Victoire du NFP “Quand le doigt montre la lune les imbéciles regardent le doigt”. (NBH – 08/07/24)

Disons-le d’emblée le rejet largement majoritaire du néofascisme (RN) et l’arrivée en tête du nouveau Front populaire dans la nouvelle Assemblée nationale a de quoi nous réjouir.

Rien de cela n’était acquis il y a seulement 4 semaines.

Les Cassandre de droite se léchaient les babines, les crétins sectaires faisaient le tri de ceux qui étaient dignes ou pas de contribuer à la défaite de l’assaut fasciste, les défaitistes se répandaient sur les ondes, les RN s’y voyaient déjà quand leurs supplétifs violents piaffaient d’impatience, C-News et Bolloré s’imaginaient déjà agrandir leur emprise médiatique sur les décombres d’un service public déjà “normalisé” par la Macronie. Le MEDEF se disait qu’avec le RN c’était buisness as usual.

Et patatras. Un chiffre était passé inaperçu au 1er tour: les fachos faisaient 34%. Cela voulait dire qu’environ 70% des électeurs ne votaient pas RN. Certes il ne faut sous-estimer ni la puissance du RN, ni son réel danger, ni les méfaits d’un système électoral anti-démocratique, ni la malfaisance des campagnes médiatiques non-stop contre la France insoumise. Ni le fait que les gauches unies vs les  droites unies, c’est 30% contre 70%. Pas de triomphalisme, camarades.

Mais il ne faut pas négliger non plus que, contrairement à d’autres pays, le fond historique anti-fasciste est bien vivant et que la gauche de gauche existe. Entre parenthèses ou plutôt sans parenthèses et même en surlignant : merci Mélenchon. Ce qui n’excuse pas tout faut-il le rajouter. Mais Nouveau Front populaire, le nom est venu comme une évidence, faisant le lien entre passé et présent. C’est une vraie donnée politique.

Heureusement les irresponsables qui éructaient contre toute la gauche (sauf eux-mêmes) ne furent pas entendus, il faut dire que 0,2% des voix… ça calme les imprécateurs même s’ils n’ont pas encore compris que voter pour un macroniste pour battre le RN et l’empêcher de vaincre est une nécessité politique. Mais ça ils sont trop “ailleurs”(soyons gentils) pour le comprendre. Ils sont trop occupés à faire de passes de magie pour ressusciter le parti communiste des années 1930 car imaginez vous que là est la solution…

Bref laissons les scories à ce qu’elles sont et passons aux choses sérieuses. 

Le NFP en tête signifie que la gauche peut exiger de former le prochain gouvernement de la France. La Macronie, étrillée par les électeurs et qui ne sauve les meubles que par la grâce de l’antifascisme conséquent des électeurs de gauche, est hors jeu au moins comme force gouvernementale. 

Inutile de dire que les élucubrations médiatiques sur le nom du premier ministre n’ont qu’un intérêt très relatif. Les partis du NFP se réunissent aujourd’hui, lundi 8 juillet, et sans doute un nom sera proposé à Macron qui n’a constitutionnellement aucune obligation autre que la mathématique. Des mauvais coups et des provocations du locataire précarisé de l’Elysée, enragé par sa défaite écrasante et le rejet viscéral dont il est l’objet, sont possibles, ce type est capable de tout. Il faut l’avoir en tête.

La Macronie explose et déjà hier, en une soirée, nous avons eu droit à l’annonce de deux candidats pour 2027 issus de l’extrême-centre, Edouard Philippe et Gabriel Attal. Ajoutons que Bruno La Maire et Gérald Darmainin ne cachent pas leurs ambitions et que la candidature de Laurent Wauquiez pour la droite LR-canal historique ne fait guère de doute.

