Oui, une fois n’est pas coutume, nous approuvons le titre du Monde. » La décision des juges de la Cour pénale internationale change la donne pour une justice qui était jusqu’alors focalisée sur les vaincus, les parias ou les ennemis de l’Occident. Pour la première fois depuis la création de la cour, en 1998, des responsables politiques sont inculpés contre la volonté de leurs alliés occidentaux. »
Il s’agit d’un tournant central pour le droit international.
En tous les cas la Cour pénale internationale (CPI) vient de porter un rude coup aux génocideurs qui dirigent Israël, particulièrement son Premier ministre Benjamin Netanyahou.
C’est le procureur en chef de la CPI, le britannique Karim Khan qui a lancé la machine. Les juges ont suivi. Les mandats d’arrêt émis hier 21 novembre par la CPI contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ex-ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité s’inscrivent dans un rapport des forces qui politiquement est un renfort conséquent à la lutte du peuple palestinien pour sa libération et, face au génocide, pour sa survie.
Le dirigeant de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, est également visé par la CPI mais on se rend bien compte que cela n’a pas les même conséquences politiques d’autant que, nous l’écrivons depuis le 7 octobre, le Hamas a bien commis des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre.
C’est un coup rude porté au boucher de Tel Aviv, au colonialisme et à l’occupation. C’est un geste politique important contre l’épuration ethnique et le génocide.
D’ailleurs certaines réactions sont révélatrices de ce revers.
Les États-Unis, son président et d’autres pays de l’Union européenne comme la Hongrie, l’Autriche et la Tchéquie, ont déploré cette résolution ». Les Etats-Unis rejette la décision de la CPI et des proches de Donald Trump ont menacé d’imposer des sanctions contre les juges de cette cour…Et bien sûr l’ Argentine de Javier Milei, alias la tronçonneuse de Buenos-Aires.
Notons la cacophonie des Etats membres de l’UE. Pour concilier le ridicule et l’odieux le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE jusqu’à la fin de cette année, a annoncé ce vendredi 22 novembre qu’il allait inviter son homologue israélien Benjamin Netanyahou « en défi » au verdict de la CPI. Et dire que ces gens-là, ces gouvernements-là nous racontent qu’ils veulent faire une politique internationale commune, voire une armée commune…Cette armée finirait si elle voyait le jour, ce qui n’arrivera pas, à se battre contre elle-même.
D’autres pays comme l’Espagne, l’Irlande, le Canada, les Pays-Bas et, de façon plus surprenante, l’Italie (il faudra chercher du côté des intérêts du capital italien dans certains pays arabes) annoncent qu’ils arrêteront Netanyahou sur leur territoire.
Et la France? Comme souvent la lâcheté suinte dans nos classes dirigeantes.* L’Elysée et le gouvernement ont indiqué « soutenir » la CPI, mais se sont montrés plus « prudents » quand à la possibilité d’appliquer les mandats d’arrêts contre Nétanyahou. Le Quai d’Orsay a estimé que l’arrestation du Premier ministre israélien était « un point juridiquement complexe »…Même la « common decency » est ignorée par ces gens-là.
La Grande-Bretagne et l’Allemagne font aussi courageusement dans le flou. Pour les Anglais, c’est un principe, les Allemands, un progrès.
Le jugement de la CPI incite des Etats respectueux du droit international à imposer un embargo sur les ventes d’armes à Israël, ajouté à la pression populaire et des défenseurs des droits humains. Ce pourrait être le cas pour l’Allemagne, qui fournit 30 % du matériel militaire importé par l’Etat hébreu.
Le comble du cynisme et de l’ineptie est évidemment la réaction de Netanyahou, le génocideur Premier ministre d’Israël: « The antisemitic decision of the international court in The Hague is a modern Dreyfus trial, and it will end the same way. »*
Antoine Manessis
* On se souvient que lors d’une réception organisée par le Quai d’Orsay en l’honneur de Joachim von Ribbentrop, ministre des affaires étrangères du IIIe Reich hitlérien en visite officielle à Paris, les ministres juifs du gouvernement Daladier avaient été prié de rester chez eux pour ne pas froisser l’antisémitisme de l’invité de marque nazi…Macron et sa clique ont de glorieux prédécesseurs.
* « Le décision antisémite du la cour internationale de la Haye est un procès Dreyfus moderne, et elle se terminera de la même façon »
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