Un tir de grenade lacrymogène lancé par les forces de l’ordre a atterri au 3e étage d’un immeuble d’habitation, proche de la place Saint-Anne, en marge des heurts violents, jeudi 15 mars 2023, à Rennes (Ille-et-Vilaine). Thibaut, 30 ans, était chez lui et a rapidement réagi. Il témoigne.
« Il faisait plutôt bon jeudi soir (15 mars 2023, NDLR.), alors j’ai ouvert les fenêtres de mon studio, au troisième étage. Elles donnent sur une petite cour fermée, entourée de plusieurs immeubles et de deux terrasses. Je savais que ça grognait pas mal, sur la place Sainte-Anne : j’étais sorti, plus tôt, et j’avais vu du monde, mais ce n’était pas la première fois. Et je n’ai pas réalisé la tournure que les choses ont prise, en cours de soirée.
Je jouais à un jeu vidéo en ligne, avec des amis. J’étais sur mon ordinateur, avec mon casque sur les oreilles. À un moment, un peu après 22 h, j’ai entendu un bruit. Comme si quelque chose d’un peu lourd était tombé. J’ai regardé, sans rien voir.
« J’ai senti de la fumée »
J’ai continué mon jeu et j’ai senti de la fumée. Ça venait du rideau de ma fenêtre, derrière moi. Je me suis approché et j’ai vu un palet de gaz lacrymogène, tombé par la fenêtre ouverte entre le tissu du rideau et la plinthe de mon studio.
C’était un disque plein, de la taille d’une capsule de café, je dirai. J’avais les poumons qui brûlaient et des larmes qui venaient. J’ai réagi comme j’ai pu. J’ai pris une serviette humide pour me cacher les yeux et j’ai attrapé le palet à la main, pour le remettre dehors.
« Je n’ai pas tout de suite réalisé »
Je n’ai pas tout de suite réalisé, à vrai dire. Je n’ai pas paniqué, il me semble, mais quand même, ça fait drôle…
J’ai prévenu mes copains en ligne de ce qui venait de se passer. J’ai envoyé un message à ma copine et j’ai repris mes esprits. Je pense que le palet vient d’un tir en cloche effectué par un CRS. J’habite à plusieurs mètres du sol… Comme mon immeuble se situe à quelques mètres d’un autre en travaux, la grenade a dû passer par là. De chez moi, je pouvais voir les forces de l’ordre.
Je n’envisage pas de porter plainte. Les dégâts sont minimes. J’ai contacté mon propriétaire, bien sûr, qui viendra voir bientôt. J’ai eu peur, c’est vrai, quand j’ai vu la fumée, mais ça n’a eu aucune autre conséquence, heureusement. »
Recueilli par Angélique CLÉRET.