
Alexis Kohler, est officiellement convoqué par les sénateurs en charge de la commission d’enquête sur l’affaire de la fraude aux eaux en bouteille, dévoilent franceinfo et « Le Monde ». En février, le secrétaire général de l’Élysée avait refusé de se présenter devant une commission d’enquête sur les raisons du dérapage des finances publiques.
Par Clémentine EVENO.
Alors qu’Alexis Kohler avait refusé de se rendre devant une commission d’enquête sur les raisons du dérapage des finances publiques malgré l’obligation qui lui incombe, il est de nouveau convoqué – cette fois par les sénateurs – pour aborder la fraude aux eaux en bouteille, selon nos confrères de franceinfo et Le Monde.
Sa convocation officielle est fixée au mardi 8 avril à 17 heures. Les sénateurs, en charge de cette commission d’enquête sur l’industrie de l’eau en bouteille, entendent bien demander des comptes au secrétaire général de l’Élysée qui aurait eu des contacts rapprochés avec les dirigeants de Nestlé. Une multinationale au cœur des investigations sénatoriale sur l’utilisation de procédés de filtration interdits et de traitements illégaux utilisés par des minéraliers.
« Monsieur le secrétaire général, il apparaît que la présidence de la République a été approchée à plusieurs reprises par le groupe Nestlé, (…) que vous avez suivi au moins une partie du dossier » et « ménagé des facilités de contacts à Nestlé au sein des administrations », a ainsi écrit Laurent Burgoa, sénateur (LR) du Gard et président de la commission pour annoncer la convocation, à Alexis Kohler, avant de faire savoir que le directeur général de l’entreprise Nestlé, Laurent Freixe, est également convoqué.
Au moins 36 sollicitations entre l’État et Nestlé
Cette annonce intervient à la suite de révélations lors de l’audition par les sénateurs, mardi 25 mars, de Nicolas Bouvier, représentant d’intérêts du cabinet Brunswick Group, chargé de l’opération de lobbying menée par Nestlé. Au moins 36 sollicitations, échanges téléphoniques ou rencontres ont été organisés, selon lui, entre l’État et le groupe Nestlé, entre juillet 2022 et décembre 2024.
Parmi ces échanges, au moins cinq d’entre eux concerneraient directement Alexis Kohler. Les conversations entre le groupe Nestlé et l’État, ne se seraient jamais interrompues. Le rapporteur de la commission d’enquête Alexandre Ouizille (PS), évoque un « court-circuitage du circuit ministériel classique », l’Élysée étant selon luiau « centre des discussions ».
De plus, le sénateur socialiste a fustigé au micro de Public Sénat une « culture de l’opacité la plus absolue » chez Nestlé Waters, allant même jusqu’à suspecter un accord passé entre les membres du groupe : « C’est quoi le prix pour être un fusible ? Comment on accepte d’endosser ce rôle, d’être celle qui va faire l’omerta sur tout le reste ? »
Une indignation qui fait suite au refus catégorique de la PDG du groupe Muriel Lienau de donner les noms des personnes qui l’avaient informée de traitements illégaux après sa prise de poste, alors qu’elle était invitée à s’expliquer, mercredi 19 mars, dans le cadre de cette commission d’enquête sur le scandale des eaux en bouteille.
Des traitements interdits et des eaux contaminées
Début février 2025, une enquête, publiée par Le Monde et Radio France, avait révélé que le gouvernement et Nestlé s’étaient arrangés, entre 2021 et 2024, pour que la multinationale puisse poursuivre des activités frauduleuses. Un an plus tôt, en janvier 2024, les mêmes médias dévoilaient également que la ministre de l’Industrie de l’époque Agnès Pannier-Runacher autorisait le recours à des traitements interdits d’ultraviolets et de filtres à charbon sur certaines de ses eaux (Perrier, Vittel, Hépar et Contrex). Cette pratique toucherait 30 % des eaux « de marque » et 100 % des bouteilles de Nestlé, selon le travail journalistique.
En plus d’être traitées illégalement, les eaux seraient contaminées, expliquaient, en avril 2024, ces mêmes médias, mettant au jour une note de l’Anses dans laquelle l’agence de sécurité sanitaire évoque notamment des contaminations microbiologiques régulières (bactéries coliformes, Escherichia coli, entérocoques) sur de nombreux puits « pouvant atteindre à plusieurs reprises une concentration élevée ».
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