
Par Delphine VAN HAUWAERT
Depuis près d’un an, Fabrice Hamon dénonce, analyses à l’appui, la pollution d’une rivière de Landunvez (Finistère), et met en cause l’épandage agricole. Des critiques qui pourraient expliquer, selon lui, le déboulonnage de la roue dont il affirme avoir été victime le 4 mai 2023.
« Ça prend des proportions dingues tout ça ! » Dimanche 7 mai 2023, Fabrice Hamon se dit encore « très choqué » par la mésaventure qu’il a vécue trois jours plus tôt.
Jeudi 4 mai, en soirée, le Finistérien quitte Landunvez, où il habite, pour aller au cinéma à Brest, avec à bord de sa voiture, sa femme, son fils et la petite amie de celui-ci. « Il y avait énormément de bruit au niveau de la roue arrière gauche quand je freinais, alors je me suis arrêté et j’ai vu qu’il manquait un boulon ».
Un deuxième lui reste dans la main – « je pense que c’est celui qui faisait du bruit » –, deux autres boulons sont « très dévissés », seul le cinquième est intègre.
Une plainte déposée
Pour Fabrice Hamon, qui a déposé plainte contre X pour sabotage et mise en danger de la vie d’autrui, la source de l’incident est évidente. « Il faut croire que mes posts pour alerter de la pollution agricole dans le Foul dérangent certains », écrit-il, vendredi, sur Instagram, comme l’a révélé le même jour le média Splann !.
Depuis l’été 2022, le Finistérien publie en effet régulièrement, sur le réseau social, les résultats de ses analyses visant à mesurer la qualité de l’eau de cette rivière coulant sur sa propriété, et se jetant sur la plage de Penfoul, 100 m plus bas. « J’en suis à 28 prélèvements », explique-t-il, documents à l’appui.
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Depuis qu’il a emménagé dans cet ancien moulin, en 2002, Fabrice Hamon a, à de multiples reprises, constaté une couleur et une odeur douteuses dans le Foul, « à chaque fois après des fortes pluies ».
Face « au manque de réaction des différentes mairies », ce statisticien de métier – il exerce comme actuaire – a fini par faire ses propres prélèvements, envoyés à Labocéa, laboratoire public d’analyse en Bretagne.
À plusieurs reprises, le taux de E. Coli (indiquant une contamination fécale) observé dans l’eau est largement supérieur aux 1 000 particules par 100 ml, seuil à partir duquel l’eau de baignade est considérée de mauvaise qualité. « Avec un pic à 231 000 particules le 16 août. »
Une centaine d’assainissements non conformes ont été identifiés dans le secteur. Mais pour Fabrice Hamon, « la principale source de pollution, c’est très probablement l’épandage agricole ».
« Je ne suis pas un militant »
Il en veut pour preuve une hausse marquée des taux lors des périodes où le fumier et le lisier sont répandus dans les champs, au printemps et en été. « Je n’ai aucun problème avec l’agriculture, et je ne suis pas un militant écologiste. Je veux simplement préserver mon cadre de vie, et quand je vois du fumier en stockage à 200 m d’un cours d’eau, je pense que certains n’en ont, eux, rien à faire. »
Dans cette commune rurale connue pour abriter, notamment, une méga porcherie de 12 000 porcs – dont le projet d’extension est contesté en justice -, « il est nécessaire d’identifier les parcelles risquant de polluer la rivière, pour que les agriculteurs épandent ailleurs ou retraitent davantage ».
Les choses vont en tout cas « dans le bon sens » selon lui.Christophe Colin, le maire de Landunvez, confirme en effet qu’« un diagnostic de la qualité de l’eau va être fait par un bureau d’étude indépendant sur l’ensemble du bassin-versant ».
Le maire, voyant la situation se tendre, notamment sur les réseaux sociaux, lance par ailleurs « un appel au calme. Ce qui s’est produit est intolérable – même si on ignore les intentions de la personne ayant fait ça –, mais la violence est également psychologique pour les agriculteurs, parfois cités nommément sur internet. Il faut que cesse cette escalade de part et d’autre. »
Delphine VAN HAUWAERT
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