Pour la journée internationale des droits des femmes, vendredi 8 mars 2024, deux manifestations ont eu lieu à Brest (Finistère). Parmi les participants au cortège, Ghislaine, originaire de Ploudalmézeau (Finistère). À l’âge de 68 ans, cette retraitée a toujours vécu avec le féminisme depuis son adolescence et n’a cessé de défendre ses droits tout au long de sa carrière.
Par Marie RABIN.
« Nous sommes fortes, nous sommes fières, nous féministes, radicales et en colère », peut-on entendre scander dans les rues de Brest (Finistère), vendredi 8 mars 2024. En cette journée internationale des droits de la femme, deux manifestations étaient organisées dans la cité du Ponant, à 15 h 40, puis à 18 h. Parmi le cortège de banderoles et de drapeaux, une femme, vêtue d’une doudoune violette, couleur souvent associée au féminisme, se distingue. Elle porte fièrement une pancarte où est inscrit « Femme, réveille-toi ». « C’est une phrase d’Olympe de Gouges », glisse-t-elle avec un sourire.
Pour Ghislaine, âgée de 68 ans, le combat féministe ne date pas d’hier. Déjà dans les années 1980, elle sillonnait les rues de Brest pour manifester pour la liberté des femmes à avoir des enfants.
Prise de conscience précoce
Dès son adolescence, vers ses 17 ans, Ghislaine a vite saisi les inégalités entre les hommes et les femmes. Un jour, sa mère lui a demandé d’apprendre à repasser à ses frères. Mais c’était sans compter le caractère bien trempé de sa fille. « Je lui ai répondu qu’il n’avait qu’à apprendre eux-mêmes ! », affirme Ghislaine.
Dès le milieu du XXe siècle, avec la parution Le Deuxième sexe, de Simone de Beauvoir, ou le combat pour l’IVG de Simone Veil, les droits des femmes commençaient de plus en plus à être pris en compte. Pourtant, les inégalités étaient encore présentes, notamment dans le monde du travail. « J’ai fait trois grossesses. Dès que je l’annonçais à mon patron, il me disait : “Ah, mais tu es encore en cloque ?” », détaille Ghislaine.
« C’était un choix de vie »
Lorsqu’elle a demandé un congé maternité, la manifestante s’était retrouvée face à un mur. « Mon patron me proposait alors un mi-temps thérapeutique. Chose que j’ai refusée : je voulais qu’on reconnaisse mon droit. » Ni une ni deux, celle qui était salariée dans un centre de recherches, s’est mise en congés sans solde pendant quinze mois. Une action qui a tout de même eu un impact sur ses revenus. « Mes amies, lorsqu’elles venaient me voir, me disaient à quel point c’était super que je m’occupe de mes enfants. Mais quand je les voyais avec des habits neufs, alors que nous avions du mal à boucler les fins de mois, la situation était paradoxale. Mais c’était un choix de vie. »
« Il faut apprendre aux jeunes le respect envers les femmes »
Si plusieurs combats ont été remportés depuis, celle que ses amies surnomment « La Suffragette » ne reste toujours pas optimiste sur la situation actuelle des femmes. « Quand ma fille sortait, on avait très peur avec mon mari qu’elle se fasse agresser. Ces actes sont de plus en plus fréquents, alors qu’à mon époque on en voyait beaucoup moins », affirme Ghislaine.
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La clé pour réduire les inégalités entre les hommes et les femmes reste l’éducation, selon la manifestante. « Dès le plus jeune âge, il faut apprendre aux jeunes le respect envers les femmes. C’est comme ça que nous arriverons à bouger les choses », conclut-elle.
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