Joignable via le 15, le nouveau Service d’accès aux soins (SAS) doit permettre de limiter l’afflux de patients aux urgences. Étendu à l’ensemble de la Bretagne, il rencontre des difficultés liées aux nombreux appels et au manque de moyens humains.

Les assistants de régulation médicale sont en première ligne quand on appelle le 15. (Le Télégramme/Loïc Berthy)
Les urgences des hôpitaux bretons sont, pour la plupart, en grande difficulté cet été. Pour limiter l’afflux de patients et éviter la saturation, le gouvernement incite, depuis peu, à contacter le 15, plutôt que d‘aller directement à l’hôpital. Derrière ce numéro, en journée, se glisse une nouvelle arme sanitaire, le Service d’accès aux soins (SAS), étendu à l’ensemble de la Bretagne depuis le 1er août. En l’appelant, toute personne ayant un besoin de santé urgent, et sans médecin traitant disponible, doit, en théorie, être orienté vers le service le plus adapté : à l’hôpital, en cas de besoin vital, ou, si ce n’est pas le cas, vers un médecin généraliste, qui réserve des créneaux aux soins non programmés.
Les piliers de ce SAS sont les assistants de régulation médicale (ARM) et les médecins régulateurs, chargés d’aiguiller les patients. Problème : en Bretagne, la charge commence à peser très lourd sur eux. Les syndicats d’ARM l’expliquent par un manque de personnel. Une grève est d’ailleurs en cours, depuis le 3 juillet, dans 69 des 100 centres d’appels départementaux pour, notamment, demander le recrutement « d’environ 800 ARM ».
« La communication du gouvernement a fortement joué »
Cette surcharge de travail est aussi due à une explosion du nombre d’appels en période estivale. « Ce week-end, on en a reçu 1 200, contre 800 à 900 le reste de l’année », détaille Yann Rouet, ARM au Samu des Côtes-d’Armor, dont le service assure le SAS depuis le 1er août. « On remarque une augmentation des demandes médicales, surtout en province, et particulièrement du côté de Perpignan, en Vendée et, depuis quelque temps, en Bretagne », abonde une représentante de l’Unarm (Union nationale des assistants de régulation médicale). Magalie Jacq, ARM dans le Morbihan, pense « que la communication du gouvernement faisant la promotion du 15 a fortement joué ».
L’afflux de touristes est une autre cause identifiée par l’Unarm. Faute d’avoir leur médecin traitant sur place, bon nombre d’entre eux se replient sur le 15. Mais tous n’y trouveraient pas forcément de solution alternative, selon le Dr Marie-Emmanuelle Kerrand, déléguée départementale de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) dans les Côtes-d’Armor. « Cette communication qui est faite de composer le 15 avant d’aller aux urgences est très bien. Mais on sait qu’il est très difficile de trouver un rendez-vous chez un généraliste ou dans une maison médicale de garde. Et concrètement, si les gens s’y cassent le nez, ils viendront aux urgences, faute d’autre chose… »
Auteur : Joseph Le Corre, Frédéric Jacq
URL de cet article : Urgences saturées en Bretagne : l’appel au 15, une alternative encore fragile (LT.fr 16/08/2023) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)