
À compter du dimanche 29 juin, l’opérateur privé Transdev aura la gestion pour dix ans de ligne régionale de Paca qui relie Nice à Marseille, supplantant la SNCF. Une première dans l’Hexagone, rendue possible grâce à de lourds investissements d’argent public.
Par Naïm SAKHI .
En région Paca, le logo de la SNCF ne sera plus visible sur la ligne Nice-Marseille. À partir du dimanche 29 juin, Transdev récupère l’exploitation de la ligne régionale. « Nous sommes prêts, assure Antoine Seguret, directeur régional de Transdev. Notre entreprise est sérieuse et peut s’appuyer sur son expérience en Europe. Transdev est le premier groupe privé d’Allemagne, derrière l’opérateur historique, la Deutsche Bahn. »
De leurs côtés, les syndicats CGT, CFDT, FO et SUD appellent à un rassemblement en faveur du service public, lundi 30 juin en gare de Marseille Saint-Charles (Bouches-du-Rhône). Cette privatisation a été impulsée sous la houlette de Philippe Tabarot, ex-vice-président de la région Paca et actuel ministre des Transports. « C’est historique dans le monde ferroviaire, c’est la première fois qu’un lot de cette importance serait accordé à un autre opérateur que la SNCF », confiait l’élu LR lors de l’attribution, en septembre 2021.
220 millions d’euros d’argent public
Pour promouvoir la privatisation du rail et appâter le privé, les pouvoirs publics provençaux ont mis les petits plats dans les grands : Transdev gérera ainsi une liaison qui ne représente que 10 % du trafic du réseau régional, mais qui génère 34 % des recettes.
Pas moins de 220 millions d’euros d’argent public ont été investis pour l’achat de 16 nouvelles rames Omneo Premium pour supplanter les vieilles voitures Corail SNCF. Et plus d’une quarantaine de millions ont été injectés par la région pour la construction d’un dépôt de maintenance sur Nice.
« Les autorités régionales ont voulu des conditions optimales pour cette privatisation. Jusque-là, les crédits étaient difficilement disponibles pour soutenir le service public SNCF. Les équipes travaillaient dans des ateliers inadaptés aux cadences », déplore François Tejedor, secrétaire général de la CGT cheminots Paca.
25% de hausse du coût du kilomètre-train
Grâce à ces investissements, Transdev escompte « doubler le trafic (14 allers-retours, 16 le week-end) avec un taux de régularité de 97 % », promet Antoine Seguret. Pour l’heure, seules neuf rames ont été livrées par le constructeur Alstom.
En attendant les autres fin octobre, l’opérateur doit louer des rames aux régions Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes et Centre. « Malgré ces moyens mis à la disposition de Transdev, l’exploitation sera rattrapée par la réalité de l’infrastructure ferroviaire : entre les TER, la liaison Sud Azur et les TGV, le réseau est saturé », prévient François Tejedor.
Preuve de l’inquiétude des cheminots, seule une trentaine d’entre eux sur 220 attendus pour assurer l’exploitation ont accepté leur transfert de la SNCF à la filiale de Transdev dédiée à la ligne TER. « 190 emplois nets ont été créés par Transdev », se réjouit Antoine Seguret.
Alors que la réforme ferroviaire de 2018 prévoit qu’un salarié qui effectue plus de 50 % de son activité pour la nouvelle filiale ne pourra pas refuser d’être transféré, sous peine de rupture de son contrat de travail, « certains cheminots ont préféré refuser, quitte à partir en retraite de manière anticipée », souligne François Tejedor.
Au total, le contrat signé entre la région Paca et Transdev représente 800 millions d’euros sur dix ans, en incluant la maintenance. Selon la CGT, « le coût du kilomètre-train sera de 20 euros contre 15,80 avant la privatisation. Soit 25 % d’augmentation de la subvention publique. »
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/trains-en-region-paca-loperateur-prive-transdev-rafle-la-ligne-nice-marseille-aux-frais-du-contribuable-h-fr-26-05-25/