Violences sadiques et viols impunis dans les écoles catholiques : la ministre Borne réagit… en dénonçant LFI et Mediapart (IO.fr-8/03/25)

E. Borne et F. Bayrou en réunion interministérielle. (AFP)

152 victimes à Notre-Dame de Bétharram, 30 à Notre-Dame-de-Garaison, des curés-violeurs dénoncés à Dax. Les collectifs d’élèves violentés se multiplient. Le « mur froid de la prescription » est opposé aux plaignants.

Par Michel SERAC

Les sévices, tortures et viols d’enfants, ont été commis dans des établissements catholiques financés par l’argent public, jamais contrôlés. Cela en vertu, si l’on ose dire, de la loi De Gaulle-Debré (1960). Cette violation de la séparation de l’Église et de l’État, des lois républicaines de neutralité de l’école, fut condamnée à l’époque par une majorité absolue de citoyens électeurs – 10 613 697 pétitionnaires. Quand, après De Gaulle, Giscard fut chassé à son tour en 1981, la « gauche de gouvernement », au lieu de respecter le « serment de Vincennes » en abrogeant cette loi scélérate1, décida les accords de Jack Lang (PS) avec Monseigneur Cloupet (1993). Salués comme « historiques » par le clergé, ils consacraient, avec des milliards supplémentaires, la honteuse reconnaissance par l’État de la « contribution de l’enseignement privé au service public de l’éducation ». Ainsi la Ve République, vraie droite et fausse gauche réunies, a-t-elle légalisé comme service public des « goulags pour enfants » (formule utilisée par des victimes), protégés, impunis…et financés.

Les deux institutions alliées, Eglise catholique et Ve République (Macron a été fait à Rome Chanoine de Latran, successeur des rois de France) sont désormais engagés dans un combat acharné pour interdire, par enfumages et mensonges, la connaissance des faits par l’opinion publique. Après l’Australie, les Etats-Unis, l’Irlande, l’Autriche, le Mexique, l’Allemagne et bien d’autres, c’est au tour de la France de voir déferler de nouveaux  témoignages sur les dépravations criminelles du clergé catholique. Le chiffrage à 330 000 des victimes de pédocriminels religieux depuis 1950, par le rapport Sauvé, dévoilait donc encore insuffisamment les crimes perpétrés au sein des écoles catholiques financées par l’État.

Tout se concentre maintenant sur les moyens qui ont permis la prescription judiciaire, mettant les criminels à l’abri des poursuites, et protégeant du scandale les politiciens complices. Un premier groupe de 46 plaignants de Betharram, sur les 152 à ce jour, reçus par le procureur de Pau voient plusieurs de leurs agresseurs appréhendés, mais remis en liberté : les anciens élèves violentés se heurtent « au mur froid de la prescription »(Radio France).

Plaintes ignorées, classées sans suite…jusqu’à la prescription

Le groupe constitué par 60 victimes d’une autre école, Notre-Dame de Garaison fait connaître les nuits d’alignement des élèves, mains derrière le dos, les gifles successives à tous, le fouet avec des lanières de cuir tressé, la torture du froid, dehors en pyjama, enfin les viols, pour lesquels une plainte est en cours. Des tympans sont crevés, dans plusieurs écoles, par la violence des gifles.

Nous écrivions la semaine dernière :

« le juge d’instruction Mirande, le gendarme enquêteur Hontangs avaient en 1998 dument confondu et incarcéré le curé-violeur Carricart, l’un des directeurs-prêtres pédocriminels. Les investigations à Betharram, le procès, auraient alors brisé l’omerta politico-cléricale, sauvé des enfants…si ce procès avait pu se tenir ! Mais une autorité supérieure de l’Etat casse cet emprisonnement».

Ce que le gendarme Hontangs lui-même exprime aujourd’hui clairement :

« On peut faire de la justice-fiction. Le père Carricart a été remis en liberté sous contrôle judiciaire juste après son placement sous mandat de dépôt par M. Mirande. S’il était resté à la maison d’arrêt de Pau, l’instruction aurait pu se poursuivre, et il aurait comparu aux assises. Il aurait été condamné ou acquitté aux assises, ça c’était un autre volet, mais en tout cas, les victimes se seraient senties confortées. Et peut-être que celles qui témoignent aujourd’hui se seraient senties concernées ou auraient parlé beaucoup plus tôt »(Mediapart, 26 février).

Comment les auteurs des crimes sont-ils parvenus au terme du délai de prescription ? Seul peut l’expliquer un réexamen minutieux et impartial de la multitude de plaintes classées sans suite, ou dont, bizarrement, on ne trouve plus trace, de cette étrange décision de mise en liberté de 1998, tous les procédés qui ont permis aux sadiques et violeurs d’acquérir l’impunité. « Les faits sont prescrits, Dieu merci ! » disait le cardinal Barbarin, protecteur des pédophiles.

