L’Indre fait partie des territoires où la démographie médicale est la plus déficitaire et nombre de ses habitants sont forcés à de longs déplacements pour se faire soigner. Il y a déjà quelques années une bataille avait été menée pour maintenir une maternité au Blanc, ville située au centre du département, à plus d’une heure de route de tout autre hôpital.
Il existe à Châteauroux un hôpital et une clinique propriété du groupe ELSAN. L’hôpital assure l’essentiel de l’offre de soins avec notamment la seule maternité du département, le SAMU et un gros service d’urgence. La clinique a une activité centrée sur la chirurgie, en particulier dans des spécialités qui n’existent plus dans le secteur public faute de médecins. Cette clinique de petite taille est hébergée dans des locaux vieillissants et rencontre des difficultés financières, car son activité décline dans un département où la population diminue. Face à cette situation, le groupe ELSAN a sollicité l’Agence régionale de santé pour un regroupement de ses activités sur le site de l’hôpital, tout en conservant son statut d’entreprise privée lucrative. Dans la logique du gouvernement actuel de soutien sans faille aux activités privées, un projet a été proposé avec la reconstruction du bloc opératoire de l’hôpital, entièrement financé par des fonds publics et la mise à disposition de bâtiments disponibles sur le site hospitalier
Cette volonté politique de sauver une clinique au bord de la faillite est scandaleuse. Il s’agit d’utiliser de l’argent public pour aider le groupe ELSAN, deuxième groupe de cliniques en France, dont les actionnaires sont un fonds d’investissement anglo-saxon ayant son siège au Luxembourg, la famille Bettencourt et l’assureur AXA. Cerise sur le gâteau, le maire de Châteauroux qui est censé défendre l’hôpital en tant que président de son conseil de surveillance, soutient le projet. Il faut dire qu’il est constant dans ses idées car il avait récemment dénigré l’hôpital par voie de presse en conseillant à ses concitoyens de ne pas s’y rendre.
Heureusement, la majorité des médecins de l’hôpital, ainsi que les syndicats du personnel et un certain nombre d’élus du département qui vont de la gauche à une sénatrice pourtant du même parti de droite que le maire, s’opposent fermement à cette proposition et l’on fait savoir avec fermeté à l’ARS. Tous ensemble, ils soutiennent une autre option qui est celle de la fermeture de la clinique et de l’intégration de ses activités et de son personnel au sein de l’hôpital. Il n’est plus possible de maintenir une concurrence délétère entre le public et le privé. La seule solution pour maintenir une offre de soins hospitalière cohérente et stable à Châteauroux, c’est l’hôpital public qui, avec les autres hôpitaux de proximité du département, doit s’organiser et être doté de moyens suffisants pour répondre aux besoins de la population. C’est cela le rôle de l’Etat et de son relais qu’est l’ARS et non de mettre de l’argent sur la table pour enrichir les actionnaires du groupe ELSAN qui s’engraissent déjà assez sur le dos de la Sécurité sociale et des patients.
Dr Christophe Prudhomme
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