
Marie Nicolas, de Saint-Colomban, est infirmière libérale depuis 2017 à La Chevrolière, au sud de Nantes. Comme ses collègues, elle sera dans la rue ce vendredi 12 mai car malgré une pénibilité du travail et une responsabilité évidente, les conditions de travail de ce métier n’ont connu aucune amélioration en dix ans.
Marie Nicolas, de Saint-Colomban, est infirmière libérale depuis 2017 à La Chevrolière, au sud de Nantes. Vendredi 12 mai, elle défilera à Nantes pour dénoncer les conditions de travail de sa profession.
Depuis quand exercez-vous et en quoi consiste votre métier ?
Je suis infirmière diplômée depuis vingt ans. Avant d’exercer en libérale, je travaillais à domicile en tant que salariée en centre de soins. Je préfère la relation, plus équilibrée, que cela implique avec le patient. Au quotidien, notre rôle consiste à effectuer des prises de sang, des pansements, à aider aux soins d’hygiène, à réaliser des injections, des perfusions, des surveillances de diabète, etc., auprès des enfants, des adultes et des personnes âgées.
Nous jouons aussi un rôle très important au côté des auxiliaires de vie et des aides soignants, malheureusement non reconnus, pour le maintien à domicile des personnes âgées. À notre façon, nous contribuons aussi à réduire, voire à éviter le temps d’hospitalisation grâce à un retour précoce à la maison et à une prévention effectuée au quotidien. Par extension, nous permettons donc à la Sécurité sociale la réalisation d’économies considérables.
Voyez-vous une évolution depuis dix ans ?
Non justement. Depuis plus de dix ans, avec la diminution des durées d’hospitalisation, notre activité a plutôt tendance à augmenter. Pourtant, nous n’avons connu aucune revalorisation des actes infirmiers alors que l’inflation est la même pour tout le monde ; ni de nos indemnités de déplacement alors que le prix du carburant augmente pour tout le monde. Quand un déplacement est indemnisé 10 € pour un médecin, 4 € pour un kiné, il l’est de 2,50 € pour nous. Durant le Covid, nous avions reçu une revalorisation de 4 centimes qui a depuis été retirée. Seule évolution, depuis 2022, nous bénéficions d’une carence de trois jours contre trois mois en cas d’arrêt maladie.
Pourquoi avoir tant attendu pour faire grève ?
Il faut croire que ce n’est pas dans la culture des infirmiers. Et notre priorité reste nos patients qui ont besoin de nous tous les jours. Cependant, malgré des horaires décalés et de fortes responsabilités bien que sous-estimées, la pénibilité de notre métier n’est toujours pas reconnue. Nous partirons à 67 ans à la retraite. En décembre, la loi de financement de la Sécurité sociale, adoptée après un recours au 49-3, a été la goutte d’eau de trop ; désormais, les caisses peuvent procéder aux recouvrements des indus par extrapolation.
Pour toutes les raisons évoquées, nous serons dans la rue vendredi 12 mai, vêtu(e)s de noir, pour symboliser notre profession qui se meurt et réclamer plus de reconnaissance.
Vendredi 12 mai, départ à 14 h, devant l’Agence régionale de santé à Nantes.
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