Mais la Macronie manœuvre. Son but, casser le NFP. Arracher le ventre mou de la gauche aux griffes des islamo-gauchistes. Les Glucksmann, Guedj tanguent déjà. À Grenoble le “social-démocrate” Bernard Cazeneuve a appelé à voter pour le macroniste Olivier Véran, ce qui a contribué sans aucun doute à le faire battre par un jeune Insoumis de 25 ans.  Hier soir les macronistes se découvraient partisans d’une “grande coalition” de “l’arc républicain” excluant tout de même la France Insoumise. Faut pas charrier ils ne vont quand même pas s’allier avec des gens qui veulent augmenter le SMIG, bloquer les prix et faire payer les riches. Il est vrai que les grandes coalitions ne sont que le cache-sexe des politiques de droite quand la gauche bourgeoise y contribue.

Macron va peut-être tenter, grâce à la nomination du premier ministre qui est de son ressort, de fracturer la gauche. 

Pour le moment la manœuvre grossière et ses gros câbles ne fonctionnent pas. Hier soir dès les résultats connus, Jean-Luc Mélenchon rappelait l’essentiel : le programme, rien que le programme, tout le programme. Olivier Faure, chef du PS, ou Marine Tondelier, cheffe des Ecolos, ont réagi dans le même sens. 

Ils ont raison. L’ingouvernabilité dépendra de l’attitude des oppositions face aux propositions concrètes que fera le gouvernement du NFP. Et il faudra avoir le goût du risque à l’extrême-centre et à l’extrême-droite pour refuser d’augmenter le SIMC ou d’abroger la contre-réforme des retraites. Car les masques risquent de tomber. Les “raisonnables” auront l’occasion de montrer aux gens s’ils le sont vraiment. Et ce qu’ils veulent. Et quels intérêts ils servent : ceux du peuple (classes populaires et moyennes) ou ceux des classes dominantes. Et cela sans se griller définitivement aux yeux des citoyen-ne-s. Cela est valable aussi pour les néofascistes du RN dont le masque “social” est déjà bien dégradé, tant on les a vu abandonner leurs postures “populistes” à l’approche du pouvoir, pour complaire au MEDEF.

Comment vont-ils justifier leurs dérobades devant le déroulement du programme du NFP? D’autres élections auront lieu et il faudra alors expliquer telle ou telle obstruction à des mesures de progrès social. La gauche sera à l’initiative et les droites devront se découvrir.

La gauche va certes devoir faire de la politique. Dans le sens le plus noble: expliquer et mobiliser à chaque pas, expliquer et mobiliser autour de chaque proposition, expliquer et mobiliser autour du thème: qui s’ oppose à nos propositions et pourquoi.

Et qui peut croire qu’alors les travailleuses et les travailleurs, les jeunes en galère, des facs aux quartiers populaires, resteront inertes ? Les syndicats, sous l’impulsion de la nouvelle cheffe de la CGT, semblent vouloir être partie prenante, en toute indépendance, du nouveau Front populaire. Des millions de gens sont descendus dans la rue, à plusieurs reprises, malgré un gouvernement arrogant, méprisant, nassant, gazant, matraquant et violent. Qui peut croire que les ouvriers, les salariés, les employés, les fonctionnaires, les infirmières, les cheminots etc… resteront muets quand ils verront un gouvernement aller dans le sens de leurs attentes et revendications et comment jugeront ils les laquais du patronat.

Nous ne devons pas craindre les temps qui viennent. Ils seront difficiles et exaltants. L’adversaire a des forces, nous aussi. Le nouveau rapport des forces sorti des urnes hier 7 juillet est un socle pour de nouvelles avancées des consciences. Il ouvre des perspectives qui semblaient encore éloignées il y a 4 semaines et il permet à la gauche de prendre l’initiative. L’ampleur du travail est impressionnant. 

Mais “Quand le doigt montre la lune les imbéciles regardent le doigt”.

Ne pas voir que nous avons hier remporté une victoire c’est faire preuve de cécité politique. En effet le résultat des législatives a créé une situation politique nouvelle dont nous pouvons, unis sur la base claire du programme du NFP, déployer les dynamiques et les potentialités par des luttes de masse tous azimuts.

Auteur : Antoine Manessis

Source : http://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2024/07/victoire-du-nfp-quand-le-doigt-montre-la-lune-les-imbeciles-regardent-le-doigt.html

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/victoire-du-nfp-quand-le-doigt-montre-la-lune-les-imbeciles-regardent-le-doigt-nbh-08-07-24/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *