
Les appels intersyndicaux à mettre la France à l’arrêt à partir du 7 mars se multiplient dans les départements et dans une série de secteurs : dans l’énergie, dans la collecte et le tri des déchets, à la RATP, dans les organismes sociaux… et, depuis ce lundi 27 février, toutes les organisations syndicales de cheminots appellent à la grève reconductible à partir du 6 mars, 19 heures.
Dans un certain nombre d’entreprises industrielles, la grève s’organise également. Les sommets s’inquiètent : le journal patronal L’Opinion titre ce mardi 28 février sur l’ « insupportable spectre du blocage du pays » … Mieux vaudrait qu’« en haut », tout le monde se rende compte de la situation et revienne à la raison.
Il ne suffit que d’une chose : retirer la réforme des retraites… À écouter les dernières déclarations de M. Macron au Salon de l’agriculture, il semble que malheureusement ce n’est pas la raison qui, au moins pour lui, est en voie de l’emporter. Il portera l’entière responsabilité des suites.
Extraits de l’interview de Didier Mathis , secrétaire général du syndicat Unsa ferroviaire (deuxième organisation à la SNCF)
Franceinfo, 28 février
Didier Mathis : Maintenant, les organisations syndicales (à la SNCF, Ndlr) appellent donc à un préavis de grève illimité à partir du lundi 6 mars, 19 heures (…) Quand on regarde les mobilisations, elles ont été plus fortes qu’espéré lors des dates retenues. On sent très bien que l’ensemble des salariés sont derrière nous, et nous sommes assez optimistes, d’autant que les dernières déclarations des sénateurs – dont Bruno Retailleau, qui aime bien faire le buzz en pareille occasion – appellent justement à des modifications quant à la « clause du grand-père » . (…) Pour nous, c’est un signal d’alarme supplémentaire, mais le sujet de départ est bien le retrait de la réforme des retraites (…). Bien entendu, il est très important d’avoir l’opinion publique derrière soi (…). C’est maintenant que nous devons justement accélérer le conflit (…).
Franceinfo : Grève reconductible donc, et pourquoi pas une grève en pointillé comme ce fut le cas notamment en 2018, 2019, avec par exemple deux jours sans train et puis les jours suivants de la semaine avec davantage de circulation, ce qui permettrait aux cheminots d’inscrire cette grève dans la durée ?
D. M. : C’était le cas au printemps 2018, parce qu’en 2019, à l’initiative de l’Unsa RATP et de l’Unsa ferroviaire, nous étions partis dans une reconductible dès le 5 décembre 2019. Si on remonte donc à la période que vous dites au printemps 2018, ce type de grève n’avait pas été concluante car l’ensemble des points pour lesquels nous étions en grève avaient été votés, à savoir la fin de l’embauche au statut, l’ouverture à la concurrence dans le ferroviaire et la création des cinq sociétés anonymes.
Franceinfo : En tout cas, vous n’avez pas souhaité reconduire ce modèle de grève aujourd’hui ?
D. M. : Sauf à vouloir un deuxième échec, bien entendu que non. Il faut apprendre des leçons du passé, et cette grève, qui avait été appelée la « grille du loto » à l’époque, a été un échec cuisant.
Dans la même matinée, Didier Mathis, toujours, a déclaré sur France 2 : « Nous passons aujourd’hui à la vitesse supérieure. A partir du 7 mars, nous allons entamer une grève reconductible et elle ne cessera que quand le gouvernement aura retiré cette réforme des retraites qui est injuste et punitive. »
Extraits de l’interview de Rémi Aufrère-Privel , représentant national du syndicat Unsa ferroviaire
BFMTV, lundi 27 février
BFMTV : L’objectif est donc clair, dix jours d’affilée de grève ?
Rémi Aufrère-Privel : Oui, l’objectif est clair. Parce que nous sentons que le gouvernement reste droit dans ses bottes, comme disait Alain Juppé en 1995, et que ce qui a fait reculer Alain Juppé pourrait faire reculer le gouvernement d’aujourd’hui.
BFMTV : Dix jours de grève à la suite, c’est le pari que vous faites ?
R. A.-P. : Nous y sommes prêts aujourd’hui. L’unité syndicale est parfaite.
Quand on regarde l’histoire sociale de notre pays, que ce soit en 1986 ou en 1995, seuls des mouvements assez longs ont permis de faire reculer ce type de contre-réforme.
BFMTV : Quand vous dites : « Bloquer Paris au moins deux week-ends », il est important symboliquement de frapper la capitale ?
R.A.-P. : Il est important parce qu’en France, lorsque vous ne paralysez pas la capitale, vous êtes beaucoup moins entendus.
Extraits du communiqué FGTE cheminots CFDT (27 février)
« Pour faire reculer le gouvernement, la CFDT appelle à la grève reconductible à partir du 7 mars 2023. (…) Alors que le projet de loi arrive devant le Sénat, la CFDT cheminots considère qu’il est impératif de renforcer la mobilisation. Les annonces faites ce week-end, laissant entendre que le gouvernement envisage comme possible “d’accélérer la suppression des régimes spéciaux”, montrent que les débats au Sénat vont être cruciaux et que la capacité à toujours faire pire est bien réelle. La CFDT cheminots a procédé à une consultation de ses adhérents, lancée depuis vendredi dernier, son résultat est clair : plus de 80 % sont favorables à une grève reconductible à partir du 7 mars. »`
Extraits du communiqué intersyndical CGT, Sud ,FO des cheminots d’Achères (78) et environs, 21 février « Le rejet est massif, et le gouvernement refuse de l’entendre et d’en tenir compte. Si la France doit être bloquée, ça sera bel et bien de la responsabilité du gouvernement ! Face à ce constat, l’intersyndicale d’Achères appelle l’ensemble des cheminotes et cheminots d’Achères et environ à se préparer à durcir le mouvement à partir du 7 mars. La France doit être à l’arrêt tant que nos revendications ne seront pas prises en compte. (…) Afin de décider des suites du mouvement et de refléter au plus juste l’avis de la majorité des cheminotes et des cheminots, soyez le plus nombreux possible aux AG qui se dérouleront à partir du 7 mars 2023. » Extraits du communiqué intersyndical Sud, CGT, Unsa des cheminots de Paris Sud-Est (Gare de Lyon) « Réforme des retraites : le gouvernement refuse d’entendre les millions de manifestants ? A partir du 7 mars, haussons le ton par la grève reconductible Les 5 journées de grèves et de manifestations n’auront donc pas suffi pour ramener le gouvernement à la raison et le contraindre à retirer son projet néfaste de réforme des retraites. (…) Notre arme ultime pour contrer ce projet est donc la grève reconductible et le blocage du pays (…). Le gouvernement, par son jusqu’au-boutisme, porte l’entière responsabilité de la grève et des blocages à venir. Défendons ensemble notre système de retraite, pour nous, nos aînés et nos enfants. Tous en grève reconductible à partir du 7 mars et soyons nombreux aux AG qui seront organisées sur tous les sites. » Extraits du communiqué CGT, Unsa, Sud, CFDT, FO de Paris-Montparnasse, 27 février « Dès le mardi 7 mars, toutes et tous en grève ! Assemblée générale 10 heures, gare Vaugirard. (…) Dans le cadre de l’appel interprofessionnel à durcir le mouvement et à mettre la France à l’arrêt dans tous les secteurs dès le 7 mars prochain, l’intersyndicale de Montparnasse appelle à une grève massive permettant de fermer totalement les services, les lignes et les gares ! » |
La Rédaction d’IO
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