Par Gérard MORIN,
Accompagné de bataillons de CRS et de gendarmes, Emmanuel Macron est venu à Saintes (Charente-Maritime), le 4 mai, au lycée Bernard Palissy, mis en en état de siège. 1 500 personnes ont bravé l’interdiction de manifester.
C’est devenu une habitude pour les Préfets obéissant aux ordres du pouvoir : quand Emmanuel Macron se déplace ils publient la veille un arrêté délimitant une « zone interdite aux rassemblements ».
Peu importe que le droit de manifester soit un acquis fondamental de la démocratie. Malgré les recours devant la justice présentés par les organisations syndicales aucun rassemblement n’a été autorisé à moins de 300 mètres du lycée Bernard Palissy.
Cela n’a pas empêché 1 500 manifestants de se rassembler à l’appel de l’intersyndicale de l’enseignement de Charente-Maritime et des unions départementales. Des enseignants venus du département mais aussi de Bordeaux, Cognac, Angoulême rejoints par des personnels territoriaux, hospitaliers, des cheminots, des dockers de La Rochelle, sont venus crier leur colère, avec le soutien des militants de LFI, du POI, de la NUPES.
Gendarmes et CRS, lourdement équipés, étaient partout pour bloquer les manifestants : blocage de toutes les rues du quartier, patrouilles dans les jardins. Des parents venus accompagnés leurs enfants à l’école d’à côté ont eu leur voiture fouillée. Des policiers avaient même investi les toits du lycée !
A l’intérieur, tout devait être nickel pour accueillir d’abord les trois ministres (Olivier Dussopt, Pap Ndiaye, Carole Grandjean) puis le président. C’était sans compter avec les coupures d’eau et d’électricité organisées par les militants CGT de l’énergie.
Quant aux enseignants participant aux tables rondes avec leurs élèves, ils avaient obligation de préparer leurs questions et de les envoyer au préalable au rectorat chargé de les valider ! Au-dehors pendant plusieurs heures les mots d’ordre ont accompagné les casseroles : « Non à la réforme des retraites », « On continue, on n’est pas fatigué ! », « Macron démission ! ».
Ce n’est qu’après le départ du monarque qui, paraît-il, ne se déplace qu’avec un groupe électrogène que la manifestation s’est dispersée et que les voies de la ligne de chemin de fer passant tout près ont été libérées par les manifestants.
Le ministre était venu vanter sa réforme des lycées professionnels.
Et le même jour le journal Sud-Ouest écrivait : « Deux classes du lycée Valin de La Rochelle n’ont pas de cours de français depuis février et n’en auront plus jusqu’à la fin de l’année, faute de professeur remplaçant. Faute de pouvoir préparer les élèves au bac de français, l’Éducation nationale adaptera l’épreuve au niveau actuel des élèves. Pour l’oral, qui aura lieu dans l’établissement, le jury sera prié de ne pas poser de questions de grammaire et de se montrer “attentif et bienveillant quant à la situation des élèves”. Pour l’écrit, une “commission d’harmonisation” se réunira “afin de modifier éventuellement les notes obtenues”. C’est peut-être une solution, mais c’est du bricolage, estime une mère d’élève. On dit aux enfants : “Vous n’avez pas étudié le théâtre, c’est pas grave ; vous n’avez pas étudié le roman, c’est pas grave. Ça fait beaucoup de « c’est pas grave ». Et on leur dit d’aller voir des tutos sur YouTube. On ne peut pas s’en satisfaire”. »
Oui, aujourd’hui dans ce pays il y a beaucoup de choses « dont on ne peut pas se satisfaire ».
Gérard MORIN
Source: https://infos-ouvrieres.fr/2023/05/05/1-500-manifestants-pour-accueillir-macron-et-ses-ministres/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/1-500-manifestants-pour-accueillir-macron-et-ses-ministres-io-fr-5-05-23/