Par Guillaume CHASSAING
Épaulé par son père qui va bientôt lui transmettre totalement le flambeau, Benjamin Joly convertit la ferme familiale, située à Saint-Nicolas-du-Tertre (Morbihan), en bio, avec un élevage d’Aberdeen Angus.
« On revient toujours là où on est bien. » Benjamin Joly, 29 ans aujourd’hui, a passé son enfance et son adolescence à la ferme familiale de Saint-Nicolas-du-Tertre (Morbihan) avant de faire ses études à Bordeaux (Gironde), d’obtenir un diplôme d’ingénieur en biologie végétale et génétique évolutive et de faire un stage de sept mois à l’Institut national de recherche agronomique (Inra) Nouvelle Aquitaine.
Avant de se lancer dans la vie professionnelle ou de poursuivre ses études, il voyage en Amérique du Sud pendant sept mois, en compagnie de son amie. « On est rentrés un peu et on est repartis pendant sept mois en Irlande, raconte-t-il. Là-bas, on a fait du woofing (N.D.L.R. : travailler bénévolement dans une ferme en échange du gîte et du couvert) dans une exploitation avec des Angus (race bovine, N.D.L.R.). J’ai apprécié le travail, le lien avec la nature, le lieu, le couple d’agriculteurs… »
Lire aussi : « Le bio avait connu des à-coups mais là c’est une crise »
« Une surprise » pour le père
En rentrant, au printemps 2019, Benjamin Joly avait le choix entre faire une thèse au Canada ou reprendre la ferme familiale. Il opte pour la deuxième option. « C’était une surprise », avoue son père, Jean-Yves Joly, qui élève une quarantaine de vaches laitières, des poules, des canards, et cultive des céréales en agriculture conventionnelle depuis 1986 sur 70 hectares. Mais le fils veut faire du bio : « C’est un choix dicté par mes valeurs. » Son père lui répond simplement : « Il faut y aller. »
Benjamin Joly passe le Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA), à Pontivy. Jean-Yves Joly cède à son fils 33 hectares de l’exploitation, dont dix de prairies déjà non traités depuis de nombreuses années. Le jeune agriculteur convertit les autres hectares en bio en obtenant l’agrément en mars 2022. Il acquiert ses premiers animaux de la race Aberdeen Angus en juin 2020 : 20 génisses, un mâle reproducteur et une vache pleine, qui s’installent dans les prairies non traitées. Aujourd’hui, Benjamin Joly a 73 vaches et un mâle reproducteur, dont les mères sont inscrites au Herd Book (livre de suivi génétique). Il les nourrit avec « l’herbe des prairies et un mélange avoine, pois protéagineux et pois fourrager ».
« Je maîtrise ma production de A à Z »
Lundi 25 septembre 2023, un premier bœuf va aller à l’abattoir de Vannes. Sa carcasse sera ensuite mise en colis de 10 kg de viande par TVR, située à Baud. Le prix du kilo de viande est de 20 € et les gens peuvent réserver leur colis sur internet avant de le retirer à la ferme le 6 octobre 2023. « Je me lance dans la vente directe, confie le jeune agriculteur. Mon objectif est de pouvoir vendre des colis de viande toutes les cinq semaines. »
En 2024, le père, 60 ans aujourd’hui, va prendre sa retraite et transmettre le reste de l’exploitation à son fils, mais « je vais continuer de l’épauler ». Benjamin Joly sera la cinquième génération à la tête de la ferme familiale et va convertir le reste de l’exploitation au bio.
« Je suis autonome et je maîtrise ma production de A à Z, indique le jeune agriculteur. D’ici 2025-2026, l’objectif est d’avoir 120-130 animaux à la ferme maximum. Je ne veux pas aller au-delà. On a aussi dans la tête l’idée de se diversifier et de faire des légumes plein champ. On va voir. » Benjamin Joly conclut : « Je sais ce que je veux faire. Je n’ai pas peur de l’avenir. »
Contact : jolyangus.bzh
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/saint-nicolas-du-tertre-benjamin-joly-29-ans-convertit-la-ferme-familiale-en-bio-un-choix-dicte-par-mes-valeurs-of-fr-21-09-23/