
L’association environnementale Eau et rivières de Bretagne a publié son nouveau classement des eaux de baignade. Dans le pays de Concarneau, la majorité des plages sont recommandées à la baignade, mais plusieurs sont épinglées « à éviter », dont celle du Porzou, la seule de Bretagne Sud. L’Agence régionale de santé tempère, rappelant le cadre réglementaire européen.
Par Stéphanie HANCQ.
Lancée en 2024 par l’association Eau et rivières de Bretagne, l’initiative « La Belle Plage » vise à « mieux informer les baigneurs sur la qualité des eaux ». Publié le 8 avril 2025, ce classement évalue 25 plages de l’agglomération de Concarneau : une est classée « à éviter » (Le Porzou à Concarneau), deux sont « déconseillées » (Cornouaille à Concarneau et Loc’h Roz à Trégunc), neuf « peu risquées », treize « recommandées ».
« Un risque d’agents pathogènes »
Un classement plus strict que celui de l’Agence régionale de santé (ARS), bien qu’il s’appuie sur les mêmes données. « L’ARS lisse les résultats sur quatre ans, ce qui peut masquer des pics de pollution », décrypte Christophe Le Visage, vice-président de l’association. Résultat : aucune plage du territoire n’est officiellement classée en qualité insuffisante.
Eau et rivières, qui milite depuis 55 ans pour la qualité de l’eau, a donc repris les analyses bactériologiques de 2020 à 2023, disponibles auprès de l’Agence européenne de l’environnement. Réalisés entre juin et septembre, ces prélèvements mesurent la concentration en Escherichia coli et entérocoques intestinaux, indicateurs de contamination fécale. « Ces germes ne sont pas dangereux à faibles doses, mais signalent un risque de présence d’agents pathogènes », rappelle le ministère de la Santé.
LIRE AUSSI. ENQUÊTE. Baignades interdites en Sud-Finistère : mais d’où viennent les pollutions ?
Un classement « plus lisible » selon l’association
Là où l’ARS établit une moyenne glissante sur quatre ans, l’association, elle, analyse chaque prélèvement individuellement, en fonction de sa qualité. Son classement repose sur la proportion de résultats « bons » : il en faut au moins 95 % pour une plage « recommandée », entre 85 et 95 % pour une plage « peu risquée », 70 à 85 % pour une plage « déconseillée » et moins de 70 % pour une plage « à éviter ».
« C’est plus lisible pour le grand public », estime Christophe Le Visage. Il pointe aussi l’origine des pollutions : en zone urbaine, « comme à Concarneau », elles sont souvent liées à des réseaux d’assainissement anciens, poreux, ou à des erreurs de raccordement des eaux pluviales. Ailleurs, ce sont les rejets agricoles qui sont mis en cause par l’association.
La mise au point de l’ARS Bretagne
Face à ces résultats et à leur médiatisation, l’ARS Bretagne rappelle que ce classement « ne respecte pas la méthodologie officielle définie par la directive européenne 2006/7/CE », que la France est tenue d’appliquer. « Le classement de l’association est défavorable pour de nombreux sites et laisse à penser à tort que certaines plages sont de mauvaise qualité, alors qu’elles sont officiellement « bonnes » ou « suffisantes » », indique l’ARS.
L’agence insiste : « Ce n’est pas un classement officiel. » Elle invite le public à consulter le site baignades.sante.gouv.fr pour accéder aux résultats certifiés. Le prochain classement officiel sera publié « fin mai ou début juin ».
Pratique. Pour retrouver le classement d’Eau et rivières de Bretagne, rendez-vous sur www.labelleplage.fr
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/une-plage-de-concarneau-est-la-seule-du-sud-bretagne-classee-a-eviter-par-eau-et-rivieres-of-fr-15-04-25/