TÉMOIGNAGE. Prof, cette Finistérienne est mutée à plus de 200 km de sa famille(OF.fr-9/09/22-14h50)

Marie-Charlotte Viallefont Coipeault et son petit Malo né au mois de juillet.

Malgré un conjoint militaire et un nouveau-né, Marie-Charlotte Viallefont Coipeault, qui vit à Edern (Finistère) a été affectée à Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). Elle va devoir faire, chaque jour, cinq heures de trajet pour aller travailler.

Marie-Charlotte Viallefont Coipeault, 35 ans, vit à Edern (Finistère). L’enseignante avait demandé l’académie de Rennes pour se rapprocher de son conjoint. Titulaire de l’Éducation nationale, elle vient d’obtenir sa mutation à Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), soit à deux heures et demie de route de son domicile. La situation plonge la jeune maman dans le plus grand désarroi.

« Au mois d’octobre, je vais devoir faire, chaque jour, 424 km, se désole-t-elle. Avec mon bébé, ce n’est pas envisageable. Militaire à l’Île Longue, mon mari part pour des missions non prévisibles en date de départ et retour. Nous sommes obligés de vivre à moins d’une heure de son travail. »

« Je suis très angoissée »

Passionnée par la coiffure, Marie-Charlotte a cumulé les diplômes et obtenu un Brevet de Maîtrise niveau lll (BM3) à Lorient. Un diplôme reconnu par l’État qui lui permet d’enseigner. « Il n’y a que sept postes de professeur de coiffure d’ouverts en France. J’ai passé le concours national. Je suis arrivée première à l’écrit sur 400 avec une note de 19,38. »

Après avoir été contractuelle à Lorient pendant quatre ans, puis stagiaire, elle a été mutée à Strasbourg pendant un an et au Mans pendant trois ans. « Mes demandes de rapprochement de conjoint n’ont jamais été acceptées. Ils choisissent de mettre des enseignants en heures supplémentaires et n’ouvrent pas de poste. »

Au mois de mars, Marie-Charlotte informe le rectorat qu’elle attend un bébé. Malgré sa situation, la maman apprend le 14 juin 2022, à un mois de son accouchement, qu’elle est mutée à Dol-de-Bretagne. « Comme mon congé maternel se termine le 14 octobre, je suis très angoissée. J’ai appelé le rectorat, fait deux recours. Les médiateurs académiques et le syndicat ont tenté d’intervenir mais en vain. »

« Un poste spécifique et rare »

La jeune enseignante dénonce les dérives depuis le projet du Gouvernement de donner plus de pouvoir aux chefs d’établissement. « Des postes sont dissimulés derrière les heures supplémentaires imposées aux enseignants, des postes qui se libèrent sont cachés au niveau national. Il suffit parfois de connaître les bonnes personnes. »

Pour Ronan Oillic, secrétaire du syndicat SNUEP FSU, la loi de transformation de la fonction publique a changé beaucoup de choses. « Avant les commissions administratives paritaires (CAP) se réunissaient pour examiner les vœux. Aujourd’hui, les discussions se font par mail ou téléphone, ce qui complique les échanges. Théoriquement, vu le nombre d’heures de cours, le rectorat aurait le pouvoir de proposer une ouverture de poste au proviseur, mais le proviseur est contraint par la dotation du rectorat, à la fois sur les postes et les heures supplémentaires. »

« Il s’agit d’un poste spécifique et rare à l’échelle régionale (et nationale), relève Sylvie Patea, chargée de communication à l’académie. Sa situation pourra être revue si un poste se libère prochainement à Lorient. L’éventuel changement dont elle pourra bénéficier est lié aux ajustements de la rentrée et ne sera connu qu’à la fin du mois de septembre. »

Dans l’impasse, Marie-Charlotte Viallefont Coipeault a écrit au cabinet de la présidence de la République. « Ils m’ont dit que mon dossier les interpellait. Ils ont écrit au cabinet du ministère de l’Éducation nationale en demandant la révision de mon dossier. »

Véronique MOSSER

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/edern-29510/edern-prof-elle-est-mutee-a-plus-de-200-km-de-sa-famille-466c2e08-2de6-11ed-82ab-ca288831284e

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