Un gouvernement massivement rejeté dès sa constitution (IO.fr-25/09/24)

Selon un sondage Ifop, jamais depuis la révolte des Gilets jaunes en décembre 2018, la cote de popularité du président de la République n’a été aussi basse (25 %), ni le rejet monté aussi haut (75 %).

Par la rédaction d’Informations Ouvrières.

Après deux semaines et demie de tractations, d’arrangements et de combines en tous genres, Michel Barnier a fini par dévoiler samedi 21 septembre, la composition de son gouvernement : parmi les trente-neuf ministres qui devaient constituer, selon les mots du Premier ministre lui-même, une équipe de « rupture », la moitié est puisée des rangs macronistes. Sept ministres sortants ont été repris, et surtout douze nouveaux macronistes ont été désignés, dont un intime d’Emmanuel Macron (son témoin de mariage !), Marc Ferracci.

Le processus qui a abouti à la désignation du gouvernement tout autant que sa composition elle-même expriment et provoquent un degré inégalé et extrêmement profond de décomposition antidémocratique des institutions de la Ve République.

Un exécutif sans « aucune légitimité démocratique »…

Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, homme de droite par excellence, n’hésite pas à déclarer à ce sujet : « C’est la première fois dans l’histoire de notre république qu’un gouvernement n’a aucune légitimité démocratique, c’est-à-dire qu’il n’a reçu aucun mandat pour appliquer quelque programme que ce soit (…). Si Michel Barnier est là, c’est simplement parce que le président de la République a décidé de le mettre à Matignon. Il n’a d’ailleurs aucun soutien inconditionnel d’aucun parti », a-t-il affirmé, jeudi 19 septembre (BFM TV).

Le journal Le Monde (24 septembre) écrit de son côté : « Le processus qui a conduit au choix de Michel Barnier mine d’emblée la légitimité de son équipe, affaiblie avant même d’avoir commencé », ajoutant par la voix d’un proche du Premier ministre : « Ça va être un enfer ».

… qui entend poursuivre et aggraver sa politique

Et pourtant, même appuyée sur cette base frelatée, ultra-minoritaire et suspendue en l’air, Macron entend non seulement poursuivre sa politique, voire l’aggraver. Michel Barnier lui-même, n’a-t-il pas déclaré : « Il y aura des décisions graves et difficiles. Mais même si des Français n’y adhèrent pas, je souhaite qu’ils les respectent. » (Le Figaro, 23 septembre) ?

Le Premier ministre connaît mieux que personne la situation, le rejet dont fait l’objet Emmanuel Macron lui-même et toute sa politique : un récent sondage Ifop a indiqué que jamais depuis la révolte des Gilets jaunes devant l’Arc de Triomphe en décembre 2018, la cote de popularité du président de la République n’a été aussi basse (25 %), ni le rejet monté aussi haut (75 %). Pour la première fois, un Premier ministre fait face à une majorité de mécontents (55 %) dès sa prise de fonction.

Ultra-minoritaire, sans le moindre soutien populaire, et disposant du socle le plus fragile de toute l’histoire de la Ve République à l’Assemblée nationale, il est fort probable que la voie du passage en force reste en dernière analyse la seule possible pour ce gouvernement : c’est-à-dire l’utilisation à plein régime des institutions antidémocratiques de la Ve République, la généralisation de la répression, les tentatives d’instrumentalisation de la justice, les provocations, les intimidations, les procès en sorcellerie, etc.

Cette situation donne toute légitimité à toutes les revendications de défense et aussi d’exigence d’amélioration immédiate des conditions de vie de la population laborieuse. Toute légitimité aussi à toutes recherches des voies et moyens pour y parvenir et les bloquer.

Mieux vaudrait, pour toutes les forces qui se réclament des intérêts des travailleurs, qu’elles œuvrent ensemble, dans la clarté, pour aider cette recherche. Et tout particulièrement les dirigeants des grandes centrales syndicales qui seraient bien avisés de se mettre à ce diapason plutôt que d’entretenir l’illusion d’une « situation normale » entraînant les « réflexes habituels », les relations policées – notamment avec le patronat qui, lui, n’hésite pas un instant à porter tous les coups possibles contre les travailleurs – et les formes d’action du type « journées d’action » qui s’avèrent, en cette période, encore moins efficaces, voire qui poussent à s’accommoder de la situation.

retraites : « Premier grand dossier du gouvernement »

Dans cette conjoncture générale, moins que jamais, il n’y a de raison d’accepter quoi que ce soit de ce gouvernement. Sur la réforme des retraites, qui « sera le premier grand dossier politique du gouvernement » (Le Figaro, 23 septembre), Michel Barnier a annoncé son intention de « prendre le temps de l’améliorer ». Si le Premier ministre a évoqué « beaucoup de progrès possibles sur la prise en compte de la pénibilité, des mères de famille, des carrières longues » (France 2, 22 septembre), il a aussi exprimé clairement ne pas vouloir « tout remettre en cause ».

Le Premier ministre reçoit Patrick Martin, président du Medef, mardi 24 septembre, avant de recevoir la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, le lendemain. D’ores et déjà, le patron des patrons a fixé ses lignes rouges : il n’a aucune intention de revenir sur la réforme des retraites, qu’il qualifie d’« impérieuse nécessité ».

À nouveau, la réforme des retraites va concentrer dans les semaines à venir beaucoup d’enjeux : et il est certain que par-delà tous les calculs, son abrogation ouvrirait une brèche énorme – et peut-être fatale – à tous les dispositifs.

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/09/25/un-gouvernement-massivement-rejete-des-sa-constitution/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/un-gouvernement-massivement-rejete-des-sa-constitution-io-fr-25-09-24/

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