
CFTO, le plus grand armement français de pêche au thon tropical, pourrait vendre deux à trois bateaux. Un symbole de plus de la dégradation de ce secteur économique, fortement lié à l’Ouest.
Par Jean-Marie CUNIN
La pêche au thon tropical française coule peu à peu. Dernier exemple en date : la Compagnie française du thon océanique (CFTO) songerait à vendre plusieurs bateaux. C’est en tout cas ce qu’affirme, dans un courrier adressé au président de la République, Yves L’Helgoualc’h, secrétaire général du syndicat CGT des marins à Concarneau (Finistère).
« On parle de deux ou trois bateaux dont je n’ai pas encore les noms », sur les 12 que compte l’armement, précise-t-il à Ouest-France. Contacté, CFTO dément : « CFTO n’envisage la vente d’aucun autre navire que notre ancienne dame, le Talenduic, dont la vente est actée depuis plusieurs semaine ». La société est le plus gros armement de thon tropical français.
Concarneau en première ligne
CFTO, avec la Sapmer et Via Océan (anciennement l’armement Saupiquet, une conserverie née à Nantes et devenue un grand groupe), sont les trois grands armements français de thon tropical. Ce nom regroupe plusieurs espèces de poissons : les thons obèses, listao, et surtout albacore, que l’on retrouve le plus souvent dans nos boîtes de conserve.
CFTO, comme Via Océan, est basé à Concarneau. C’est là aussi que la Sapmer, armement réunionnais, possède son pôle technique et opérationnel.
Cette pêche, utilisant des navires bardés de technologies (ce qui leur est reproché par des ONG comme Greenpeace ou Bloom), a marqué des générations de pêcheurs… et de constructeurs concarnois.
C’est aussi dans la Ville Bleue que les chantiers Piriou ont construit et entretenu bon nombre de ces thoniers géants, pouvant dépasser les 80 mètres.
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« 150 emplois français » menacés
Les trois armements possèdent encore, parmi leurs navires, certains sous pavillon français. Ils emploient environ « 430 à 450 marins français. Plutôt des capitaines, second et mécaniciens. Les matelots sont plus souvent africains », explique Yves L’Helgoualc’h.
CFTO appartient à un grand groupe néerlandais, et Via Océan à une multinationale italienne. Sapmer est le dernier sous capitaux français. Mais qu’importe la nationalité de l’actionnariat, le résultat semble être le même. Sapmer a été mis en vente en avril 2023, et a annoncé vendre trois thoniers en novembre.
Le même mois, nos confrères du Marin (groupe Ouest-France) révélaient que Via Océan était en voie d’être placée en liquidation judiciaire. Et c’est donc désormais au tour de CFTO de penser à une vente de navires. « Si ces plans de coupe vont au bout, 150 emplois de marins français pourraient disparaître », craint le syndicaliste finistérien.
Les causes de ces grandes difficultés sont multiples, selon les armateurs : réglementation européenne complexe, Covid, hausse du prix du gasoil et mauvaises pêches. « Le Covid, il a bon dos. Le prix du gasoil baisse sensiblement et en fin d’année, les pêches ne sont pas mauvaises », tacle Yves L’Helgoualc’h. Qui espère, par ses courriers, pousser les derniers pêcheurs de thon tropicaux à continuer de se battre pour ne pas disparaître.
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