
Technicien chez Enedis à Cholet, Benoît Dillé, 48 ans, a pris sa carte à la CGT en 2004. Et fréquente l’Église catholique avec assiduité depuis sa tendre enfance. Une foi chevillée au corps au point de s’être engagé à devenir diacre. Incompatible ? « Pas du tout, nous avons des valeurs communes de solidarité », rétorque le fidèle choletais qui sera ordonné le 14 octobre à la cathédrale d’Angers.
Benoît Dillé et son épouse Sylvie reçoivent dans la maison de Dieu en ce vendredi matin. Plus précisément en l’église Sainte-Bernadette, au cœur du quartier Favreau à Cholet et pas très loin de leur domicile à la Bourie Fresnière. Uni par les liens du mariage et une foi divine, le couple est à la veille d’une journée forte en émotions. Ce samedi 4 mars, Benoît Dillé effectue un pas de géant vers sa future mission de diacre en étant institué aux ministères de la Parole et de l’Eucharistie par l’évêque, Mgr Delmas, lors d’une cérémonie célébrée à l’église Sainte-Bernadette.
C’est ma première sortie publique et l’avant-dernière étape avant mon ordination comme diacre le 14 octobre prochain à la cathédrale d’Angers
, résume Benoît Dillé. Pour lui, c’est l’aboutissement d’une réflexion entamée en 2015 avec son épouse. Si j’ai accepté cette mission, c’est grâce à ma femme. Elle m’a convaincu que si l’Église faisait appel à moi, c’est parce qu’on me faisait confiance.
Sylvie Dillé confirme : Que ce soit dans ses engagements dans l’Église ou dans son comité d’entreprise, Benoît a toujours été très apprécié.
« Il n’y a pas que des bouffeurs de curé à la CGT »
Issu d’une famille pratiquante de Cholet – un papa mécanicien engagé dans l’école catholique et une maman ouvrière puis femme de ménage qui faisait la catéchèse -, Benoît Dillé commence à fréquenter l’Église dans sa plus tendre enfance. J’ai coupé deux ans quand j’étais à l’école d’EDF vers 18-20 ans puis à mon retour à Cholet, je me suis engagé dans la paroisse Saint-Pierre – Notre-Dame.
Il y anime entre autres les équipes paroissiales et liturgiques.
Un dévouement remarqué par le prêtre de l’époque, l’abbé Gautreau, qui lui demande en 2015 de réfléchir au diaconat. On en a discuté avec mon épouse et après une année de réflexion, on a dit d’accord. J’ai pensé que l’Église ne me demandait pas de changer, elle venait me chercher pour ce que j’étais.
Suivent alors les différentes étapes de formation vers la mission de diacre, jusqu’à la lettre envoyée à l’évêque par ses proches qui l’estiment apte
à la fonction.
L’Église n’ignore rien des engagements syndicaux de Benoît Dillé, encarté à la CGT depuis 2004 et ancien élu au comité d’entreprise d’Enedis où il travaille comme technicien. Ce n’est pas un problème pour l’Église, car être diacre, c’est vivre au milieu du monde d’aujourd’hui.
Et ses camarades syndiqués qu’en pensent-ils ? Il n’y a pas que des bouffeurs de curé à la CGT, j’en suis la preuve. Je leur ai annoncé ma décision il y a deux semaines, et ça s’est très bien passé. Certains ont été surpris, d’autres moins et il y en a qui m’ont demandé en quoi ça consistait. Mais vous savez, il y a des valeurs communes entre l’Église et la CGT comme la défense du plus faible et la solidarité.
Dans la rue pour manifester le 7 mars
Une fois ordonné diacre, en octobre, pas question de déchirer sa carte de la CGT. Il n’y a aucune raison, je reste qui je suis
, dit ce père de quatre enfants âgés de 13, 15, 16 et 18 ans. Outre ses fonctions « ministérielles » de célébration des baptêmes, des mariages et des sépultures, Benoît Dillé aimerait s’engager au service du renforcement des liens intergénérationnels. Il y a beaucoup à faire pour rapprocher les aînés et les jeunes
, éclaire le futur diacre de la paroisse Bienheureux Antoine-Chevrier, qui rassemble les églises choletaises Sainte Bernadette et Saint-Louis Grignion de Montfort.
D’ici là, une autre mission l’attend : la lutte contre le projet de réforme des retraites. C’est une mesure injuste, surtout pour ceux qui commencent tôt et travaillent dans des métiers pénibles. Notre fils va entrer en apprentissage à 16 ans, et on va lui demander de travailler jusqu’à 64 ans ? On nous parle d’un dispositif carrières longues mais qu’en sera-t-il dans quelques années et on ne sait pas encore ce qui sera écrit dans la loi.
Autant de raisons à ses yeux pour troquer son aube blanche contre sa chasuble rouge de la CGT et descendre dans la rue à Cholet, mardi 7 mars, pour défiler contre le gouvernement. Avec la bénédiction de l’Église.
Une grande étape samedi
L’église Sainte-Bernadette de Cholet accueille l’évêque d’Angers, Mgr Delmas, ce samedi 4 mars (15 h 30), pour une cérémonie d’institution aux ministères de la Parole et de l’Eucharistie. Cette cérémonie, ouverte à tous les fidèles, marquera l’engagement à vie de trois futurs diacres qui recevront leur aube blanche. Un rendez-vous incontournable avant leur ordination, samedi 14 octobre 2023, à la cathédrale d’Angers. Outre le Choletais Benoît Dillé sont appelés devant l’évêque Patrice Ménard, de Gennes, qui travaille dans une société proposant des parcours de catéchèse et Joseph-Emmanuel Vitour, un salarié de l’agroalimentaire du Louroux-Béconnais (Val-d’Erdre-Auxence).
Gabriel BOUSSONNIÈRE (Le Courrier de l’Ouest)
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