
Un aide-soignant de l’Ehpad de Kerbernes, à Plœmeur (Morbihan) témoigne de conditions de travail très difficiles, qui affectent la prise en charge des personnes âgées. Le directeur du Groupe hospitalier Bretagne Sud (GHBS) lui répond.
Maxime (*), 27 ans, est aide-soignant à l’Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Kerbernes, à Plœmeur (Morbihan) Un établissement qui accueille « environ 300 personnes âgées » et dépend du Groupe hospitalier Bretagne Sud (GHBS). Maxime pointe les conditions de travail du personnel.
Le jeune homme « travaille depuis huit ans au GHBS, six ans à Kerbernes ». Il décrit un personnel « fatigué, usé ». Des résidents « qui trinquent. Depuis un an, il n’y a plus de remplacement au niveau des agents. On travaille tous les jours en sous-effectif ».
« Pas de douche pendant un mois »
Une situation qui, assure cet aide-soignant, affecte le quotidien des résidents. « Certains ne sont pas levés ou avec retard. On leur fait la toilette quotidienne, mais parfois ils n’ont pas de douche pendant un mois. »
Infirmiers, aides-soignants et agents de services sont répartis par étage. « On devrait être, au quotidien, six le matin et quatre l’après-midi. En ce moment, c’est quatre le matin, et trois l’après-midi. Le personnel revient sur ses jours de repos. On est à plus de 100 heures supplémentaires et on attend toujours le paiement de celles de l’an passé… »
Maxime estime que, face à la situation, subie par les personnels et les résidents de l’Ehpad, « la direction ne bouge pas. On a aussi alerté les familles, le conseil de vie de l’établissement ».
La question des nouvelles admissions
Le jeune aide-soignant se fait le porte-parole des agents de Kerbernes : « On aimerait au moins tourner à effectif normal. Les entrées (N.D.L.R., admissions) devaient être bloquées. Or, la direction continue à faire entrer de nouvelles personnes âgées à Kerbernes. »
Ce que confirme Thierry Gamond-Rius, le directeur général du GHBS. « Lundi, nous avions globalement 67 lits inoccupés au GHBS en secteur médico-social, et autant de personnes âgées en attente aux urgences. Après concertation avec la présidente de la Commission médicale, j’ai pris la décision de dégeler ces lits et demandé aux équipes d’accélérer les admissions. J’ai retenu « la moins pire » des solutions. »
Remontée du Covid et épidémie de grippe
Différents phénomènes expliquent, « depuis plusieurs semaines, l’arrivée importante de personnes âgées aux urgences, en attente d’hospitalisation : le vieillissement de la population, la remontée du Covid et l’épidémie de grippe dans un contexte de faible taux vaccinal, des problématiques de remplacement liées à la démographie des professionnels de santé. »
Ratios
Ce dernier point concerne particulièrement le secteur médico-social. « Les conditions de travail y sont déjà par définition plus difficiles, du fait des ratios de personnels validés dans notre pays. »
Face à l’engorgement des urgences, faut-il refuser l’accès à certains patients ?
Autre donnée : « Le marché du travail s’est inversé et il y a désormais davantage d’offres d’emploi que de candidats. » Les professionnels ont le choix et ne s’orientent pas spontanément vers les Ehpad.
« Le GHBS est attractif et recrute plusieurs centaines de personnes chaque année, se défend Thierry Gamond-Rius. En plus des mesures déjà prises, nous réfléchissons, avec les partenaires sociaux, à un plan d’attractivité spécifique au secteur médico-social. »
Catherine JAOUEN