
Leur facture d’électricité va être multipliée par quatre ou cinq. Intenable pour cette boulangerie de l’île de Groix (56), qui fermera définitivement le 31 décembre.
« On va tout perdre et on n’est pas les seuls » Thierry Froment n’a pas de mots assez forts pour dire sa colère et sa détresse face à la situation de sa fille, Mélanie, et de son gendre, Michaël Trognon. Ils ont racheté La Petite boulangerie de Groix en 2016 et baisseront définitivement le rideau le 31 décembre, complètement étouffés par l’inflation. « On paye 1 200 € d’électricité par mois et on nous a prévenus que cela être multiplié par quatre ou par cinq ! Ma fille ne se verse pas de salaire depuis des mois et mon gendre se paye 1 500 € pour se lever à 2 h du matin ». Thierry Froment parle au nom de sa fille et de son époux : eux n’y arrivent plus, trop chamboulés par ce qui leur arrive.
Trois salariés licenciés
La Petite Boulangerie, c’est une histoire de famille. Installés dans la Meuse, Michaël et Mélanie Trognon ont tout quitté, avec leur famille dans les bagages, pour s’installer en Bretagne, destination familiale par excellence depuis plusieurs années, à Groix, « un coup de cœur », raconte Thierry Froment. Son épouse, Béatrice, est salariée de la boulangerie, tout comme leur deuxième fille et, il y a un an, un jeune homme avait rejoint l’équipe. Tous vont être licenciés. Il y a la hausse du coût de l’énergie mais aussi celle de toutes les matières premières qui asphyxient complètement les boulangers groisillons. « Le prix des œufs a doublé et on a fait avec, on n’a pas augmenté le prix du pain », assure Thierry Froment, qui soutient que la boulangerie fonctionne bien. La famille préfère arrêter les frais pour être sûre de pouvoir payer les fournisseurs et espérer garder ses maisons. « On n’a pas de dettes. On crée des emplois mais on est devant un mur sans échelle », déplore Thierry Froment, qui en veut à l’État car le commerce de sa fille n’a touché aucune aide pendant la crise sanitaire. « Il n’y avait pas un chat dans les boulangeries parce que les gens faisaient eux-mêmes leur pain. On a repoussé les prêts. La boulangerie aurait été payée dans un an et demi. Si encore mon gendre avait fait des erreurs, mais il a toujours été dans la boulangerie, la boutique tourne ! »

Quelles solutions pour la Petite boulangerie de Groix ?
N’y a-t-il aucune solution pour sauver ce commerce essentiel sur l’île ? Michaël Trognon a eu un contact avec la Chambre de commerce et d’industrie du Morbihan « et on nous dit qu’il faut faire un prêt pour payer l’électricité », s’offusque Thierry Froment. La famille a reçu le soutien de ses clients, qui se demandent bien ce qu’ils peuvent faire pour aider la Petite Boulangerie. Une cagnotte ? Thierry pense que cela ne servirait à rien. « Il faudrait trouver 5 000 € par mois alors qu’on ne se paye pas. Travailler pour payer l’électricité ? Autant fermer ». Amère, la famille va aller jusqu’au bout de son activité, livrer les bûches de Noël, payer les fournisseurs et éteindra son pétrin le 31 décembre.
Céline LE STRAT