Le milieu agricole peine à attirer et la moyenne d’âge des exploitants augmente d’année en année. Dans l’agglomération briochine, 450 doivent faire valoir leur droit à la retraite d’ici 2033. La question de la transmission y est primordiale, pour permettre le renouvellement des générations.

En une décennie, la Bretagne a perdu quelque 10 000 exploitants agricoles. (Photo d’illustration Lionel Le Saux/Le Télégramme)
Avec une profession qui vieillit d’année et année et des nouveaux venus qui ne sont pas légion, le renouvellement des générations est un défi de taille pour le monde agricole. Durant la dernière décennie, la Bretagne a ainsi perdu, en moyenne, 1 000 agriculteurs par an. Et l’agglomération de Saint-Brieuc n’est pas épargnée par cet état de fait.
Sur les plus de 700 exploitants que compte le territoire, 450 doivent faire valoir leur droit à la retraite d’ici dix ans. Soit 60 % d’entre eux, « un chiffre encore plus évolué qu’à l’échelle nationale ou régionale, où il est de 50 % », pointe Stéphane Prido. Ici, le ratio est d’une installation pour trois à quatre départs. « Un fort déséquilibre, qui s’aggrave au fil du temps », constate le vice-président à l’agriculture. Et tous les types de production sont concernés. Or, sans reprise de son exploitation, un agriculteur ne peut toucher de retraite auprès de la MSA.
Retraites et départs
Si pour l’heure, les raisons ne sont pas déterminées au niveau de l’agglo, plusieurs pistes peuvent expliquer ces difficultés de transmission. Parmi elles, la problématique du logement, lorsque la ferme ne comporte pas d’habitation. Ou que celle-ci reste occupée par le jeune retraité. Un investissement parfois trop élevé pour le nouvel arrivant, aussi. En moyenne, le coût de l’installation dans la région se chiffre à 600 000 € (et varie selon l’activité retenue).
Il arrive également que les exploitations à céder ne correspondent pas au type de production pratiquée par le potentiel repreneur. D’autant que les « installations atypiques » – qui ont « toute leur place » sur le territoire – se font de plus en plus nombreuses dans l’agglo, observe Pascal Prido. Une certaine désaffection pour la profession, enfin. « On fait beaucoup d’heures et la rémunération ne suit pas toujours, même s’il y a du mieux depuis quelques mois », souligne l’élu. Outre les départs à la retraite, certains quittent purement et simplement le métier.
68 installations depuis 2017
Si la situation ne date pas d’hier, elle a été mise au jour par l’Agglo l’an dernier, avertie sur le tard des difficultés d’un agriculteur sans repreneur. Pour tenter d’y remédier, le dispositif coaching, mis en place pour les entrepreneurs locaux durant la covid, a été étendu aux exploitants agricoles. Il permet un accompagnement personnalisé, de comprendre ce qui peut bloquer la reprise ou de peaufiner son projet d’installation.
Des visites doivent également être effectuées dans les fermes du secteur pour sensibiliser à cette problématique.
En avril 2017, SBAA avait déjà créé une aide à l’installation agricole. Une subvention de 5 000 € accordée sans critère d’âge ni de production. Et petite note d’espoir : en six ans, 68 ont été attribuées. Dix à quinze dossiers ont été instruits en cette année 2023. Preuve que le métier attire encore.
Auteur : Léa Gaumer
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