
Depuis le 11 février les étudiants de Poitiers poursuivent leur mobilisation. Réunis en AG le 17 février en nombre plus important qu’au début du mouvement, ils ont décidé d’étendre leurs actions.
Par Correspondants
Commencée le 11 février à la faculté de lettres et langues, la mobilisation des étudiants se poursuit. Réunis en AG le 17 en nombre plus important qu’au début du mouvement, ils ont décidé d’étendre leurs actions : blocus de l’hôtel Fumé (sciences humaines), des bâtiments de sciences fondamentales appliquées, de psycho et de géographie, la faculté de lettres et langues étant quant à elle occupée. Suspendu pour le week-end (« Portes ouvertes »), le blocus a été reconduit pour lundi.
Le passage en force du budget 2025 par le gouvernement Bayrou au moyen de l’article 49-3, avec la complicité du PS et de l’extrême-droite, n’épargne aucun secteur, surtout pas l’enseignement supérieur et la recherche.
630 millions d’euros en moins, c’est la réalité que devront endurer étudiant.e.s, personnels et professeurs de l’université. En réponse à l’assassinat du service public par le gouvernement, les organisations étudiantes pictaviennes (Unef Renouveau syndical, Solidaires étudiant.e.s Poitiers, CGT SELA 86 et Autonomes), ont décidé d’appeler à l’occupation de la faculté de Lettres et Langues.
Révoltés par la perspective du « redimensionnement de l’offre de formation » dans le langage politicien des présidences d’université, c’est-à-dire la suppression de licences et masters – souvent dans le domaine des sciences sociales – que l’on estimerait moins importants, les étudiant.e.s ont répondu par centaines à l’appel des organisations et participent au blocage de la faculté décidé pour une durée indéterminée. Et ceux malgré le soutien formel d’une présidence d’université trop frileuse pour aider concrètement les étudiant.e.s dans leur lutte contre une politique qu’elle dénonce pourtant elle-même.
Le blocus en place depuis le 11 février s’articule autour d’AG tous les matins rassemblant plusieurs centaines d’étudiant.e.s et personnels. Ces AG servent de moments politiques trop rares à l’université de Poitiers où les participants expriment leur colère et leur inquiétude face à la destruction du service public de l’éducation. Le mouvement a décidé de s’étendre aux autres facs alentour avec succès, en particulier en psychologie et géographie.
La force de ce mouvement quasi spontané témoigne bien du rejet de la politique répressive de casse sociale par le néolibéralisme en place depuis bien trop longtemps, comme en témoignent les étudiant.e.s et personnels interviewés dans le bâtiment occupé.
Soutien du personnel dans son ensemble et de plusieurs doyens
Le doyen de la fac de lettres et langues, présent sur le blocus pour « s’assurer du bon ordre », soutient pleinement le mouvement. Témoin de la casse de l’université publique ayant commencé d’après lui il y a 25 ans, il souligne l’importance d’accompagner la lutte des étudiant.e.s qui, selon lui, font « bien plus pour exprimer le rejet du budget que le conseil d’administration de l’université depuis le début du second quinquennat Macron ».
En contact permanent entre eux, les doyens de plusieurs UFR tout comme le personnel dans son ensemble semblent s’entendre dans la nécessité d’un accompagnement maximal du blocus étudiant. Ce fort soutien des personnels témoigne de ce que le doyen décrit comme « un sentiment d’épuisement et de frustration de ne plus pouvoir accompagner correctement les étudiants » et du rejet de « la politique élitiste visant à réduire l’éducation supérieure aux plus privilégiés d’entre nous ».
Un étudiant de droit présent sur le blocus déplore le fait que les restrictions budgétaires entraîneraient des conséquences à l’avenir dramatique « sur les filières qui rapportent le moins au profit des filières rapportant le plus ». Il souligne que ces coupes accéléreront la dégradation de locaux qui tombent déjà en ruine.
Reste maintenant à savoir si une telle politique pourra continuer d’être mise en œuvre longtemps, à l’heure où même les populations historiquement les plus droitières ou dépolitisées de l’université comme le droit ou la médecine commencent à faire entendre leur hostilité et leur opposition… A suivre…
Etudiant.es mobilisé.es contre l’austérité : l’intersyndicale dénonce la répression et apporte son soutien au mouvement étudiant ! Communiqué intersyndical du 14 février, Snesup-FSU, Snep-FSU, Snasub-FSU, CGT-FERC Sup, CGT Inrae, FO ESR, Sud Solidaires Education, Sud Solidaires Recherche, Union étudiante, FSE, Solidaires Etudiant.e.s, Unef « Depuis plusieurs mois, dans de nombreuses universités, des milliers d’étudiant.es se mobilisent contre la casse des services public de l’enseignement supérieur organisée par les gouvernements successifs.Cette mobilisation prend des formes différentes : assemblées générales, manifestations, blocages, occupations… Partout, le mouvement s’organise et gagne en ampleur de semaine en semaine.Parallèlement à l’amplification de ce mouvement, la répression s’intensifie. Depuis quelques jours, plusieurs manifestations et actions étudiantes pacifiques ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre.A l’Université de Lille, un blocage à l’appel de l’assemblée générale étudiante a vu la police intervenir à coups de matraque et de gaz lacrymogène, semble-t-il sur demande de la présidence de l’université.A Rennes, une manifestation d’étudiant.es convergeant vers le rectorat pour rejoindre des personnels mobilisé.es a été violemment réprimée et poursuivie jusque dans l’enceinte de l’université sans accord de son président, en violation totale du principe de franchise universitaire. Plusieurs étudiant.es ont été blessé.es et un syndicaliste de l’Union étudiante a même été arrêté.L’intersyndicale dénonce ces violences et cette répression, qui sont inacceptables et démontrent la crainte du gouvernement d’un mouvement étudiant fort. L’intersyndicale rappelle qu’elle s’oppose aux fermetures devenues quasi systématiques des bâtiments et campus universitaires lors des journées de mobilisation des étudiant.es. Elle dénonce le recours à l’enseignement à distance et au télétravail pour briser la grève, en violation de l’article 12 de l’accord télétravail de juillet 2023 signé par la ministre, qui exclut explicitement la grève des circonstances exceptionnelles permettant à l’employeur d’imposer le télétravail.L’intersyndicale appelle personnels et étudiant.es à soutenir largement et à rejoindre le mouvement étudiant en cours pour faire plier le gouvernement, stopper la destruction du service public de l’ESR (Enseignement supérieur et recherche) par l’austérité et faire entendre nos revendications. » |
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