
Une vidéo mettant en scène un autodafé de livres LGBT + et d’éducation sexuelle, qui auraient été dérobés à la médiathèque de Lanester (Morbihan), a été publiée sur les réseaux sociaux. Les soutiens et condamnations continuent de tomber, y compris de la part d’une élue RN.
Le 25 juin 2025, deux vidéos ont été publiées par des militants d’extrême-droite du pays de Lorient, dont une revendiquée par La Digue, au sujet de livres dédiés à l’éducation sexuelle à la médiathèque de Lanester (Morbihan). L’une, diffusée par un compte parodique « CercleDamien », met en scène un autodafé entrecoupé d’images d’archives des années 1930 montrant notamment une croix gammée. Le parquet de Lorient a ouvert deux enquêtes, vendredi 27 juin : l’une pour apologie de crimes contre l’humanité ; l’autre pour injures publiques envers un dépositaire de l’autorité publique, en l’occurrence Damien Girard, député écologiste de Lorient, mis en scène dans les vidéos.
Les soutiens affluent depuis. La section LDH du Pays de Lorient a adressé un courrier au maire de Lanester, au personnel de la médiathèque Elsa-Triolet ainsi qu’au député. Elle exprime également sa totale solidarité avec la communauté LGBTQ + explicitement visée.
Christelle Maho réagit
Dans un communiqué envoyé dimanche 29 juin 2025, Christelle Maho, conseillère municipale RN (Rassemblement national) de Lanester, qui n’a pas vu la vidéo, estime « l’affaire des livres brûlés à Lanester, totalement folle et disproportionnée. » Elle estime que « les autodafés ne devraient jamais exister. Ils se sont, de tout temps, avérés inutiles, et contre-productifs s’agissant de défendre des idées. » Et condamne cet acte « insensé, volontairement provocateur. » Elle dénonce par ailleurs le lien établi par certains entre ces actes et certains élus, dont elle, en raison de leur positionnement politique (sur leur vote contre une subvention au planning familial).
Elle moque aussi « l’accès à la pluralité d’ouvrages, reflets de notre diversité » défendu par le maire Gilles Carréric concernant la médiathèque. « Cette réelle pluralité d’ouvrages est une chimère, y compris à Lanester. Certaines thématiques, certains auteurs sont totalement écartés des rayonnages de la médiathèque », estime l’élue, qui parle de « censure sourde ». Et de citer les écrits de Jean-Frédéric Poisson, Michel Schneider, Dora Moutot et Marguerite Stern (polémistes antitrans).
Une « attaque à l’accès à la culture »
Une intersyndicale départementale (CFDT, CGT, FO, FSU, UNSA et Solidaires) condamne aussi l’acte filmé. « En brûlant des livres d’une médiathèque, ce groupuscule s’attaque à l’accès à la culture. »
Le sénateur socialiste Simon Uzenat, tout comme les jeunes socialistes du Morbihan, s’associent à Damien Girard pour demander à nouveau la dissolution de La Digue.
De son côté, le député de la sixième circonscription du Morbihan (Hennebont-Gourin), Jean-Michel Jacques (Renaissance), dénonce des « actes inacceptables, symboliquement violents », qui « constituent une attaque directe contre la liberté d’expression, la représentation démocratique et notre République ». En tant qu’ancien président de la fondation pour la mémoire de la déportation du Morbihan, il juge « ces références historiques profondément indignes et insultantes ».
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