Dans le cadre d’un mouvement national, les AESH sont appelés à se mobiliser, ce mardi 13 juin, devant le rectorat de Rennes. Les syndicats réclament une revalorisation salariale et une meilleure reconnaissance du métier.
« On fait comme on peut, avec les moyens du bord ». Emilie est assistante d’élèves en situation de handicap (AESH) à Rennes. Confrontée au quotidien à la précarité et au manque de reconnaissance, elle sera présente devant le rectorat, à Rennes, ce mardi matin. À l’appel de plusieurs syndicats bretons, les AESH s’y sont donné rendez-vous à 11 heures pour réclamer une revalorisation de leurs salaires et une meilleure reconnaissance.
« Nous ne sommes pas formés à accueillir des enfants handicapés »
Ces accompagnants du quotidien sont confrontés à de nombreux handicaps différents, de l’autisme au handicap physique. Aujourd’hui, Emilie, accompagne un jeune garçon autiste. Problème : elle n’a reçu aucune formation pour savoir comment agir avec lui. « Je tente de faire au jour le jour, d’apprendre sur le tas. Nous n’avons aucune formation pour accueillir des enfants handicapés » confie-t-elle.
Le constat est partagé par Fanny, également AESH et membre du syndicat FSU. « On a une formation de 60 heures en première année, alors même que nous sommes déjà en poste » dénonce-t-elle. Plus encore, les agents ont la possibilité de s’inscrire chaque année à des formations continues. Formations auxquelles Fanny s’inscrit depuis 6 ans, « mais je n’ai jamais eu de réponses à mes demandes ».
Un métier précaire
Les AESH encadrent des élèves handicapés plusieurs heures par semaine. Des contrats de 24, 26 voire 28 heures, souvent en CDD, qui ne leur permettent pas d’obtenir un temps complet et donc d’être payés au SMIC. Une situation qui, selon Matthieu Mahéo, secrétaire du syndicat SNES-FSU Rennes, plonge ces agents « dans une situation de grande précarité », renforcée par l’inflation.
Face à cela, le ministère de l’Éducation nationale accorde, depuis septembre 2022, des CDI aux AESH cumulant trois ans d’ancienneté. Une mesure jugée « très insuffisante au regard des conditions salariales, d’emploi et de travail », selon l’intersyndicale. Elle réclame désormais l’augmentation des rémunérations de tous les AESH. Un moyen aussi d’attirer de nouvelles recrues : il en manquerait aujourd’hui près de 4 000 dans l’académie de Rennes. Selon Matthieu Mahéo, « le chiffre de recrutement ne progresse plus depuis 4 ans, voire diminue ».
« Tout ça n’évolue pas dans le bon sens »
« Les AESH ont un rôle stratégique dans l’éducation des enfants handicapés », martèle Matthieu Mahéo, secrétaire du syndicat SNES-FSU. Ces dernières années, la profession a beaucoup évolué. Depuis 2019, les assistants peuvent suivre plusieurs élèves scolarisés dans différentes écoles d’un même secteur. Une solution « catastrophique » selon Fanny : « les élèves perdent du temps d’accompagnement et les AESH ont moins envie de s’investir dans un établissement qu’ils sont de toute façon amenés à quitter ».
Prochain projet : fusionner leur profession avec celle des assistants d’éducation (AED). Une « nouvelle étape du mépris » selon l’intersyndicale, qui dénonce une fusion de deux professions « qui n’ont aucun rapport ». « Les AED surveillent et aident aux devoirs, alors que les AESH font du suivi individuel d’enfants handicapés. Ce n’est pas interchangeable, cela ne demande pas les mêmes qualifications » soutient Fanny. Face à ces changements, elle est plutôt pessimiste : « Tout ça n’évolue pas dans le bon sens. On se dit que notre profession est vouée à disparaître ».
Auteur : Morgane Jean
URL de cet article : « Une grande précarité » : les AESH de Rennes sont en grève ce mardi. ( LT.fr – 13/06/23 ) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)