
Alors que le Finistère est placé en état d’alerte renforcée sécheresse, les élus du Pays bigouden sud s’inquiètent des volumes d’eau consommés qui entament sérieusement la réserve du Moulin neuf. Un appel au civisme est lancé.
« La particularité du Pays bigouden sud est que l’on est autonome en eau potable. Quand il y a des soucis sur l’Aulne, on n’est pas impacté sachant que la situation est plutôt basse dans la rivière et que certains secteurs manquent d’eau », observe Stéphane Le Doaré, président de la CCPBS, ajoutant que l’incendie des Monts-d’Arrée a aussi contribué à pomper dans les réserves. Début juillet, le bassin de la retenue du Moulin neuf, qui alimente le Pays bigouden sud et Plonéour-Lanvern mais vient aussi en soutien des communes de Tréogat et Bénodet, était encore en surverse.
Le territoire de part son attractivité connaît déjà une augmentation de plus de 500 m3 par jour en période non estivale. Et ce qu’on perd en stock par la consommation d’hiver, on ne peut l’avoir en stock pour la consommation d’été.
Inquiétude sur la consommation actuelle
Mais ce qui inquiète les élus, ce sont les volumes mis en distribution, entre 12 750 et 13 840 m3 depuis le 11 juillet. Cette consommation ne correspond pas à une situation de restriction ou de limitation sur un territoire, où la production journalière moyenne est inférieure à 13 000 m3. Et ce, alors que le plus fort de la saison touristique est à venir.
Le volume présent dans le barrage est actuellement de 1 220 000 m3 pour une capacité totale de 1, 4 M de m3. Cela permet d’assurer une distribution d’eau jusqu’à septembre, même sans précipitations conséquentes.
Cependant, les deux ruisseaux qui alimentent la retenue ont des débits trop faibles pour assurer un bon remplissage et les périodes de sécheresse risquent de se prolonger à l’automne, comme c’est souvent le cas en septembre-octobre. « Le territoire, par son attractivité, connaît déjà une augmentation de plus de 500 m3 par jour en période non estivale. Et ce qu’on perd en stock par la consommation d’hiver, on ne peut l’avoir en stock pour la consommation d’été », précise Stéphane Le Doaré.
Les travaux d’une bâche de 8 000 m3 viennent d’être lancés et devraient durer vingt mois, mais cela ne suffira pas, puisque cela ne représente qu’une journée de stock. Le pompage, directement dans la retenue pour éviter les pertes, estimées à 30 %, lors de l’acheminement jusqu’à la station, est également prévu. Le chantier démarre et va durer deux ans. « On a aussi travaillé cet hiver avec Bénodet pour qu’ils fassent des forages. Les sondages sont en cours », complète Jean-Louis Buannic, vice-président en charge de la gestion de l’eau.
Prendre conscience de la fragilité de la ressource en eau
Les solutions sont aussi à chercher du côté de la population. Particuliers, vacanciers ou professionnels sont ainsi appelés à prendre conscience de la fragilité de la ressource en eau, d’autant que les prévisions météo des prochains jours ne laissent pas espérer un rechargement suffisant des nappes souterraines. Au-delà des interdictions stipulées dans l’arrêté préfectoral du 16 juillet (interdiction de laver les voitures, les bateaux hors station de lavage, d’arroser les pelouses, de remplir les piscines, de nettoyer les façades…), les élus invitent à une consommation raisonnée. Des conseils simples : repérer et stopper les fuites d’eau en relevant son compteur au coucher puis au lever, prendre une douche plutôt qu’un bain, ne pas faire tourner le lave-vaisselle ou le lave-linge à moitié vide… Peuvent ainsi contribuer à inverser la tendance.
Lors de la dernière grosse sécheresse en 2011, le civisme des Bigoudens avait permis de faire baisser la production de 20 %, soit l’équivalent de 9 000 m3 sur une semaine, soit la consommation d’une journée en septembre. On pourrait ainsi gagner une semaine de consommation jusqu’au mois de septembre.