
Ce jeudi matin à 10 h 45, 110 taxis ont bloqué le rond-point de Pen-ar-C’hleuz à Brest (Finistère) laissant les véhicules circuler sur une seule voie. Ils protestent contre la nouvelle convention de la Caisse nationale d’assurance maladie et craignent pour leurs emplois.
Par Lucile VANWEYDEVELDT.
« On va tous crever ! Si les demandes de la Caisse nationale d’assurance maladie sont satisfaites, je ne tiendrai pas. J’en ai encore pour cinq ans à payer ma licence de taxi et je n’arrive pas à me verser un salaire. » Gwendoline Hamon, chauffeuse de taxi depuis deux ans, ne décolère pas. Elle manifeste ce jeudi 21 novembre sur le rond-point de Pen-ar-C’hleuz à Brest (Finistère), en partie bloqué par 110 véhicules. À ses côtés, Julie Alix qui travaille, comme Gwendoline, pour les Taxis Plouarzel : « On est chacune à son compte et les temps sont très durs, témoigne-t-elle. Ça fait huit ans que j’exerce et je crains vraiment pour mon emploi. Si les nouvelles mesures passent, je roulerai à perte. Impossible. »
Entre 300 et 400 km par jour
Comme pour les 130 manifestants et les 700 professionnels du Finistère, la goutte qui a fait déborder le réservoir, c’est la nouvelle convention de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) qui veut changer les tarifications pour les transports de patients. « Pour un trajet simple vers l’hôpital, de plus de 17 km, la perte financière est croissante. C’est totalement injuste pour les taxis ruraux comme nous. Ceux de Brest et de la périphérie de la ville s’en sortiront un peu mieux. Pour moi, c’est entre 30 % et 40 % de chiffre d’affaires en moins. » Gwendoline Hamon acquiesce, elle qui vient de rentrer dans la profession : « Avec la licence, l’entretien du véhicule, je ne m’en sortirai pas. Je vais perdre ma clientèle, c’est sûr, alors que je fais entre 300 et 400 km par jour et que je passe dix à douze heures dans ma voiture. »
Garé juste derrière dans la file de taxis qui bloque la circulation, Enzo Sadoune, patron d’une entreprise de Lesneven, n’a pas hésité une seconde à se mobiliser aujourd’hui. « J’ai quatre licences au total, mais si la nouvelle tarification est adoptée, je n’ai plus qu’à fermer boutique. L’activité ne sera plus rentable. Et puis, pour les clients, c’est un vrai service qui est remis en question. Je n’imagine pas les patients que je transporte attendre des heures, un véhicule pour rentrer chez eux après une chimiothérapie. En plus, ils peuvent se retrouver avec sept autres malades. » Les chauffeurs s’inquiètent également de la mise en place d’une plateforme pour la gestion des retours en transport partagé. « Ça va être encore des kilomètres à faire en plus à droite, à gauche. Et surtout, on ne pourra pas choisir qui on transportera. »
« Il est temps que ça bouge »
Sophie, chauffeuse de taxi à Plougonven, manifeste pour la première fois ce jeudi : « Il est temps que ça bouge. Les gens ne parlent pas beaucoup de cette nouvelle tarification. Pourtant, les conséquences sur le bien-être des patients vont être terribles. »
Vers midi, quelques taxis ont quitté le cortège, qui venait de l’aéroport de Guipavas, pour rejoindre la sous-préfecture puis l’hôpital de la Cavale-Blanche. Des tracts sont distribués aux automobilistes coincés dans les bouchons. Peu sont au courant de ce mouvement social. Enzo Sadoune est prêt à aller à Paris, à l’appel de la Fédération nationale des artisans du taxi : « Je m’attendais à une plus forte mobilisation. Je suis un peu déçu alors que la situation est catastrophique. »
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