« Un mur de la honte » dressé aux urgences de Brest pour dénoncer les conditions d’hospitalisation (LT.fr-13/08/24)

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Devant les urgences du CHU de Brest, un « mur de la honte » recensant le profil des personnes de plus de 75 ans prises en charge trop lentement ces dernières semaines a été dressé. Les syndicats alertent sur les conditions d’hospitalisation.

Par Paul BOHEC.

Devant l’un des murs du bâtiment des urgences du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Brest, les panneaux se déploient, ce mardi 13 août 2024. Un, deux, trois volets. Puis, quatre, cinq, six. Sur chacun d’entre eux, une quinzaine de feuilles blanches A4 détaillent le profil des patients de plus de 75 ans qui ont été accueillis aux urgences entre le 10 juillet et le 7 août, d’après les chiffres fournis par le syndicat CGT.

Le 12 juillet, Mme S. aurait ainsi passé 25 heures sur un brancard. Huit jours plus tard, Mme L.G. en aurait même passé 31. La personne la plus âgée serait centenaire et aurait attendu 16 heures. « Les personnels font ce qu’ils peuvent, ce sont de grands professionnels qui aiment leur travail. Mais on prend des risques. On se retrouve dans une situation où l’on joue avec le feu », s’inquiète Stéphane Vielmas, représentant syndical de la CGT et infirmier en bloc opératoire depuis 2005 au CHU de Brest, à l’origine de ce qu’il présente comme « le mur de la honte ».

Augmentation du risque de mortalité

« En tant que soignant, ça nous pose problème », renchérit l’infirmier en rappelant l’étude « No Bed Night » de novembre 2023 menée par l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). « Une nuit passée sur un brancard aux urgences augmente de près de 40 % le risque de mortalité hospitalière des patients âgés. Que des personnes hospitalisées passent plus de 20 heures sur un brancard, ce n’est pas normal », assène-t-il.

Dans un communiqué, le député Pierre-Yves Cadalen, membre du conseil de surveillance de l’hôpital, déplore « le manque de moyens pour notre service public de santé, entraînant une prise en charge bien souvent très lente » et « apporte un soutien plein et entier au personnel hospitalier mobilisé au quotidien pour les patients et pour la défense de la santé publique ».

« Il ne vaut mieux pas avoir besoin des urgences »

Les syndicats du personnel paramédical tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme parce qu’ils constatent la fatigue des infirmiers et aides-soignants. « Ils rognent sur leur temps de repas, leur temps de pause… Il y a un véritable état de fatigue », pointe Stéphane Vielmas. D’après le représentant syndical, le problème tient essentiellement du fait que « les urgences servent de service d’hospitalisation ». « On a une population de plus en plus âgée qui nécessite de plus en plus de soins et une prise en charge de plus en plus longue. Tout ça fait que le reste de l’activité est ralenti et on se retrouve avec des urgences embolisées », souligne-t-il.

Le tout dans des conditions parfois précaires. Quand les box des urgences sont tous occupés, ce qui était autrefois le parking réservé aux ambulances a été transformé depuis quelques années en salle d’attente allongée (SAA) avec 22 places supplémentaires. « C’est mieux que quand les patients étaient dans le couloir, mais il n’y a pas de paravents, on se retrouve parfois à faire la toilette de petites grands-mères au milieu de tous les autres patients », témoigne une infirmière. Venue en soutien au personnel, Michèle, 77 ans et ancienne syndicaliste de la CGT au CHU de Brest, souffle : « Quand je vois ça, ça m’inquiète : je me dis qu’il ne vaut mieux pas que j’ai besoin de me rendre aux urgences ! »

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Les patients « vus, accueillis et pris en charge »

Coordonnatrice générale des soins au CHU de Brest, Laurence Jullien-Flageul rappelle que les délais passés sur les brancards « ne signifient aucunement que le patient n’est pas vu, accueilli et pris en charge médicalement ». Elle rappelle que les fermetures de lits dans les services de chirurgie, notamment pendant la période estivale, ne sont liées qu’à la diminution d’opérations programmées.

« Contrairement à de nombreux établissements hospitaliers en France, le CHU de Brest a ouvert une soixantaine de lits d’hospitalisation depuis cinq ans », souligne Laurence Jullien-Flageul, qui précise qu’est « mise en place une attention particulière dès qu’une personne passe plus de dix heures sur un brancard, même si ce n’est pas acceptable », sans confirmer les chiffres avancés par les syndicats.

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Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/brest-29200/un-mur-de-la-honte-dresse-aux-urgences-de-brest-pour-denoncer-les-conditions-dhospitalisation-video-6642888.php

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