
Au même moment où la pauvreté atteint des record en France, se discutent les orientations du projet de budget 2026 avec comme fil à plomb : récupérer 40 milliards d’euros pour financer l’« effort de guerre ».
Par Pierre VALDEMIENNE.
L’Insee a publié ce lundi 7 juillet les dernières études statistiques intitulées « Niveau de vie et pauvreté en 2023 ».
Voici ce qu’elles en concluent : « Les inégalités de niveau de vie sont en hausse. (…) Le taux de pauvreté augmente fortement (…) et atteint son niveau le plus élevé depuis 1996, année où débute la série. En 2023, 9,8 millions de personnes occupant un logement ordinaire en France métropolitaine vivent sous le seuil de pauvreté ».
Commentant ces chiffres, l’éditorial du journal patronal Les Échos en tire la conclusion suivante : « C’est l’inflation (4,9 %) qui a appauvri les plus modestes. »
C’est dans cette situation que se discutent actuellement les grandes orientations du projet de budget 2026 qui devraient être dévoilées par le Premier ministre, mardi 15 juillet prochain, avec comme fil à plomb : récupérer 40 milliards d’euros supplémentaires sur les dépenses de l’État, des collectivités locales et de la Sécurité sociale, pour financer l’« effort de guerre ».
Plus on est pauvre, plus on paye
Pour y parvenir, un scénario circule, celui dit de l’« année blanche » qui permettrait au gouvernement de récupérer plus de 6 milliards, dont 5 seraient directement liés au gel de l’ensemble des prestations sociales.
Voici comment Les Échos (idem) résume la mesure : « Rapporté au niveau de vie, ce sont (…) les ménages les plus modestes qui verraient leur revenu le plus réduit par le dispositif. » Ce n’est pas nous qui l’écrivons, c’est un journal patronal…
Au moment même où le taux de pauvreté atteint son niveau le plus élevé, François Bayrou, à nouveau au plus bas dans les enquêtes d’opinion1, s’engage dans un projet de budget qui serait le plus meurtrier en termes de coupes dans les dépenses publiques.
Inquiétudes au sommet. Dans cette situation, que disent les adeptes de la non-censure récemment reconvertis en défenseurs de la censure, à condition qu’elle soit inoffensive, comme l’a avoué François Hollande récemment ?
Faure (PS) « veut bien faire des économies »
Dans une interview à LCI (29 juin), le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, affirme : « Si, si, moi je suis d’accord pour les économies (…). Je veux bien qu’on fasse des économies, là où elles sont constatées, parce qu’il y a la gabegie, parce qu’il y a des doublons », citant à ce moment-là le cas de fonctionnaires des collectivités locales qui seraient soi-disant en surnombre dans les services.
Et de conclure : « L’effort doit être partagé ». Traduction : selon Olivier Faure, les travailleurs doivent continuer à faire des efforts.
Lors du sommet de l’Otan, qui s’est tenu à La Haye, les 24 au 25 juin derniers, Emmanuel Macron a décidé de consacrer 100 milliards d’euros supplémentaires pour la défense et la sécurité en 2035. Qu’a répondu Olivier Faure à cette occasion ? « Les Européens devraient prendre conscience qu’il faut une défense européenne, mais pas sous les ordres de Donald Trump. » (idem). Ce qui signifie en bon français : oui, il faut des budgets de guerre, oui, il faut s’armer. C’est d’ailleurs ce qu’avait déclaré à l’Assemblée nationale le chef du groupe parlementaire du PS, Boris Vallaud, en mars dernier, à propos de la situation en Ukraine et de la sécurité en Europe : « Les socialistes appellent de leurs vœux un grand plan de redressement stratégique de l’Europe qui sera militaire autant qu’industriel (…). Pour nous socialistes, il faut faire plus et plus vite : livrons des armes, encore des armes (…). »
Livraisons d’armes
De son côté, la secrétaire générale d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), Marine Tondelier, lui emboîte le pas en affirmant sur le réseau social X, à propos de la décision de Trump intervenue il y a quelques jours de stopper les livraisons d’armes à l’Ukraine : « L’Europe ne peut pas rester les bras croisés : elle doit pallier au plus vite au lâchage américain. » En clair : prendre le relais et livrer des armes au gouvernement Zelensky pour continuer la boucherie. Mais aussi à Netanyahou qui poursuit méthodiquement, avec l’accord proclamé du RN, et aussi avec nombre de silences significatifs, le massacre d’éradication du peuple palestinien.
Quant au secrétaire général du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, il peut bien, dans les mots, affirmer qu’il est contre la guerre, il se trouve néanmoins qu’à l’occasion des commémorations de l’appel du 18 juin 1940, il y a quinze jours, auxquelles il a participé (sic), il a rendu hommage dans un post X au « communiste », Charles Tillon, celui qui a été ministre de l’Air du général de Gaulle lors des bombardements du gouvernement français à Sétif en Algérie en mai 1945, puis ministre de l’Armement, toujours sous la direction du général de Gaulle. Un modèle du genre, en somme…
Rejet par les travailleurs et la population
Force est de constater que ces coupes budgétaires, qui sont déjà à l’œuvre à l’heure actuelle et qui menacent de s’amplifier dans des proportions jusqu’alors inconnues avec le projet de budget 2026, sont rejetées par les travailleurs et la population. C’est par le blocage et l’occupation du centre hospitalier de Laval (53), puis l’envahissement du conseil de surveillance, que la masse des personnels avec leurs syndicats, soutenus par la population, les agriculteurs, etc. ont contraint la direction à geler, puis annuler purement et simplement les 59 suppressions de postes prévues dans le « plan de performance » qui devaient frapper l’hôpital.
De leur côté, les contrôleurs aériens, avec le 2e et le 3e syndicat des aiguilleurs du ciel, ont bloqué jeudi et vendredi dernier plus de 1 500 vols pour exiger le retrait de la réforme en cours sur le pointage des contrôleurs à la prise de poste et contre les sous-effectifs.
Partout, dans tous les secteurs, les mesures de restriction budgétaire sont prises au motif de financer l’« effort de guerre ». Ce qui pose la question de s’organiser maintenant contre la guerre et les attaques contre les acquis sociaux, contre les budgets de guerre et les fauteurs de guerre. C’est tout l’enjeu de la préparation du meeting international contre la guerre du 5 octobre à Paris.
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