« Si ce n’était pas la France, vous seriez dix mille fois plus dans la merde » : à Mayotte, Emmanuel Macron s’illustre par un paternalisme colonial (H.fr-19/12/24)

Les habitants, qui ont pour beaucoup tout perdu, hurlent en direction d’Emmanuel Macron « tu racontes des salades », « de l’eau, de l’eau, de l’eau » et « Macron, démission ». © Ludovic MARIN / POOL / AFP

En déplacement à Mayotte, sévèrement touché par le passage du cyclone Chido, le président de la République s’est emporté face aux habitants sinistrés, ce jeudi 19 décembre. Un comportement que la gauche dénonce comme « honteux ».

Par Léa PETIT SCALOGNA

Cinq jours après le passage du cyclone Chido, Emmanuel Macron a rejoint Mayotte ce jeudi. Il s’est confronté à la vive colère des Mahorais qui pleurent leurs morts. À ce jour, le bilan humain fait état de 31 morts et 2 500 blessés, selon un bilan provisoire du ministère de l’Intérieur.

Les habitants, qui ont pour beaucoup tout perdu, hurlent en direction d’Emmanuel Macron « tu racontes des salades », « de l’eau, de l’eau, de l’eau » et « Macron, démission ». Filmée par le média Brut, une habitante l’interroge : « Quels moyens allez-vous nous donner ? Vous venez aujourd’hui nous dire que tout va bien : ce n’est pas vrai. Ici, nous comptons les morts. C’est la réalité, Monsieur le Président ».

Etre placé face à ses responsabilités : il n’en fallait pas davantage pour qu’il s’emporte, s’agite et hausse le ton. « Ce n’est pas moi le cyclone ! Je ne suis pas responsable ! », s’agace-t-il, en toute indécence, alors que les habitants réclament des moyens économiques pour la reconstruction de l’archipel.

« Où est le sang froid que l’on attend d’un président de la République ? »

Les cris de la foule se multiplient alors. En guise de réponse, Emmanuel Macron s’époumone : « Si quelqu’un m’a entendu dire que tout va bien, qu’il lève le doigt ? Ce n’est pas vrai. N’opposez pas les gens ! Si vous opposez les gens, on est foutu parce que vous êtes contents d’être en France ».

Avant d’ajouter, toute honte bue : « Parce que si c’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde. Il n’y a pas un endroit de l’océan Indien où on aide autant les gens ! ». Quelques instants après, on peut voir le président continuer à s’adresser à la foule même si son micro ne fonctionne plus. Sur les vidéos partagées sur les réseaux sociaux, tandis qu’on lui en tend un second tout aussi défectueux, Emmanuel Macron hausse alors le ton pour se faire entendre et s’agace : « Si ça m’énerve ! Parce que c’est irrespectueux ! ».

Un paternalisme colonial qui fait bondir la gauche. Le député insoumis David Guiraud dénonce une « honte absolue » avant de l’inviter à démissionner à nouveau. Le sénateur communiste Ian Brossat questionne sur X : « Où sont le sang froid, le respect et l’empathie que les Mahorais sont en d’attendre du Président de la République ? ».

Quant à Sandrine Rousseau, députée écologiste, elle réagit sur France 2 : « Emmanuel Macron y est allé dans une attitude arrogante et donneuse de leçons. Moi, je l’ai vu en chemise dire mais « vous êtes fiers d’être français ? » Ce n’est pas le sujet en fait ». Avant de continuer : « On a la plus grande catastrophe humaine depuis la Seconde Guerre mondiale et on est en train de faire un show de Macron. Ce n’est pas à la hauteur ».

°°°

Source:https://www.humanite.fr/politique/cyclones/si-ce-netait-pas-la-france-vous-seriez-dix-mille-fois-plus-dans-la-merde-a-mayotte-emmanuel-macron-sillustre-par-un-paternalisme-colonial

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/si-ce-netait-pas-la-france-vous-seriez-dix-mille-fois-plus-dans-la-merde-a-mayotte-emmanuel-macron-sillustre-par-un-paternalisme-colonial-h-fr-19-12/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *