
Le réalisateur douarneniste Mathurin Peschet vient de livrer « Chaluts en péril », passionnant documentaire de 26 minutes tourné en février 2024 à bord du Magellan, chalutier du Guilvinec. Première diffusion ce dimanche.
Par Dimitri L’hours
Février 2024 : au moment où Douarnenez et ses habitants fêtaient les Gras, le réalisateur de films documentaires Mathurin Peschet vivait une expérience bien différente sur le Magellan 2, chalutier du Guilvinec. Dix jours durant, Mathurin Peschet, accompagné de Nedjma Berder, a pu interroger et observer de près le quotidien de ceux qu’ils nomment « les forçats de la mer ». « Avec Nedjma, nous avons été frappés de voir à quel point leur métier est difficile et les corps abîmés », souffle le documentariste, membre du Pôle audiovisuel de Douarnenez. Difficile de lui donner tort après avoir visionné « Chaluts en péril », reportage de 26 minutes tiré de ces dix jours en mer, et diffusé ce dimanche 6 octobre sur France 3, dans l’émission « Littoral ».
« 350 heures travaillées par mois »
Au fil des scènes, les manœuvres exigeantes se répètent au milieu d’une mer déchaînée, tandis que les marins racontent le quotidien à bord de ce bateau où ils accomplissent les tâches ménagères en plus des remontées de chalut, du tri et de l’étripage des poissons. « Avec Nedjma, nous avons proposé d’aider à trier et étriper les poissons après quelques jours. La parole s’est un peu libérée sur le bateau, en particulier celle des matelots », relate Mathurin Peschet, soucieux de décrire au mieux le rythme de travail des marins. « Sur 24 heures, les gars doivent être à 17-18 heures de travail par jour. Ça fait du 350 heures travaillées par mois. On arrive à avoir des salaires corrects avec le peu d’études qu’on a fait, entre 3 000 et 5 000 € par mois. Mais ça ne fait jamais qu’entre 10 et 15 € de l’heure », calcule Sébastien Le Prince, le patron. Celui-ci défend ardemment son gagne-pain, la pêche au chalut, ébranlée par les différents plans de casse et une image devenue désastreuse en raison de son impact environnemental.
« Je ne peux pas changer avec des crédits comme ça »
Tandis qu’il regarde un débat télévisé entre Pierre Karleskind, ancien président de la commission pêche au Parlement européen, et Claire Nouvian, militante écologiste et présidente de Bloom, l’armateur s’agace. « Ça sape le moral, on est partis en mer ramasser une branlée et t’as une dame toute pimpante à la télé qui dit qu’il faut tout arrêter (…) Ces gens-là peuvent dénigrer le poisson de chalut mais une ménagère qui va faire ses courses, elle va pas regarder si le poisson est frais, elle va regarder le prix. Et le prix, il passe par le poisson du large, pas celui de la bande côtière », plaide le patron, dont le bateau aura consommé 18 tonnes de carburant durant cette virée hivernale, effectuée à 150 milles au large de la pointe de Penmarc’h. L’armateur l’assure : « Moi je veux vivre de mon métier, pas de l’argent public. Mais dans ce cas, trouvez-nous une solution. Tous les mois, je dois rembourser 12 000 € de crédits. Je ne peux pas changer ma manière de travailler avec des crédits comme ça ».
Pratique
« Chaluts en péril », film documentaire de 26 minutes réalisé par Mathurin Peschet. Diffusion ce dimanche 6 octobre, à 12 h 55, dans l’émission « Littoral » sur France 3 Bretagne.
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