Face à des difficultés financières liées au prix du gasoil, la Compagnie française du thon océanique (CFTO), armement basé à Concarneau (Finistère), avait annoncé un plan de redressement « drastique » en mai dernier. Si les marins sont prêts à faire des concessions, les négociations s’enlisent, faute de transparence de la part de l’armement thonier.
Par Enora PANIEZ.
Le plus grand armement français de pêche au thon tropical n’est pas sorti d’affaire. Face à une baisse de son chiffre d’affaires de 10 à 15 % en 2023, la Compagnie française du thon océanique (CFTO), armement basé à Concarneau (Finistère), avait annoncé un plan de redressement « drastique » en mai dernier. Mais les négociations peinent à avancer. Ce mercredi 10 juillet 2024, une réunion du syndicat maritime Bretagne océan (SMBO/CFDT) avait lieu pour échanger avec les marins syndiqués.
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Sous le pavillon néerlandais de Parlevliet Van der Plas (PP) depuis 2016, la CFTO fait face à des difficultés financières sans précédent liées à une explosion du prix du gasoil et à un contexte commercial compliqué. Pour y remédier, l’armement avait annoncé plusieurs mesures, dont la baisse de 30 % des salaires des 260 navigants de l’entreprise.
Un manque de transparence
Depuis, les négociations entre la CFTO et les représentants du personnel piétinent. Si les marins ont accepté la proposition d’allonger leur temps en mer de huit à dix semaines, permettant une économie de 600 000 € par an, l’annonce de la baisse de salaire ne passe toujours pas. « Ce n’est pas acceptable, explique l’un d’eux, employé de la CFTO depuis vingt-cinq ans. Quand on est à bord, on risque notre vie en permanence. On a accepté plusieurs choses (limitation des rations à bord, fin de l’achat groupé de cigarettes), mais pas ça. »
« Le problème, c’est que cet effort salarial n’est demandé qu’aux marins, et pas aux 40 employés qui restent à terre », ajoute l’un de ses collègues. La CFDT maritime Bretagne océan, représentée par Sylvie Roux et Denis Jutteau, a donc demandé une expertise pour évaluer le montant des salaires des employés sédentaires et des cadres dirigeants de l’entreprise. « Tout le monde doit faire un effort pour sauver l’armement. On veut être sûrs que ce plan de redressement sera viable et durable », explique Denis Jutteau.
« Aujourd’hui, les marins réclament une justification chiffrée de ce plan de redressement, regrette Sylvie Roux. Les plus jeunes sont résignés, plusieurs d’entre eux pensent à quitter l’armement. » Les négociations ont quinze mois pour aboutir, au risque de voir passer le plan de redressement tel quel.
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