
Du 22 au 24 avril 2025, deux anciens officiers de Genavir, qui opère la flotte océanographique de l’Ifremer, sont devant le tribunal de Brest (Finistère) pour harcèlements et agressions sexuelles. L’entreprise et son ancien directeur sont aussi sur le banc des prévenus.
Par Emmanuelle FRANCOIS.
C’est un procès qui devrait faire date, dans l’histoire de la marine marchande. Ces 22, 23 et 24 avril 2025, deux anciens marins de Genavir, la filiale de l’Ifremer qui arme ses bateaux océanographiques, sont devant le tribunal de Brest (Finistère). On reproche à cet ancien capitaine et cet ancien chef mécanicien des faits d’agression et harcèlement moral et sexuel à bord entre 2015 et 2019.
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Ils ne seront pas seuls sur le banc des prévenus : Genavir, en tant que personne morale et Eric Derrien, son ancien directeur, sont également accusés de discrimination et de « blessure involontaire par violation d’une obligation de sécurité ».
Dans les faits, après les plaintes, il est reproché à la société et à son ancien dirigeant de n’avoir pas mis en place de mesure pour prévenir et faire cesser le harcèlement, « en programmant les victimes sur le même navire que [le mis en cause], malgré leur dénonciation des faits », mais aussi pour avoir éloigné une des victimes du bateau sur lequel officiait le commandant, « limitant ses perspectives d’évolution professionnelle ». En janvier 2022, Genavir avait déjà été condamné, dans une procédure civile, à 3 000 € d’amende pour manquement à son obligation de sécurité et de prévention envers une employée.
« C’était compliqué de travailler dans un environnement sexiste »
Ce procès au pénal est le fruit d’une enquête de plusieurs années menée par le parquet de Brest, à la suite d’une alerte de l’inspection du travail. Sept victimes, dont un homme, ont été recensées. Certaines ont déposé plainte. « Le harcèlement sexuel, dans la marine marchande, ça veut dire : pas de femme avec nous, soulignent Me Caroline Boeckmann et Me Mylène Hadji, avocates de trois victimes. S’il y a une condamnation, cela enverrait un message disant aux victimes qu’elles peuvent parler, qu’il peut y avoir des procès au pénal avec condamnation des employeurs si elles sont en danger. Nos clientes ne sont plus en mer. Leur carrière a été grillée et c’était compliqué de travailler dans un environnement sexiste et d’entendre systématiquement des propos à caractère sexuel. »
Sans répondre à nos questions, Genavir communique qu’il « réaffirme son engagement ancien et absolu en matière de sécurité et de santé au travail et en particulier dans la prévention et la lutte contre les agissements sexistes, tous types de harcèlement et toutes formes de discrimination. La garantie d’un environnement de travail sûr et respectueux demeure une priorité, tant dans les bureaux que sur les bateaux ».
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