réalité »

« Dans quelques jours, après la réception du rapport, nous lancerons deux avis d’appel public à candidature. Un pour le futur hôpital territorial, l’autre pour la restructuration du centre hospitalier de Dinan, a poursuivi François Cuesta, en annonçant les étapes suivantes. En avril, un jury pourra retenir trois candidats pour chacune des opérations. » Leurs propositions architecturales seront remises en fin d’année. Les premiers plans seront sans doute montrés en 2024. Et, « en 2028, le rêve deviendra une réalité », avance le directeur, qui précise que le coût total estimé des différentes opérations est aujourd’hui de 370 millions d’euros.

« Faciliter autant que possible les discussions »

Gilles Lurton, en tant que président du conseil de surveillance de l’hôpital, a ensuite pris la parole pour rappeler que « le système de santé est depuis longtemps en crise, accentuée par la crise sanitaire », et remercie « les soignants qui ont tenu. Pour autant, les difficultés demeurent et vous exprimez le manque de moyens et de personnels pour faire face à l’affluence de patients. Tout le retard est difficile à rattraper. Le chemin sera long », conclut Gilles Lurton qui a demandé à la direction de « faciliter autant que possible les discussions ».

Auteur : Nadine PARIS.

Source : Saint-Malo. Les médecins manifestent leur ras-le-bol pendant les vœux de l’hôpital (ouest-france.fr)

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