
Les négociations tarifaires entre les syndicats de médecins libéraux et la Sécu s’achèvent mardi 28 février 2023. Porte-parole du collectif régional Médecins pour demain, Mélanie Rica-Henry explique pourquoi « le bras de fer » peut durer.
Les deux principaux syndicats de médecins libéraux, chez les généralistes et les spécialistes, ont rejeté les nouveaux tarifs de consultation proposés par l’Assurance maladie, en contrepartie d’un engagement à augmenter leur activité.
Les six syndicats de médecins représentatifs ont jusqu’à mardi soir pour dire s’ils acceptent ou non la nouvelle grille de tarifs des consultations et autres forfaits proposée par l’Assurance maladie pour cinq ans.
Mélanie Rica-Henry, 37 ans, généraliste à Guidel (Morbihan), porte-parole régionale du collectif Médecins pour demain qui demande le passage de la consultation à 50 €, répond à nos questions.
Qu’est-ce qui coince dans ces négociations avec l’Assurance maladie ?
Quand, à la base, l’une des parties fixe ce qu’elle veut, on ne peut pas parler de négociations. Or, la Caisse nationale de l’assurance maladie pose ses conditions. Une augmentation à 30 €, c’est déjà juste par rapport à l’inflation. Là, on nous propose 26,50 € hors contrat d’engagement territorial. En tant qu’entreprise, nous souffrons.
Le coût de l’énergie augmente, comme les consommables, les charges liées au secrétariat. On se bat, depuis des mois, pour maintenir attractif le métier de médecin généraliste. Le tarif de la consultation, 25 €, n’a pas bougé depuis sept ans. Le bras de fer est engagé et il va durer. Nous avons fait dix ans d’études. Soigner les gens, c’est notre métier.
Il y a aussi l’histoire du paramédical (l’élargissement des compétences de certaines professions paramédicales, N.D.L.R.). Il y a un manque de considération vis-à-vis des médecins.
S’il n’y a pas d’accord, que va-t-il se passer ?
On ne va pas vendre la peau de l’ours, les négociations s’achèvent officiellement ce mardi à minuit. Mais on est plutôt contents que les syndicats ne se soient pas laissés faire.
En cas d’échec, on pourrait se diriger vers un règlement arbitral. C’est-à-dire l’établissement d’un règlement valable pour cinq ans, avec la perspective de nouvelles négociations dans deux ans.
Souvent, ce qui est proposé dans le cadre d’un règlement arbitral est la poursuite de la convention actuelle.
Quelles peuvent être les conséquences pour les professionnels et les patients ?
Il y a un risque de fuite de médecins. Cela va avancer le départ à la retraite de certains praticiens. Même les plus jeunes, cela peut les dissuader de s’installer en libéral.
Dans mon entourage, deux médecins ont ainsi décidé d’arrêter leur activité. Nous ne sommes déjà pas assez nombreux… Et, compte tenu de la démographie médicale, cela ne va pas s’arranger dans les années à venir.
L’autre risque est celui du déconventionnement, et par conséquent, d’une médecine à deux vitesses avec les patients qui pourront payer les dépassements d’honoraires et les autres.
Propos recueillis par Catherine JAOUEN