TÉMOIGNAGE. Logement à Lorient : « À 25 ans, j’ai dû revenir habiter chez ma mère » (OF.fr-3/11/22-21h19)

Bienvenue chez vous, le carnet d’accueil de Stacy et son ami dans leur appartement à Lanester… Après un an et demi de recherche d’un logement

Samedi 5 novembre 2022, le collectif Tous un toit (Tut) se rassemble devant La Poste du quai des Indes, à Lorient (Morbihan), pour défendre l’accès au logement pour tous. Stacy, à Lanester, témoigne.

Stacy a 26 ans. Elle est la maman de deux enfants, un p’tit gars de 10 ans et une fillette de 7 ans. Elle est enceinte d’un troisième enfant, attendu pour le mois de mai. Elle témoigne sur la crise du logement à Lorient (Morbihan).

Je travaillais comme serveuse dans un bar, à Lorient. J’étais en CDI, en contrat à durée indéterminée. La crise sanitaire du Covid est passée par là, le bar a été vendu, je me suis retrouvée au chômage. À l’époque, je louais une maison à Kerentrech, mais là, tout d’un coup, je n’avais plus les moyens de payer. J’étais partie de chez mes parents à 17 ans, j’ai dû revenir habiter chez ma maman à 25 ans.

« Ils ne font pas confiance »

Je cherchais donc une location. Mais pendant le confinement ce n’était pas si simple. Soit il n’y avait pas de visites de logement, soit elles étaient limitées en nombre de personnes. Bref, c’était très difficile. Avec mon ami, on a dû visiter une trentaine d’appartements, sans jamais être retenus. Parfois aussi ça ne correspondait pas non plus à nos besoins de base.

Trois chambres, pour que chacun ait son espace, c’est le top. Mais c’est une denrée rare. Et quand on tombe dessus, on n’est pas retenu parce qu’on est en CDD ou en intérim. Même si on enchaîne contrat sur contrat, ce qui fait qu’on bosse tout le temps, n’empêche que ça ne suffit pas. Les loueurs ne nous font pas confiance malgré les garanties apportées par les agences d’intérim ou les employeurs.

« Un parcours du combattant »

On a donc fait des dossiers auprès des offices HLM. C’est un autre parcours du combattant. Un coup on y croit, un coup on n’y croit plus. Il manque toujours une pièce au dossier, ou alors on n’est pas prioritaire. Il y a toujours un truc qui bloque. On avait le budget pour un loyer de 600 € par mois. Mais ça ne suffisait jamais. Pendant ce temps-là, il fallait bien se loger quelque part. Nous, on a été hébergé dans la famille, chez des amis. Mais ça ne peut durer qu’un temps.

On a pensé partir dans le sud, dans le coin de Toulouse. On y trouvait du travail l’un et l’autre mais la question du logement restait la même. Et financièrement, on ne pouvait pas non plus faire des allers-retours sans cesse entre ici et là-bas sans aucune sécurité de pouvoir s’y installer.

« Même au 40e refus, je ne lâchais rien »

Mon ami a failli perdre espoir. J’ai tenu, et lui avec du coup. Même au 40e refus, je ne lâchais rien. Plusieurs dispositifs d’accès au logement nous ont permis d’y croire encore un peu. Une fois on a été dans les trois dossiers retenus. Mais on n’a pas eu le logement. Et on ne nous dit jamais pourquoi. On se sent vraiment SDF ! Et pendant ce temps-là on doit stocker nos affaires, nos meubles, à droite et à gauche.

« Enfin, on est posés… »

Et voilà, enfin. Après un an et demi de recherches, depuis le 13 octobre, on est chez nous, dans une cité à Lanester. Au 4e étage. Deux chambres pour chacun des grands enfants et un salon que l’on transforme en chambre parentale où dormira l’enfant à naître. On est contents, enfin posés. Mais déjà on cherche plus grand, par la force des choses. On croise les doigts.

Charles JOSSE

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/temoignage-logement-a-lorient-a-25-ans-j-ai-du-revenir-habiter-chez-ma-mere-b2cb428c-5bb3-11ed-802b-5384d962799e

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