Exemples : Damien S., le seul des trois bourreaux gardé en détention pour viol aujourd’hui, apparaît dans des témoignages d’élèves dès septembre 1998, dans l’enquête sur le directeur-violeur Carricart, et rien ne se passe en vingt-sept ans (Médiapart). Une mère signale au Parquet de Bayonne en 1996 des violences sexuelles sur des élèves de 6e. En 1998, la ministre de la justice Guigou reçoit l’information de plainte pour viol et d’autres faits « susceptibles d’avoir été commis ». Aucune inspection, aucune enquête diligentée dans les établissements.

A Notre-Dame de Garaison, en 2009, deux surveillants sont poursuivis, avec condamnation pour viol, aux assises, d’un surveillant (14 ans de prison). Et pas plus que les viols du directeur de Betharram, cela n’entraine d’investigation sur les pratiques de ces écoles financées par l’État, défendues par les notables politiques locaux. « Pas de vagues » est la règle, comme dit cette élève de Notre Dame de Garaison à qui on avait cogné la tête contre le mur, qui parle de « violence absolue », assiste à des coups de « santiags pointues directement dans l’anus », à qui le directeur a proposé un passage en classe supérieure en échange du silence, et qui a refusé (Radio France).

Les députés LFI coupables… d’alerter l’opinion ?   

Mme Borne ne devrait-elle pas s’estimer responsable devant les citoyens des treize milliards d’argent public dépensés pour des écoles catholiques payantes, où se passent, hors de tout contrôle de l’État, de telles horreurs sadiques ? Mme Borne, comme hier Mme Oudéa-Castéra, s’accomode fort bien de ces privilèges du clergé, mais aux milliers de parents de l’école républicaine, dont on ferme les classes, elle répond : « économies budgétaires ».

La courageuse professeure, Mme Gullung, qui, malgré les persécutions, a donné l’alarme sur les violences, devrait être écoutée avec attention, félicitée par Mme Borne, une inspection générale devrait être diligentées dans tous les établissements suspects.

Mais Mme la ministre n’est pas concernée : « Moi, je ne sais pas ce qui s’est passé dans cette école » ose-t-elle dire froidement, quand l’opinion est bouleversée par les souffrances de ces hommes de 60 ans en pleurs. Mépris de la ministre pour la professeure exemplaire, pour « le témoignage que Mediapart nous sort trente ans plus tard ». Voyez le dossier, Mme la hautaine et suffisante Ministre : il est avéré par la pressse régionale de l’époque que Mme Gullung avait justement lancé l’alerte trente ans auparavant, en vain !

A-t-elle tort, Mme Gullung, de dire aujourd’hui : « Si François Bayrou avait agi , il y a trente ans – quand elle l’avait personnellement saisi, quand il lui avait répondu : « on dramatise » – il y a trente ans de souffrances qui n’auraient pas eu lieu » ?

Mais voici le seul scandale, selon Mme Borne : « L’exploitation qui peut être faite par La France insoumise ».  Ainsi LFI qui brise l’omerta, après un demi-siècle de crimes, est une fois de plus mise à l’index ! Ainsi le député LFI Vannier, co-rapporteur parlementaire sur l’enseignement privé, qui demande un contrôle de ces écoles par l’État, est la cible de la ministre, qui n’a ordonné aucun contrôle ! Jusqu’où iront les despotes minoritaires de l’exécutif, dans le mépris des représentants du peuple…et l’obséquiosité envers le clergé ?

Darmanin, ministre de la justice n’est-il pas intrigué, comme des millions de citoyens, par cette mise en liberté saugrenue, précipitée de 1998, qui empêcha le procès d’assises du prêtre-violeur Carricart, et permit sa fuite à Rome ? Si la procédure normale n’avait pas été bloquée, «la parole se serait libérée» dit l’avocat de l’élève agressé, tout comme le gendarme-enquêteur. Et encore une fois, trente ans de souffrances auraient pu être épargnées à des centaines d’enfants.

Laconique, M. Darmanin s’est porté garant de M. Bayrou.

Comme dans toutes les affaires où de puissants intérêts privés (13 milliards) et des carrières politiques sont en jeu, justifiant tous les enfumages, la détermination des victimes n’aura comme appuis que l’opinion publique indignée, et la partie non servile de la presse.

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/03/08/violences-sadiques-et-viols-impunis-dans-les-ecoles-catholiques-la-ministre-borne-reagit-en-denoncant-lfi-et-mediapart/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/violences-sadiques-et-viols-impunis-dans-les-ecoles-catholiques-la-ministre-borne-reagit-en-denoncant-lfi-et-mediapart-io-fr-8-03-25/↗

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